Côte-d’Ivoire: Le secteur du transport attend des gestes de l’État

Emmanuel de Kouassi | Connectionivoirienne

Les activités économiques ont été impactées ces dernières années dans la région de l’Iffou et particulièrement dans la ville de Daoukro qui a été l’épicentre des violences liées aux élections présidentielles. Opérateurs économiques et structures en charge du développement local attendent des actes forts et concrets de la part du gouvernement.

Ky François est le secrétaire général de la mutuelle des chauffeurs de l’Iffou. Dans cet entretien, il parle des difficultés rencontrées, de la crise sanitaire liée à la covid-19, de la baisse des activités depuis le divorce entre les présidents Bédié et Ouattara au sein du Rhdp et lance un appel aux populations pour un retour à la normalité.

D’où est partie l’idée de création de votre mutuelle ?
Ky François : Je suis Mr Ky François, SG de la MUGECI (Mutuelle Générale des Chauffeurs de l’Iffou).
Ayant constaté le désordre et le manque de professionnalisme dans le secteur des transports de l’Iffou, nous avons décidé de mettre en place cette organisation. C’est un outil de développement et une sorte de trait d’union entre tous les acteurs du transport au plan régional. La MUGECI est une organisation régionale des transporteurs en général mais des chauffeurs en particulier qui a vu le jour en 2014. La MUGECI s’est donnée pour objectif de redorer l’image du transport afin de sortir de l’informel en tablant sur 4 objectifs : la formation ; l’encadrement ; l’alphabétisation et la culture de la solidarité en milieu transport. Pour atteindre ses de objectifs, la MUGECI a entrepris la construction de son siège sur fond propre, mais les contraintes financières nous ont fait arrêter les travaux pour le moment.
Comment votre secteur vit cette crise sanitaire liée au covid-19?
Ky François : Le transport est l’un des secteurs les plus impactés par le covid-19. En effet, cette maladie a effondré notre économie totalement. Pendant près de 4 mois consécutifs aucune entrée financière n’était possible. Beaucoup de chauffeurs se sont retrouvés au chômage forcé au point où beaucoup d’enfants de chauffeurs n’ont pas pu aller à l’école faute de moyens. On a des véhicules qui faisaient l’international (Burkina, Mali Ghana…), qui sont garés à cause des frontières fermées. Vraiment cette maladie nous a fait beaucoup du mal. A cela il faut ajouter la crise électorale qui ne nous a pas fait cadeau aussi. Nombreux seront les transporteurs qui ne pourront pas mettre leurs pièces à jour cette année.
Et pourtant l’État a pris des mesures d’accompagnement. N’avez-vous pas reçu de l’aide de l’État ?
Ky François : L’état nous avait promis un soutien, mais malheureusement nous n’avons rien reçu d’officiels sauf quelques individus seulement qui ont reçu 300 milles. Il paraîtrait que ce soutien n’était destiné qu’aux entreprises de transport, or notre secteur est en majorité constitué de transporteurs particuliers. Le Haut conseil s’était engagé à plaider notre cause, mais hélas jusque-là rien ne pointe à l’horizon. C’est le lieu d’interpeller nos autorités afin qu’elles puissent entendre nos voix. Nous avons besoin d’être accompagnés pour mieux assainir notre secteur. Notre secteur est sinistré.
Quels sont vos projets à court et long terme ?
Ky François : Nous procédons actuellement à la création d’ une base données de tous les transporteurs et chauffeurs de l’Iffou pour dans un premier temps recenser les vrais acteurs du secteur du transport dans notre région et ensuite les former pour une plus grande compétitivité sur le marché de l’emploi des chauffeurs et surtout pour la gestion d’entreprise de transport.
Nous avons aussi en projet la construction d’un centre de Formation, d’encadrement et d’alphabétisation des acteurs du transport, la mise en place d’un prix d’excellence en milieu transport, la création d’une caisse de solidarité qui sera une chaine entre tous les acteurs du transport de l’Iffou afin de leur permettre de remonter la pente en cas de crises telle que celles que nous avons vécu avec le covid 19 et la crise électorale. Et enfin créer une entreprise de transport émergente régionale pour le bonheur de nos populations.
Comment votre secteur a-t-il vécu le divorce entre le président Ouattara et son aîné Bédié quand on sait que votre ville Daoukro était devenue une destination prisée?
Ky François : Le divorce entre les présidents Bédié et Ouattara au sein du Rhdp ne nous a vraiment pas arrangé. Depuis leur divorce, le transport a basculé négativement. Nous savons ce que nous gagnions lors des différentes activités comme « l’appel de Daoukro » et autres activités. La MUGECI voudrait interpeler nos hommes politiques à œuvrer dans le sens de la paix ce qui serait d’un grand intérêt non seulement pour les transporteurs mais aussi pour le bonheur de toute la population Ivoirienne. Sans paix aucun développement n’est possible.
Quel est votre message aux acteurs de votre secteur et à la population de Daoukro ?
Ky François : Je voudrais appeler tous les chauffeurs et propriétaires de véhicules de transport à adhérer à la MUGECI car l’Union fait la force. Je voudrais solliciter auprès de l’État la décentralisation des fonds alloués au soutien des transporteurs et chauffeurs car les vrais impactés n’en bénéficient pas réellement. Pour les activités et l’aboutissement des projets de la MUGECI, je voudrais lancer un appel à toute personne de bonne volonté, de nous venir en aide pour terminer les travaux de notre notre siège qui va nous servir comme cadre pour la formation des chauffeurs. A la population de Daoukro, je voudrais l’inviter à investir dans le transport dans l’Iffou car des professionnels sont là pour la gestion de leurs investissements.

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