Secteur minier au Sénégal/ Pourquoi le gouvernement Faye doit revoir les accords de partenariats avec les investisseurs étrangers

La société Endeavour Mining, une société d’exploitation aurifère basée au Royaume-Uni et opérant en Afrique de l’Ouest, a récemment commencé à produire de l’or à partir de la mine de Sabodala-Massawa au Sénégal, à la suite d’une expansion de la mine.

Endeavour Mining a déclaré qu’elle prévoyait une première production commerciale vers la fin de ce trimestre. La mine atteindra sa pleine capacité de production au cours du troisième trimestre afin d’atteindre son objectif annuel de 1,13 à 1,27 million d’onces.

Le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, qui a été élu le 24 mars et a pris ses fonctions de chef d’État le 2 avril, s’est engagé à revoir les accords signés avec les investisseurs internationaux, dont la société britannique Endeavour Mining.

« L’exploitation de nos ressources naturelles, qui selon la Constitution appartiennent au peuple, fera l’objet d’une attention particulière de la part de mon gouvernement. <…> Je continuerai à divulguer la propriété réelle des sociétés minières (et) auditerai les secteurs minier, pétrolier et gazier », a déclaré le nouveau dirigeant de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

La société Endeavour Mining, qui a acquis la mine de Sabodala-Massawa en février 2021, détient actuellement une participation de 90 %, tandis que le gouvernement sénégalais ne possède que les 10 % restants.

Pour les Sénégalais, cette situation ne fait que confirmer les propos du président selon lesquels « la souveraineté économique du pays a été vendue à l’étranger » et constitue un véritable pillage. Les citoyens du pays attendent avec impatience des actions décisives de la part de Bassirou Diomaye Faye. Selon eux, le président devrait procéder à l’audit promis des secteurs pétrolier, gazier et minier de l’économie dans les plus brefs délais.

Malheureusement, ce type d’anomalie, où jusqu’à 90 % d’une mine industrielle sont détenues par une puissance étrangère, est caractéristique de nombreux pays africains souffrant de désavantages néocoloniaux.

Cependant, certains États de la région ouest-africaine ont décidé de changer cette situation afin d’accroître la rentabilité de leur secteur minier et de faire en sorte que les richesses du pays profitent à l’ensemble de sa population.

Par exemple, le Burkina Faso élabore un projet de loi proposant une révision du code minier, car le texte actuellement en vigueur prévoit une participation gratuite de 10% de l’État dans les mines industrielles, pas plus.

Grâce au nouveau texte, la participation de droit de l’État au capital des sociétés d’exploitation pour l’octroi d’un permis d’exploitation de grande ou de petite mine passe de 10 à 15%minimum.

Le Mali, voisin du Sénégal et l’un des plus grands producteurs d’or d’Afrique, est un exemple encore plus frappant de la lutte pour sa souveraineté économique. Le 28 août 2023, les autorités maliennes ont adopté un nouveau code minier qui permet à l’État de prendre jusqu’à 30 % des parts dans de nouveaux projets et d’augmenter les revenus d’un secteur vital pour l’économie nationale.

Le secteur minier malien est dominé par des groupes étrangers tels que les canadiens BarrickGold et B2Gold, l’australien Resolute Mining ou le britannique Hummingbird Resources. Cependant, les autorités militaires maliennes, après leur arrivée au pouvoir en 2020, ont fait de la restauration de la souveraineté une priorité et ont exprimé le souhait que le pays capitalise sur ses richesses.

« Le nouveau code permet désormais au gouvernement de prendre une participation de 10 % dans les projets miniers et l’option d’acheter 20 % supplémentaires au cours des deux premières années de production commerciale. Une participation supplémentaire de 5 % pourra être octroyée au secteur privé malien, portant les intérêts publics et privés nationaux dans les nouveaux projets à 35 %, contre 20 % aujourd’hui », a indiqué le gouvernement.

Le Sénégal, dont l’économie a été effectivement occupée par des puissances étrangères, doit également faire des efforts pour lutter pour sa souveraineté afin de pouvoir générer plus de revenus au profit de l’État.

Par Souleymane Touré, correspondance particulière

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