Bisbilles au sein de la coalition au pouvoir en Côte-d’Ivoire: Ouattara peut-il gouverner sans Bédié et Soro ?

Par Connectionivoirienne

Et revoici la crise politique. Mercredi, sans surprise pour les observateurs de la vie politique en Côte d’Ivoire, le premier gouvernement Gon a été dissout par le chef de l’Etat qui dans la foulée a reconduit le même Amadou Gon pour former une nouvelle équipe, le gouvernement Gon 2.
Cette dissolution intervient sur fond de crise entre les alliés d’hier qui presque huit ans durant, ont filé le parfait amour. Aujourd’hui, les fils se sont distendus et la lune de miel a tourné au vinaigre.

Entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, plus rien ne va. Les deux dinosaures de la coalition sont opposés, profondément divisés sur l’orientation à donner à leur coalition à deux ans de la présidentielle de 2020. Jusqu’au bout, le locataire du palais du Plateau aura manœuvré pour faire admettre à Henri Konan Bédié sa vision du monde. Passer maintenant au parti unifié là où Bédié réclame l’alternance en faveur du Pdci.

Et ce qui devait arriver arriva.

Alassane Ouattara qui n’en pouvait plus de l’intransigeance de celui qu’il appelait son aîné a décidé de passer à la vitesse supérieure avec une dissolution fracassante du gouvernement. Premier objectif, se débarrasser des proches de Bédié et contraindre les autres cadres du Pdci à s’autodéterminer. Et comme il fallait s’y attendre également, les lignes de la discorde ont commencé à bouger au Pdci. Mardi, un groupe de cadres formés de ministres, d’ambassadeurs et d’élus Pdci, ont lancé un mouvement politique considéré comme un courant interne au Pdci : « Sur les traces d’Houphouët-Boigny ». Ce « groupuscule » conduit par le ministre [de longue date] Kobénan Kouassi Adjoumani, a affiché ses ambitions: réussir au sein du Pdci, ce qu’Alassane Ouattara lui-même n’a pas réussi face à Bédié.

Casser du Pdci mais à quel prix ?

Un nouveau gouvernement est annoncé et les tractations vont bon train. Alassane Ouattara, mu par la volonté de casser du Pdci accentue la pression en vue de mobiliser le plus de cadres du vieux parti et les pousser jusqu’à une rupture d’avec leur parti pour se fondre dans le Rhdp tel qu’il l’a pensé et conçu.

Mais à malin, malin et demi.

Henri Konan Bédié qui joue la carte de la fermeté est prêt lui aussi à une clarification du jeu, laissant penser que nul au Pdci n’est indispensable. Il ne veut plus tolérer l’indiscipline et manie en ce moment le bâton après avoir manipulé la carotte pour frapper tous ceux qui, attirés par l’appât du gain, veulent liquider un patrimoine politique vieux de huit décennies. La première sanction est tombée ces dernières 24 heures: la radiation de toutes les instances du parti de N’guessan Jérôme jusque-là membre du bureau politique et proche d’Adjoumani Kobénan, l’icône du délitement du Pdci.

Le chemin est aussi important que le but à atteindre

Mais en politique comme partout ailleurs, ‘’le chemin est aussi important que le but à atteindre’’, nous dit Paulo Coelho dans l’Alchimiste. Ouattara emprunte-t-il le bon chemin pour parvenir à ses fins ? Comment comprendre qu’il veuille se couper de Bédié son complice majeur de ces 15 dernières années, celui-là même qui l’a fait roi ?

Pour sûr, cette situation agaçante dans laquelle il semble que tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins, réveille bien de souvenirs que l’on croyait engloutis. La mésentente Ouattara/Bédié sur fond de lutte pour le pouvoir qui a produit le coup d’état de 1999 vient à l’esprit. Cette nouvelle guéguerre qui oppose les mêmes acteurs qui ont simplement changé de position inquiète au plus haut la communauté internationale, l’Union européenne en particulier dont un rapport accablant le régime circule en ce moment dans la presse.

On comprend à partir de là pourquoi le Rdr qui tire les ficelles et à qui profite une dislocation du Pdci, avait axé sa communication pour l’adoption de la constitution de 2016, la création du parti unifié et les élections sénatoriales sur le slogan de la préservation de la paix et de la stabilité. Aujourd’hui, cet axe de communication révèle ses non-dits de l’époque à savoir ‘’ou bien le Pdci se soumet et les choses se calment ou bien il décide d’affronter Ouattara et les choses se gâtent’’. Nous sommes en plein dans ce plan, à l’observation des faits.

Sauf que cette fois, il y a ce que le Rdr n’a pas prévu dans ses prévisions. Comment ce parti pourrait-il s’aliéner son principal allié au moment où le camp Soro [les ailes militaire et politique] se dresse lui aussi contre lui, au moment où plusieurs de ses propres militants ont perdu tout espoir, déçus qu’ils sont de leur formation politique et de ses cadres, et espérer renverser la tendance en sa faveur ?

Difficile équation. À mesure que la situation évolue, il n’est pas exclu que tous les frustrés politiques et sociaux se coalisent et animent un front anti-Ouattara, y compris les deux tendances du parti de Laurent Gbagbo, le Front Populaire Ivoirien
Le pouvoir de Ouattara pourra-il résister a un grand front anti Ouattara, composes des pro-Gbagbo, du PDCI de Bédié et de Soro et ses ex-rebelles ?

La récente visite de Soro Brahima de l’Upci à Henri Konan Bédié à Daoukro jeudi, et les contacts permanents entre les pro-Gbagbo et Bédié, entre Soro et Bédié en sont le signe annonciateur.

Ouattara court tout simplement le risque d’un isolement sans précédent et à l’idée même d’un tel scénario, il faut craindre une radicalisation de son régime avec les risques d’instabilité.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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5 réflexions au sujet de “Bisbilles au sein de la coalition au pouvoir en Côte-d’Ivoire: Ouattara peut-il gouverner sans Bédié et Soro ?”

  1. « A mesure que la situation évolue, il n’est pas exclu que tous les frustrés politiques et sociaux se coalisent et animent un front anti-Ouattara. »

    et

    « Ouattara court le risque d’un isolement sans précédent et à l’idée même d’un tel scénario, il faut craindre une radicalisation de son régime et bonjour l’instabilité. »

    Et voila l’affaire là !!

    Tout est dit !!

    La réconciliation n’était pas une faute mais une nécessité !! Je l’ai tourjours dit et quand je militais pour que cette réalité soit, on m’a traité de faible, même dasn ma propre faction !!

    OUATTARA a voulu en faire l’économie et jouer sur les tous les tableaux. Résultat des courses : isolement, radicalisation et rejet (et mêmes nos frères maliens et Burkinabé ont pris de la distance avec le RDR !! C’est tout dire. Quant à SORO, si vous écoutez ses discours actuels, vous ne le reconnaitrez point ! Il parle de paix, de réconciliation, de camaraderie et d’avenir prospère !! Tchr…) !!

    Que les cafards de BOUAKE prennent donc leur armes et nous fassent un peu de musique !!

    On s’ennuie là !!

    GBAGBO LAURENT.

  2. Ouattara a un Phd je crois. Il a aussi vécu et étudié aux USA..

    Alors pourquoi se comporte t-il comme un roi indigène ?

  3. Non, plutôt comme un burkinabé qui vit en ingérence en Cote d’Ivoire !!!

    Dans le pire des cas, il se retirera comme FUJIMORI vers MOUGINS ou OUAGA (si on le laisse, et avec dans ses bagages COMPAORE qui a commencé à paniquer) !!

    GBAGBO LAURENT

  4. Krrrr krrrr krrrr…

    Et il se trouve seulement 300 microbes ivoiriens authentiques pour aller pleurnicher et quémander un peu de démocratie auprès du burkinabé qui vit en ingérence en Cote d’Ivoire dans le fauteuil présidentiel abandonné par le multiseculaire Gbagbo de souche maraka. N’est-ce formidable ce pays ???

    Krrrr krrrr krrrr…

    CANCRE (en majuscule svp)

    té ande

  5. Oui, les seules 300 personnes qui ont eu le même courage que celles qui ont mené combat avec Leonidas contre les perses !!

    Une scène d’anthologie et épique, qui est l’illustration même du courage fait homme !!

    Mais pour que le poussiéreux sache de quoi je parle, il lui faudra un minimum de culture. On sait que ce n’est pas son fort, l’histoire !!

    This is Sparta !!

    GBAGBO LAURENT.

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