Libération de Simone et Gbagbo en 1992, éclairage public des villages…Les cadres du Pdci font des révélations sur la gouvernance Houphouët

Par Connectionivoirienne

Le comité des sages du Pdci a initié un rendez-vous périodique dénommé les ‘’Mercredis du Pdci’’ pour former, informer et échanger des informations dans le cadre de la redynamisation du parti après sa rupture d’avec le Rdr.

Ce rendez-vous était à sa deuxième session mercredi 19 juin 2019, à la Maison du parti à Cocody. L’ancien ministre de l’Intérieur Emile Constant Bombet était en selle avec une conférence sur le thème de l’houphouëtisme. Le septuagénaire, par sa maitrise du verbe, a démontré qu’il était encore une source inépuisable pour les jeunes générations du parti dirigé par Konan Bédié. Il a présenté Houphouët-Boigny sous toutes ses facettes, un homme multidimensionnel, l’homme de la pensée sociale. En guise de conclusion, M. Bombet qui dit n’avoir pas mis pieds dans son village ces dix dernières années a indiqué à ses militants la marche à suivre dans la reconquête du pouvoir. « Qui peut ramener cette fraternité, cette cohésion en Côte d’Ivoire ? C’est le Pdci. Allons partout sur le territoire et prônons la paix et la fraternité. Le Pdci n’a pas besoin de faire le procès des autres. Il doit se retrouver et non détruire ce qu’il a bâti. Allons dans tous les villages et expliquons les valeurs de la paix. Pensons à nos enfants de demain. Le chômage est endémique. Que faire pour recréer le travail ? Le militant du Pdci doit être l’exemple et tout l’exemple, évitons la polémique. Renforçons notre démarche. (…) C’est l’unité qui doit être notre force », a-t-il exhorté.

Bien avant cette étape, des cadres du parti, membres du bureau politique et anciens ministres ont fait des contributions sous forme de témoignages, de souvenirs. Emile Constant Bombet, lui-même sera le premier à faire une révélation de taille sur l’affaire Gbagbo, l’opposant arrêté lors des événements du 18 février 1992 en compagnie de son épouse Simone.

Selon M. Bombet, Houphouët qui voulait prendre une décision sur cette situation a réuni les cadres du Pdci et ses hommes de confiance du gouvernement. ‘’Dites-moi, qu’est-ce que je dois faire ?’’, a interrogé Houphouët au cours de cette réunion. Pour être plus à l’aise, Bombet dit avoir eu recours aux préfets qui étaient sous ses ordres pour recueillir leur avis. L’un des préfets, M. Béhibro a pris la parole devant Houphouêt et développé des arguments en faveur de la libération du couple Gbagbo. A la fin de son discours, Houphouët a tapé du poing sur la table, selon l’orateur. ‘’Vous êtes ma honte ! Voici des gens qui ont mal fait et vous me demandez de les libérer !’’, aurait grogné le vieux. ‘’Quand je l’ai raccompagné après à son bureau, il m’a dit Bombet, tu m’as honni avec tes préfets. Je lui ai répondu, président j’ai eu tort de vous dire tôt ce que vous devez faire au final. C’est mon rôle. Je vous dois la vérité’’, relate Bombet indiquant que quelques jours plus tard Houphouët a pris une loi d’amnistie pour libérer Gbagbo et ses compagnons. Pour dire qu’aussi puissant était le président Houphouët, il écoutait ses collaborateurs et était d’une humilité sans pareil.

Quant à l’ancien ministre Kouassi Akon, il raconte qu’il était cadre à l’EECI, l’ancêtre de la CIE. A l’époque dit-il, quand on électrifiait un village cela donnait lieu à une grande fête populaire car c’était rare et coûteux. Ainsi des villages qui avaient reçu l’éclairage public ont aussitôt été délestés car les villageois n’arrivaient pas à honorer le paiement de la facture induite. L’information parvient aux oreilles d’Houphouët qui pour ce faire a reçu un chef de village à son bureau, lequel a déploré la coupure du courant aussitôt les lampadaires alimentés. Houphouët convoque le directeur général de l’EECI et lui remonte les bretelles en ces termes : ‘’Qui paie l’éclairage public en ville où des voyous se promènent sous la lumière alors que les paysans qui produisent sont dans l’obscurité. Va me rétablir le courant !’’. C’est depuis ce temps que les autorités ont pris des mesures pour que l’éclairage public ne soit plus payé par les villageois, selon M. Akon. Il montrait ainsi une autre facette d’Houphouët qui avait ses propres canaux d’information au-delà des canaux officiels, un homme toujours bien informé et au parfum de ce qui se passe dans les confins du pays.

C’est pourquoi dans les leçons qu’il tire, l’ancien ministre a dit que l’houphouëtisme ne saurait être une idéologie falsifiable car sous nos yeux, martèle-t-il, des gens qui ne veulent rien partager, qui ne pensent qu’à eux seuls, qui gardent leurs tabourets pour eux-mêmes se proclament houphouëtistes.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

Commentaires Facebook