Déchets toxiques en Côte-d’Ivoire: 3 ans après sa plainte le général Tibé Bi Balou parle enfin

-“Les méthodes dilatoires des avocats de Trafigura et Puma ont fini par agacer la présidente de la Première chambre de la Cour d’Appel”

Les avocats de Trafigura (Me Karim FAdika) et Puma (Me Samassi) étaient censés répondre aux dernières écritures du général Tibé Bi Balou Jean-Christophe, à l’audience du 2 juin 2017. Malheureusement, ils (avocats) n’ont produit aucun document. Est-ce parce que les arguments du spécialiste des affaires maritimes et portuaires (Gal Tibé Bi) sont très pertinents ? Tout porte à le croire. Mais, en attendant d’être situé sur la suite du procès, nous avons approché le général Tibé Bi Balou Jean-Christophe qui, en deux questions résument nos préoccupations.

Mon général, à l’audience du 2 juin 2017, nous avons constaté que vous étiez votre propre avocat. Pourquoi?

Je reste constant, jusqu’à ce qu’on me prouve le contraire. J’en avais assez des petits et mesquins arrangements et autres combines entre avocats, les miens et ceux des parties défenderesses à mon détriment ; raison pour laquelle, maintenant, je me défends moi-même et la loi me le permet. J’espère que vous avez pu constater aussi, qu’à cette audience leurs méthodes dilatoires a fini par agacer la présidente de la Première chambre de la cour d’Appel (Ndlr : Mme N’Guessan Kouadio Alice) qui a dû renvoyer le dossier au 30 juin 2017, “pour conclusion du ministère public.” Là où, après des mois de délai, les avocats de Trafigura et Puma sollicitaient encore une prorogation afin de déposer leurs écritures. Ils oublient que nous sommes en Cours d’Appel, en face de Juges de fond qui ont une certaine expérience.

Vous donnez l’impression d’être confiant quant à la suite du procès ?

Depuis le début, je l’ai toujours affirmé haut et fort : “Bien sûr, j’ai confiance.” Je reste constant, jusqu’à ce qu’on me prouve le contraire. J’ai toujours estimé que le droit et la raison sont de mon côté. Les sociétés Trafigura et Puma ne peuvent qu’être condamnées à me verser des dommages et intérêts pour les lourds préjudices que ces sociétés criminelles m’ont fait subir, et que je supporte dans la dignité depuis 2006. J’ai foi que chaque chose à une fin.

Propos recueillis par Sériba Koné

Encadré
L’historique en quelques lignes

Décembre 2014-Juillet 2015. Cela faisait sept mois de procès dans l’affaire du colonel Tibé Bi Balou Jean-Christophe (à ce jour général) contre les sociétés Trafigura et Puma dans laquelle il a porté plainte contre les sociétés pollueuses ‘’pour dommage et intérêt’’, portant sur la somme de 300 milliards FCFA (environs 460 millions d’euros). Le procès a connu son premier dénouement à la première Chambre civile d’Abidjan le jeudi 30 juillet 2015. Le délibéré rendu par le président du Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, Coulibaly Hamed, suite au dépôt des conclusions écrites du ministère public (Parquet) fait état d’un renvoi de l’affaire au 5 novembre 2015, « pour retenu ».

« Depuis 2006, date de l’éclatement du scandale des déchets toxiques jusqu’aux conséquences humiliantes et dégradantes sur ma vie, celle de ma famille et de mes proches, j’ai gardé la foi en Dieu et sa justice, ainsi qu’à la justice de mon pays. En ces magistrats dont je ne doute aucunement de l’intégrité moral», a toujours soutenu l’expert maritime.

Le général Tibé Bi Balou Jean-Christophe était directeur général des Affaires maritimes et portuaires. Deux semaines avant l’arrivée du Probo-Koala, le 4 août 2006, il est relevé manu-militari de ses fonctions ; officiellement, « pour retard de paiement de primes des agents ». Après le déversement des déchets toxiques à Abidjan, alors qu’il est à la maison, il est arrêté et jeté en prison, avant d’être blanchi en Cours d’Assise en octobre 2008. L’expert des affaires maritimes va à son tour porter plainte en décembre 2014, contre les sociétés Trafigura et Puma pour réclamer des dommages et intérêts. C’est le feuilleton qui continue en Cour d’Appel.

Sériba K.

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1 réflexion au sujet de « Déchets toxiques en Côte-d’Ivoire: 3 ans après sa plainte le général Tibé Bi Balou parle enfin »

  1. Voici une affaire qui a fait des vagues sous la refondation et continue d’en faire. Et, les commanditaires s’en sont bien sortis avec juste de petites tapes sur le poignet pour la forme.

    Le général parle des « sociétés pollueuses », mais elles ne l’ont fait sur notre sol qu’après autorisation expresse de nos autorités d’alors. Je ne pense pas que ce soit ces sociétés pollueuses qui vous aient relevé « manu militari » de vos fonctions et arrêté. Les préjudices à vous causés ne sont-ils pas directement du fait du pouvoir précèdent ? Je crois que vous en voulez plus au pouvoir précédent qu’a autre chose.

    Et, le général demande près d’un demi-milliard d’euro ou de dollars de dommage et intérêt. Sans blagues ! Pourquoi vous arrêter en si bon chemin ? Demandez encore plus.

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