Nouvelle loi sur la presse en Côte-d’Ivoire: Une grande marche des journalistes hier, Méambly sollicité

La traditionnelle journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée, mercredi 3 mai 2017, par les journalistes de Côte d’Ivoire. Cette année encore, l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci) et toutes les organisations de la presse en Côte d’Ivoire ont organisé une marche. Elle est partie de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) à Cocody en passant par l’Istc, le collège Mermoz, la maison du Pdci, le carrefour Saint Jean, pour finir à la Rti. De nombreux journalistes et professionnels des médias, avec à leur tête, notamment le président de l’Unjci, Moussa Traoré dit MT, le Directeur général (Dg) de la Rti, Ahmadou Bakayoko, etle Directeur de publication du groupe Olympe, Coulibaly Vamara, ont marché sur des kilomètres. Le député de Facobly et président du groupe parlementaire « Agir pour le peuple », Méambly Tié Evariste Edouard, y a aussi participé. Une présence saluée par la quasi-totalité des intervenants lors des allocutions au stade de la haute fréquence de la Rti. Le président de l’Unjci, et Président du comité d’organisation (Pco) de cette célébration, MT, s’est réjoui, vu le contexte, du soutien du député indépendant et président du Conseil régional du Guemon, Méambly Evariste. Il a demandé qu’il soit le « Porte-voix » des journalistes de Côte d’Ivoire « auprès des députés » qui doivent voter, en principe, le 31 mai 2017, la nouvelle loi sur la presse en plénière. « Cette loi, nous nous en méfions. En tout cas, il y a quelques articles qui nous dérangent », a fait savoir MT. Une position défendue par Glodé Francelin qui a parlé au nom de toutes les organisations professionnelles des médias. Comme Moussa Traoré, il a plaidé pour que Méambly Evariste porte la voix des journalistes à l’hémicycle pour faire amender certains articles de ce projet de loi sur la presse. « Nous demandons (…) le retrait pur et simple de l’article 90 du projet de loi sur le régime juridique de la presse, soumis en ce moment aux députés », a indiqué Glodé Francelin, Vice-président de l’Intersyndicale du secteur des médias de Côte d’Ivoire.

L’article 90…

En effet, l’article 90 de ce projet de loi stipule clairement : « est puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 300 000 à 3 000 000 de francs, quiconque par voie de presse ou par tout autre moyen de publication : incite au vol et au pillage, au meurtre, à l’incendie et à la destruction par quelque moyen que ce soit, de biens publics et privés, à toutes formes de violences exercées à l’encontre de personnes physiques et morales ainsi que sur les biens, ou à l’apologie des mêmes crimes et délits ; incite à la xénophobie, à la haine religieuse, à la haine raciale et à la haine sous toutes ses formes ; fait l’apologie des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocides ou de collaborations avec l’ennemi ; incite les militaires et des forces de l’ordre à l’insoumission et à la rébellion ; porte atteinte à l’intégrité du territoire national, à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ».
En outre, Glodé Francelin a souhaité que l’obligation faite aux Directeurs de publication (Dp) de s’engager à payer les journalistes à la Convention collective soit remise dans la nouvelle loi. Saluant les efforts qui sont faits par le gouvernement pour la presse, Glodé Francelin a plaidé, relativement à la libération de l’espace télévisuel, pour l’accélération de la création de la société de diffusion, qui va permettre le rayonnement des différentes chaînes de télévision.
Interrogé par la presse à la fin de la cérémonie, M. Méambly a expliqué qu’il a voulu exprimer son soutien à la presse après une invitation du président de l’Unjci. « Le mardi soir, j’ai reçu à mon cabinet, à Marcory zone 4 C, une forte délégation d’organisations des journalistes, conduite par le président de l’Unjci. Il m’a invité officiellement à la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, et m’a demandé d’être le porte-parole des journalistes ivoiriens auprès de mon groupe parlementaire et de l’ensemble des députés de Côte d’Ivoire, pour que ce projet de loi qui est sur la table des députés, soit amendé en certains points », a fait savoir Méambly Evariste. « J’ai donc donné mon accord au président de l’Unjci pour venir participer à cette marche. En plus, je me ferai fort, en tant qu’ami de la presse, de convaincre mes collègues députés pour que notre pays soit un modèle de la liberté de la presse dans le monde. Pour moi, il n’est pas normal qu’un journaliste soit jeté en prison pour ses écrits. Je ne suis pas d’accord avec les articles 90 et 91 de ce projet de loi sur la presse. Je ne suis pas d’accord que des journalistes, qui constituent le 4ème pouvoir, soient jetés en prison alors que mon groupe parlementaire compte faire voter une proposition de loi d’amnistie qui va couvrir les deux camps ex-belligérants en Côte d’Ivoire, que sont les camps Gbagbo et Ouattara. Cette loi d’amnistie va permettre de libérer les prisonniers politiques, et pourrait avoir des répercussions pour favoriser la libération de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé qui sont détenus à La Haye. Elle pourra aussi faire revenir au pays tous les exilés et ramener la quiétude, la cohésion et la réconciliation nationale», a-t-il souligné.
André Apété, en sa qualité de Directeur de cabinet, a représenté le ministre de la communication, de l’Economie numérique et de la poste, Bruno Nabagné Koné. Il a déclaré que son ministre, par ailleurs Porte-parole du gouvernement, répondra aux différentes préoccupations de la presse dans sa déclaration prévue dans le cadre de la célébration mondiale de la liberté de la presse.
Le représentant de l’Unesco à cette cérémonie, Yao Ido, a réaffirmé le soutien de son organisation à la presse.

Source : Soir Info

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