Violée à Koweit

hrw4

Témoignage recueilli par HRW – Koweit a été l’une des dernières zones d’Abidjan à tomber, avec des combats se terminant aux alentours du 3 mai 2011. Dans les jours et les semaines qui ont suivi, les Forces républicaines ont procédé à des fouilles maison par maison. Les hommes de groupes pro-Gbagbo semblent avoir été la cible d’exactions. Une femme de 34 ans originaire de Yopougon Koweit a décrit comment elle a été brutalement violée par un soldat des Forces républicaines le 8 mai.

Des gars en tenue militaire sont arrivés ce matin-là à 9 heures et ont dit qu’ils cherchaient des armes. Huit d’entre eux sont entrés dans ma maison. Ils ont crié : “Donnez-nous votre argent ou nous vous tuerons. C’est vous qui avez pris soin des milices ici. “ Ils ont pris 50 000 francs CFA (76 euros), mon matelas, une bouteille de gaz, tout ce qui avait de la valeur. Les gars étaient grands, c’étaient des militaires des FRCI avec des tenues propres. Un chef de file incontesté parmi eux a dit: “Vous les Bétés, les Guérés, les Attiés, c’est vous qui avez fait cette guerre. Où sont les jeunes [hommes], nous allons tous les tuer.“

Ils sont allés de maison en maison et ont pillé tout ce qui avait de la valeur. Ils sont restés pendant des heures. Lorsque les marchandises ont commencé à s’accumuler, ils m’ont forcée à charger leurs voitures, des téléviseurs, des frigos. […] Je portais un gros container de gaz de cuisine sur la tête et un autre à la main. […]J’ai chargé une camionnette pick-up, une berline, puis une autre berline, toutes bourrées des objets de valeur de chacun. Ils n’ont rien laissé.

Alors que je faisais mon septième voyage, leur chef, un homme grand, m’a attrapée et m’a tirée là où l’un de mes voisins dormait. […] Il m’a jetée sur un matelas et m’a dit d’ouvrir les jambes. Je lui ai dit : “Monsieur, s’il vous plaît, pas comme ça.“ Je l’ai supplié de me laisser partir, mais il m’a frappée et m’a dit de me taire. Il m’a prise de force, et il m’a violée. Il m’a tenue là, en me violant, pendant plus d’une heure. Il a été violent pendant tout ce temps, quand il a fini je saignais entre les jambes. Tout ce temps-là, les autres membres des FRCI étaient toujours en train de piller. Ils savaient ce qu’il faisait, ils sont passés à côté. Il était bien leur chef. Je les ai entendus l’appeler commandant Téo. Après avoir fini de me [violer], il avait sa kalache [sur lui] et il a essayé de la faire pénétrer violemment en moi. J’ai fermé les jambes et l’arme a percuté ma cuisse. […] Il a ri et a dit : “Bravo“ et il est sorti de la pièce.

Tandis que je finissais de charger leurs véhicules après avoir été violée, ils étaient toujours en train de fouiller maison après maison. Quelques maisons plus bas, ils ont trouvé un tas de jeunes hommes cachés. Alors que je faisais le va-et-vient à leurs voitures, j’ai vu que les hommes avaient été dépouillés et contraints de s’allonger sur ma rue. Je les ai comptés, ils étaient 18. Quelques-uns des membres des FRCI sont restés avec eux, en leur criant qu’ils étaient des membres des milices, ils ne faisaient pas partie des milices, ils étaient simplement des jeunes du quartier. Toutes les milices avaient déjà fuit. […]

Les soldats parlaient de ce qu’ils devaient faire des prisonniers. L’un d’eux a dit : “On n’est pas venus pour perdre du temps, nous sommes venus pour tuer“ et un autre a acquiescé : “Nous ne pouvons pas perdre de temps, nous n’avons pas de place pour les prendre, finissons le travail et partons.“ Puis ils ont ouvert le feu, les jeunes étaient couchés sur le sol, nus sauf leurs sous-vêtements. Ils les ont arrosés de tirs, les tuant tous là. Puis ils sont repartis. […]

Je ne pouvais plus rester là. Alors que je sortais de Koweit, il y avait des corps partout. J’en ai vu des dizaines. Je suis tombée sur un vieil homme et lui ai demandé si je pouvais me nettoyer dans sa maison. Peu de temps après, un autre groupe des FRCI est arrivé chez lui. L’un d’eux a dit : “Donnez-nous votre argent ou vous êtes morts.“ J’ai répondu : “Ils viennent de prendre tout ce que j’ai. Je n’ai plus rien à te donner.“ Il m’a giflée, mais il m’a laissée partir. Le vieil homme a remis son argent, et le groupe a pillé sa maison.

Ce témoignage a été recueilli par Human Rights Watch dans le cadre du rapport « Ils les ont tués comme si de rien n’était ». HRW a documenté six autres meurtres à Koweit commis par les Forces républicaines le même jour.

regardssurgbagbo.net

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook