En attendant le 11 avril A toi bien-aimé Frère d’Eburnie, Sois béni !

lazare
Lazare Koffi Koffi

Afin que tu saches et que tu te souviennes à chaque instant de ta vie, à chaque battement de ton cœur, des événements tragiques qui ont profondément balafré l’Histoire de ton beau et unique pays, la Cote d’Ivoire, à la fin du premier trimestre de l’année de grâce 2011, j’ai décidé, à titre individuel, de partager avec toi, Frère citoyen, d’où je suis, en exil, ce que je ressens au plus profond de mon être, reçu comme un testament de tous ceux, valeureux hommes et femmes, qui sont morts par milliers pour la Patrie. Ils sont morts -gloire à leurs noms- parmi lesquels de nombreux illustres anonymes de tout bord politique, de toute religion, de toute ethnie, pour avoir cru avec la force de leur âme, innocemment mais avec honnêteté en une Nation libre, une et indivisible, aux valeurs de la République, à la Démocratie et aux principes inaliénables de la Souveraineté des Etats indépendants.

Afin que leur mort ne soit pas gratuite et que leur sang versé serve aujourd’hui, demain et toujours de sève nourricière à tous nos combats inévitables pour la restauration de notre Eburnie bien-aimée, il nous faut nous remémorer et commémorer ces jours sombres qui ont vu la Nation entière basculer sous la poussée de hordes de légions étrangères dans une violence catastrophique inédite.

Oui, Frère citoyen bien-aimé d’Eburnie, souviens-toi de ces jours tristes où face à la méprise des forces internationales coalisées, nous avons perdu ce que nous avions d’essentiels, notre indépendance et l’autonomie de décision de notre peuple. Ces jours-là notre pays a été livré pour être vendu aux puissances impérialistes.
Souviens-toi surtout de cette nuit fatidique du 10 au 11 avril 2011 au cours de laquelle tu as pu assister, impuissant, à la désarticulation de notre armée, la destruction honteuse et en traitre des remparts de notre Capitale. Cette nuit-là, notre pays a vécu l’invasion des Assyriens, des Philistins et des Babyloniens de notre temps, semant à leur passage, terreur et désolation. Sous un déluge de feu du ciel provoqué par des génocidaires de l’ONU et de la France à travers la Force Licorne et des torrents de plombs chauds dans les rues exécutés par des tueurs à gage de tous horizons, Abidjan, siège des symboles de la République et citadelle de notre Histoire, a vu tour à tour s’écrouler, le camp d’Akouédo, le camp commando de Koumassi, le camp de la Garde Républicaine de Treichville, le siège de l’ATCI à Marcory-Anomabo, le Palais présidentiel au Plateau, la RTI à Cocody et la Base navale de Yopougon. Cette nuit-là, aura été la nuit de notre chute, de notre retour aux chaines, la nuit de la mort symbolique de l’indépendance de notre pays. Car, c’est cette même nuit, que les forces du mal après s’être acharnées férocement sur la résidence des Chefs d’Etat ivoiriens, au petit matin du 11 avril, sous des cris vampiriques de victoires, ont osé mettre leurs mains souillées du sang des Patriotes sur le Président élu de tous les Ivoiriens et l’ont présenté au monde comme un trophée. Ce jour-là la Nation entière a tressailli. Notre peuple a retenu son souffle. Nous avons vécu avec notre Président légitime une cruelle humiliation.

Frère citoyen d’Eburnie, n’oublie pas cette nuit et surtout la date du 11 avril 2011. J amais !

Où que tu sois, en terre éburnéenne, dans la diaspora, libre, en détention ou en exil, souviens-toi de cette date, jour de notre détresse commune et partagée.

Ce 11 avril est venu secouer nos crédulités et nous a révélé la réalité du monde et surtout les rapports de nos Etats avec la France.

Pendant 50 ans en effet, nous avons béatement cru que nous étions indépendants. Ce 11 avril est venu pour nous révéler que l’indépendance acquise par nos pères n’a été qu’une indépendance artificielle. Et les faits sont là éloquents pour en témoigner. Nous n’avons ni souveraineté intérieure ni souveraineté extérieure. Tout appartient au bon vouloir de la France qui pendant un demi siècle de rapport avec nos Etats n’a cessé d’agir comme une métropole et de regarder nos Etats comme des colonies. La France est restée pour nous le modèle à imiter, la référence et la norme dans l’éducation, la culture et les choix des cadres de notre développement. Nos langues, qualifiées de dialectes sont dépréciées au profit de celle de Molière. Nos habitudes africaines ont été corrompues et « francisées ». Notre économie est demeurée de cueillette et nos produits de vente transportés à nos frais et achetés à des prix dévalorisants qui ne tiennent pas compte de nos efforts. Et cette France adulée par nos pères, rêvée par certains d’entre nous, ce 11 avril est venu montré qu’elle, la France, est le véritable et unique obstacle à notre émancipation et à notre plein épanouissement.
Tu sais désormais, Frère citoyen d’Eburnie que :

Lorsque la France parle de Démocratie, il faut entendre pour l’Afrique le droit et le devoir pour elle de choisir des chefs non élus ou mal élus, des chefs de paille et corrompus, des chefs autocrates chargés de surveiller et entretenir leurs intérêts.

Lorsque la France parle de Développement, il faut entendre pour l’Afrique un essor mesuré qui ne corresponde pas véritablement aux besoins présents et qui compromet la satisfaction de ceux des générations africaines futures.

Lorsque la France parle de Liberté et des Droits des peuples à dispser d’eux-mêmes, il faut entendre pour l’Afrique la liberté pour les Africains de produire pour elle et pour elle seule pour sa survie et pour son rayonnement dans le monde.

Oui, la France de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité veut une Afrique soumise, une Afrique déconstruite et bon marché. Tant que les peuples africains entretiendront longtemps encore ce type de rapport de maitre et d’esclave, l’Afrique de nos rêves ne verra jamais le jour. Tout donc doit changer. Fondamentalement. Radicalement.

C’est pourquoi, Frère citoyen d’Eburnie, tu ne dois jamais oublier cette date du 11 avril. Chaque année tu dois la commémorer. La veille de ce jour-là, où que tu sois, seul ou en famille ou encore entre Frères d’Eburnie, du devras rester en éveil jusqu’au matin, après avoir jeûné en signe de mortification et d’offrande de ta personne et celle de ta famille à ton pays, et méditer dans ta langue et dans ta religion les événements tragiques vécus ce jour-là qui doit être pour toi et pour ta postérité un jour de deuil national à célébrer dans le silence de ton cœur.

Tu te souviendras dans tes méditations intérieures que c’est suite à ce jour du 11 avril 2011, que sous le règne de nouveaux pharaons, des dignes fils de notre pays, ont connu la déportation, la captivité et l’exil et nombreux sont morts en martyrs. Tu te souviendras que depuis ce jour-là tu ne vis plus en paix et que ta maison et les rues sont remplies de pleurs et de lamentations. Plus de pain, plus de liberté, terreur et désolation chaque jour.

Oui la douleur accablante nous envahit. Mais devons-nous nous abandonner au désespoir ? La peur est fille de l’échec intériorisée. Les pleurs et les lamentations sont des signes de faiblesse et de couardise. Tu dois relever la tête et la journée du 11 avril plus qu’une chute doit être pour nous tous une journée de ressourcement, véritable viatique pour la restauration de notre pays et de notre identité nationale. Il nous faut nous relever pour faire face à tous les défis dont le premier sera assurément la prise en main de notre Destin commun. Nous avons à construire notre Destin ! Nous devons forger notre Destin, lui imprimer une orientation par des actions responsables et collectives pour donner une chance à la restauration et à la survie de notre Nation.

Lève-toi donc Frère citoyen ; relève ta tête, prends courage, refuse de sombrer dans l’inaction et garde les yeux fixés sur Demain qui sera à coup sûr meilleur qu’aujourd’hui et que notre sang et notre sueur féconde la nouvelle Terre promise de la Liberté. Comme Babylone, l’Egypte des Pharaons, la Grèce d’Alexandre le Grand, Rome des César,… l’Allemagne nazi qui ont fondu dans le néant, toute force génocidaire et liberticide est condamnée à disparaitre fatalement.

Tout peut donc changer et tout va changer. Il faut y croire. Nous ne sommes pas seuls. Nous avons avec nous Dieu qui lors de ces jours noirs, nous a montré son alliance et nous a fait part de ses promesses pour libérer ce pays dont il a fait sa seconde patrie.

Le ministre Lazare KOFFI KOFFI
Ton frère citoyen.

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook