Sortie de livre sur la Fesci Côte-d’Ivoire: Abdon Tawa (ex fesciste et auteur): «Soro peut prendre le pouvoir mais…»

blank

 

‘’La nouvelle génération doit se remettre en cause’’

Par Connectionivoirienne

‘’Pourquoi la génération Fesci doit prendre le pouvoir d’Etat, la Côte d’Ivoire à la recherche d’un leadership nouveau’’ est un essai sur la vie du plus puissant syndicat estudiantin, la Fesci. Il est l’œuvre de l’ancien militant de la Fesci, Abdon Tawa diplômé de sciences économiques et aujourd’hui, Chargé des marchés au Conseil régional du Haut Sassandra (Daloa). Le livre est le résultat d’une longue enquête sur les leaders et animateurs du mouvement qui aura eu maille à partir avec l’ancien parti unique, le Pdci-Rda. Des regrets mais aussi des espoirs déçus, des perspectives heureuses… c’est de tout cela qu’il est question. En marge de la dédicace du livre qui a eu lieu le samedi 7 juillet 2018, il a bien voulu accorder cette interview à connectionivoirienne.

Selon vous M. Tawa, pourquoi la génération Fesci doit prendre le pouvoir d’état comme l’indique le titre de votre essai ?

Parce que, cette génération, c’est son temps qui est arrivé, naturellement. La Fesci a 28 ans et ses dirigeants ont au moins 40 ans ou 50 ans. Donc quelqu’un qui a cet âge et qui s’est frotté à la lutte syndicale, qui a été opprimé, qui a été au fait de tout ce qui est politique et revendication dans son pays, peut aisément diriger parce qu’il est arrivé à maturité à cet âge dont je parlais au début.

La génération Fesci n’est-elle pas déjà au pouvoir au regard de la vie politique nationale où d’anciens dirigeants et militants de la Fesci occupent des rangs non négligeables dans les partis politiques ou au sommet de l’Etat ? Quel pouvoir la Fesci doit-elle encore prendre ?

Le pouvoir dont je parle, si on lit bien dans l’ouvrage, c’est une révolution. J’invite tous ceux qui ont au moins trente quarante voire cinquante ans à prendre le pouvoir par le travail. De se rendre incontournable dans leur vie. C’est-à-dire que si tu es un homme d’affaires, tu es incontournable et utile à ton pays, tu as pris le pouvoir. Tous ceux qui ont été témoins de l’évolution politique et syndicale du pays ces dernières années et qui, dans leurs différents secteurs d’activité s’imposent, oui, ils ont pris le pouvoir. Il s’agit donc de se rendre utile dans son secteur d’activité ou dans sa région. Il ne s’agit donc pas du pouvoir politique à proprement parler. Tous ceux qui ont été de la génération Fesci peuvent prendre ce pouvoir sans forcément répondre à cet appel que je lance.

Mais c’est bien écrit ‘’Pouvoir d’Etat’’ !

Oui mais le pouvoir d’Etat dont je parle, pour qu’il ait un impact sur la population, il faut que cela soit préparé. Cela passe par toutes les régions, tous les secteurs et de façon démocratique afin que lorsque celui-ci ou celui-là arrive à la tête, que cette tête impacte et qu’on ne dise pas comme on le dit chez nous ici ‘’le chef d’Etat est bon mais c’est son entourage qui est mauvais’’. Or si l’entourage est mauvais c’est parce que lui-même est mauvais. Donc celui qui est à la tête doit pouvoir impacter tous ceux qui sont avec lui afin qu’ils aient tous une influence positive au sein de la population. Dans cette vision-là, il faut que cette génération occupe toutes les régions et tous les secteurs et que là où quelqu’un a une parcelle de pouvoir, il puisse le mettre à la disposition de son pays. De sorte que chacun de nous soit décolonisé mentalement et que la révolution par le travail soit un véritable pouvoir.

On pourrait se demander au regard du timing de la sortie de votre œuvre si celle-ci n’est pas en rapport avec l’agenda de l’un des vôtres en l’occurrence Soro Guillaume qui aspire à diriger le pays en 2020. Est-ce vraiment cela qui vous a inspiré pour sortir ce livre ?

J’ai commencé à écrire depuis 2007. Je devais faire des enquêtes et elles ont été longues, fastidieuses, c’est pour cela que le livre sort maintenant. Ça peut être une coïncidence. Et puis Soro a fait ses classes, c’est un membre de cette génération Fesci, il peut prendre le pouvoir. Mais ce n’est pas de ce pouvoir que je parle. Il faut que cela soit préparé pour que tous ceux qui ont été de cette génération de 90 soient des responsables où qu’ils soient.

Il y a de petits secrets sur les différents leaders et animateurs de la Fesci que vous révélez dans votre livre. En quoi était-ce nécessaire ?

C’est nécessaire pour que les uns et les autres prennent conscience. Parce qu’il n’y a que celui qui ne pose pas d’actes qui ne se trompe pas. Alors on peut se tromper mais il faut se souvenir qu’au moment où l’on posait l’acte, il y avait une victime et un bourreau. Puisque les deux, victime et bourreau, ne jugent pas l’acte de la même manière, alors il est important que les uns et les autres se remettent en cause. Il n’y a qu’en regardant ce que nous avons fait dans le passé que nous pouvons nous remettre en cause et changer de voie aujourd’hui. Respecter l’être humain, respecter les droits et devoirs des uns et des autres, sont des valeurs à cultiver.

Vous appelez à la repentance des fescistes mais le syndicat continue d’exister et de poser des actes répréhensibles, son image est même galvaudée dans une certaine opinion. Comment allez-vous y prendre pour réhabiliter dans l’opinion cette Fesci à la base de plusieurs dérives ?

Voir et écrire aujourd’hui amèneront à mon avis la nouvelle génération à se remettre en cause. Ils peuvent se dire, si ce que nos devanciers ont posé comme actes est dénoncé aujourd’hui, ce que nous faisons à notre temps pourra aussi être dénoncé dans le futur. Mieux j’ai lancé un appel aux anciens afin qu’ils encadrent idéologiquement ceux qui sont en fonction aujourd’hui. Ceux qui sont en fonction, l’ouvrage devient une référence pour eux comme pour leur dire qu’il y a des pas qu’ils ne doivent pas franchir, des actes qu’ils ne doivent pas poser. Voyez-vous que nous dénonçons les mauvais actes que nous avions posés hier. Je pense qu’à travers ce livre, les nouvelles générations pourront aller dans la bonne direction.

Par S. Debailly à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

Commentaires Facebook