Franc cfa: Quelles conséquences pour l’Alliance des États du Sahel ? (léger et partisan comme analyse ?)

L’un des objectifs politiques affichés par l’AES est de retrouver une souveraineté monétaire. Ces trois États – Mali, Niger, Burkina Faso – veulent créer leur propre monnaie et abandonner le franc CFA, adossé au cours de l’euro, imprimé en France et perçu comme un vestige de la colonisation française. Mais qu’impliquerait la sortie du franc CFA ? Dans un article conjoint, deux experts, François Giovalucchi de l’université catholique de Madagascar, et Marc Raffinot, de l’université Paris-Dauphine, rappellent que ces États devraient sortir de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.

Préalable juridique à la création d’une nouvelle monnaie : la sortie de l’UEMOA. Or cette union économique et monétaire prévoit des facilités pour la mobilité de travailleurs et des marchandises. Elle est également pourvoyeuse de liquidités pour les États. « Ce que l’on constate, c’est qu’à la fin de 2023, les pays de l’AES manquent beaucoup de devises, note François Giovalucchi, ancien chef du service Afrique centrale du Trésor français, actuel membre du conseil scientifique de l’université catholique de Madagascar. Ces pays puisent donc dans le pot commun de la BCEAO, ils bénéficient de la solidarité des autres pays. »

Fin des liquidités de la BCEAO

Coupés des liquidités de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, l’AES se priverait aussi de la possibilité d’emprunter sur le marché régional. « Un des avantages, un des succès de l’UEMOA, c’est que les pays se prêtent de l’argent entre eux, souligne François Giovalucchi. Par exemple, le Mali, le Niger ou le Burkina Faso émettent des titres d’État qui sont achetés par des banques essentiellement d’autres pays, par exemple de la Côte d’Ivoire. Ce qui leur permet d’avoir de l’argent qui n’est pas trop cher, avec des taux pas trop élevés, en tout cas beaucoup moins élevés que les taux des euros-marchés. Donc les pays perdraient l’avantage d’avoir accès à ces financements régionaux et devraient trouver d’autres financements, notamment internationaux, et la conjoncture ne me semble pas favorable. »

La création par ailleurs d’une monnaie propre à l’AES, une monnaie peu attractive, risque de créer l’inverse de l’effet voulu, c’est-à-dire conduire à ce que les chercheurs appellent la « CFAïsation ».

Le franc CFA pourrait sortir renforcé

« C’est le paradoxe qu’on a souligné dans notre papier, c’est que finalement la création d’une nouvelle monnaie risque de renforcer le franc CFA !, souligne Marc Raffinot, maître de conférence à l’Université Paris-Dauphine. Parce que tous ceux qui font du commerce entre le Mali, la Côte d’Ivoire seront intéressés à garder une monnaie forte stable pour conserver leur épargne ou conserver des actifs de sécurité. Et donc ils se retournent à ce moment-là vers le franc CFA. C’est ce qui se passe actuellement avec le Nigeria, le Ghana, qui sont attirés par le franc CFA parce que leur monnaie est une monnaie fondante. »

Ces besoins de devises pourraient être partiellement comblés par l’augmentation à venir de la production du pétrole du Niger et par la taxation du secteur aurifère.

À condition, préviennent les auteurs, de ne pas le mettre trop rudement à contribution.

RFI

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1 réflexion au sujet de « Franc cfa: Quelles conséquences pour l’Alliance des États du Sahel ? (léger et partisan comme analyse ?) »

  1. Le FCFA “imprimé” en France ?! Et puis après ? Ah, les panafricons. Est-ce une maladie le panafriconisme ? Violente question. Imprimer une monnaie fiable et sécurisée nécessite des technologies de pointe. Sinon, votre monnaie présentera même un danger pour vous-mêmes et votre économie. En Afrique, la plupart des pays qui paraît-il ont leur propre monnaie les font imprimer ailleurs, en l’occurrence en Europe. À peine deux ou trois pays Africains sur 54 ont la technologie nécessaire pour imprimer leur propre monnaie.

    Rions un peu ! Donc, les pays souverains de l’AES vont imprimer leur monnaie fictive où ? À Moscou ou peut-être à l’imprimerie Assimi Printing de Bamako ou à IB cacao Printing de Bobo Dioulasso utilisant des photocopieuses ? Riressssss… Que des plaisantins !

    Pour ceux et celles qui n’ont pas encore compris, retenez que le fantasme de monnaie AES est mort et enterré. Oui, ils y ont pensé dans l’euphorie émotionnelle de leur retrait de la CEDEAO mais ils ont compris bien vite que ce serait suicidaire au plus au haut point. Se retirer de la CEDEAO c’est juste politique et c’est une chose. Se retirer de l’UEMOA, c’est tout autre chose. C’est éminennement technique et scientifique. Une monnaie ne se crée pas du jour au lendemain. Si c’était ainsi le minablissime Koudou et sa galaxie de “chiens excités” (dixit Bacongo) l’aurait fait pendant 10 ans de leur régime sanguinaire. Et quand on entend aujourd’hui des pseudo économistes et intellectuels (militants PPA-CI encagoulés dans leur ignorance, comme ce rigolo d’un certain ignorant Prao d’un certain cercle de démocrates (?!?)), supporter ces fantasmes on en rit.

    Pour ceux qui ne le savent pas encore, les petites économies de l’AES ne survivent aujourd’hui ou n’ont survécu depuis que grâce au FCFA et l’espace UEMOA et la BCEAO qui les aident à payer leur balance commerciale bien déficitaire et emprunter à taux bas pour financer tout leurs achats d’armes à la Russie qui se frotte les mains, et aussi faire tourner leurs économies.

    En effet, l’hérésie de la monnaie fictive AES, c’est mort. La preuve, le 26 Avril dernier, le Niger a emprunté plus de 400 milliards sur le marché de l’UEMOA pour financer son budget de fonctionnement. Et ce fut possible grâce au FCFA. Pensez-vous que des pays qui maudissent le FCFA le jour et pensent l’abandonner vont courir pour en emprunter davantage pour survivre dans leur économie de pauvre ? Ils ont compris la réalité. Ça c’est la RealEconomik.

    Juste un observateur de passage…

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