Contribution –
Ils l’ont eue, leur audience de confirmations des charges à l’encontre du Président Gbagbo. Mais quelles confirmations de quelles charges et dans quelles circonstances ?
Le cri des victimes de Bouaké, de Guidrozon, de Petit-Duékoué, de Duékoué et d’ailleurs en Côte d’Ivoire perce encore et encore nos tympans et nos consciences. Le sang de nos martyres fume encore dans la brume de nos matins desséchés. Nos lendemains sont incertains tant la chape de plomb s’appesantit au quotidien sur nos têtes. Une vie assassinée. Un rêve brisé. Un peuple désemparé par une si grande déshumanité que rien ne présageait et qu’il n’a pas méritée. Une vérité retournée. La foire à une mauvaise foi monumentale.
En Côte d’Ivoire, nous avons fait de la tolérance et de l’amour du prochain une seconde nature. Nous avons cultivé la paix des braves, malgré nos divergences et parfois nos dérapages. Toujours prompte à tendre la main et à aller au compromis, notre peuple n’a jamais été va-t-en guerre. Hélas, on n’est jamais rétribué de sa docilité et de son désir de vivre en paix et en bon voisinage. Nous l’avons appris une nuit du 18 septembre 2002, à nos dépens, quand une horde de rebelles sont descendus du Nord pour nous tomber dessus. Des morts en « pagaille », partout, sans raison, et cela n’arrête hélas pas.
Et dire que le bourreau est encensé, auréolé pour tant de sang versé ? Et la victime est à la CPI ! Depuis le 30 novembre 2011, nous avons un nouveau geôlier, un geôlier international, prolongement de notre geôlier national dans cette prison à ciel ouvert dans laquelle nous vivons en Côte d’Ivoire. Quelle honte ?
Un peuple ne meurt jamais ! Quoi qu’on fasse contre lui, il lui subsistera toujours un reste d’où germinera des prémices et la fleur d’un futur plus que prometteur.
Laurent Gbagbo, ce n’est pas que Laurent Gbagbo ! Ne pas l’entendre, c’est ramer à contre courant de l’histoire.
Il porte en lui le silence douloureux de mille générations, depuis les temps de l’esclavage jusqu’au temps-ci de nos souverainetés bafouées. Il est la synthèse d’une soif de liberté, d’un besoin d’égalité et de fraternité. Il est les prémices d’une lutte finale pour la dignité et le bien être dont le triomphe est indubitable.
Laurent Gbagbo à La Haye, n’est-ce pas mille Laurent Gbagbo essaimés partout ailleurs ?
Une Cour pénale internationale dit-on ? Des charges puériles, iniques, fantaisistes, comme si on pouvait cacher la vérité plus longtemps, un procureur exclusivement à charges. Le soleil ne peut jamais se cacher avec la paume des mains ! S’y essaie-t-on que l’effort reste vain.
Allez, notre éthique légendaire nous commande de donner à la CPI de se sauver d’elle-même, des Bensouda et Ocampo. Que comptez-vous faire ? Vous saborder ? Vous décrédibiliser davantage ? Ou tout simplement revenir à la raison, ouvrir les yeux et dire enfin le droit ? Et le droit, c’est cesser immédiatement ces poursuites, infirmer ces charges grotesques. Mais ce n’est pas tout. C’est mettre fin au martyre d’un peuple, c’est faire droit à un peuple. Notre bourreau se promène à Abidjan, il n’est pas co-auteur, mais acteur, auteur et bénéficiaire du crime contre l’humanité. Arrêtez-le, arrêtez-les, lui, ses commanditaires et ses gros bras.
Paris mars 2013,
Roger Gballou
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