CPI Côte-d’Ivoire – Les témoins déposent en l’absence de Charles Blé Goudé

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Ivoirejustice

Deux témoins ont déposé par vidéoconférence ce jeudi 8 décembre à la Cour pénale internationale (CPI). Mais les interrogatoires se sont déroulés en l’absence de Charles Blé Goudé. Suite à un malaise, l’ancien ministre de la Jeunesse a dû quitter la salle d’audience.

Par Camille Dubruelh

« La situation n’est pas grave », a précisé Seri Zokou, l’un des avocats de l’accusé, en fin de matinée. Plus tôt ce matin, Charles Blé Goudé avait en effet dû quitter le prétoire, suite à un « malaise ». Pris de « vertiges », il souffre visiblement d’un coup de froid. « Il a besoin de repos et de médicaments », a encore expliqué son avocat, précisant que Charles Blé Goudé avait donné « son consentement » pour que se poursuive l’audition des témoins en son absence.

Ainsi, la défense a pu poser ses dernières questions à Bakayoko Kaladjy. Mais celui-ci ne s’est pas montré très bavard et a prétendu ne rien savoir de la crise postélectorale. « On m’a dit que des gens s’affrontaient », s’est-il contenté de dire, précisant qu’il ignorait qu’elles étaient les forces en présence. Interrogé par l’avocat de Charles Blé Goudé, le témoin a admis qu’il avait observé des déplacements de population, notamment autour d’Anonkoua Kouté, où il avait son atelier de menuiserie. Mais selon ses dires, ces mouvements se sont déroulés après la crise, plus précisément après l’arrestation de Laurent Gbagbo. Ces populations « fuyaient parce qu’elles étaient attaquées », a-t-il affirmé. Mais là encore, il n’a su répondre à l’avocat qui cherchait à savoir qui étaient les assaillants.

Par ailleurs, le témoin a expliqué que les jeunes du quartier le prenaient pour un Togolais, une affirmation qui a provoqué la stupéfaction de l’avocat. Jean-Serge Gbougnon a ainsi demandé pour quelle raison, alors même que le témoin n’a pas d’accent togolais. « Parce que j’étais menuisier », a répliqué le témoin.

La défense est également revenue sur la marche sur la RTI, lors de laquelle Bakayoko Kaladjy aurait perdu son frère. Le témoin a assuré que son frère, posté au milieu de milliers de manifestants, lui faisait des signes depuis un pont aux abords de PK18. Il aurait perdu sa trace après des tirs à balles réelles des forces de l’ordre. « Les gens tombent autour de votre frère et il continue de vous faire des signes ? », s’est étonné Jean-Serge Gbougnon, notant qu’il paraissait difficile d’apercevoir quelqu’un parmi les « milliers » de manifestants présents. « C’est exact », a pourtant répondu Bakayoko Kaladjy.

Doucouré Ladji, un autre témoin à la barre

Cet après-midi, un autre témoin a pris le relai pour parler de de cette même marche sur la RTI. Doucouré Ladji, chauffeur de taxi-compteur, a perdu son petit frère ce 16 décembre 2010. Bien que celui-ci « n’aimait pas Gbagbo » et soutenait le Rassemblement des républicains (RDR), le témoin l’assure, son frère n’avait pas prévu d’assister à la marche ce jour-là. En effet, ils devaient se retrouver tôt le matin pour « voyager » direction Issia, leur commune d’origine. Sur le chemin menant à la Gare Nord, le témoin aurait reçu un coup de fil de l’ami de son petit frère. « Il m’a dit que les forces de l’ordre ont tiré sur eux et que mon frère est tombé », a raconté le Doucouré Ladji.

Mais la défense a cherché à savoir pourquoi les deux frères avaient décidé de voyager avec leurs enfants, alors même qu’ils étaient au courant de cette marche. Le témoin a répliqué qu’il pensait éviter la foule en partant très tôt de chez lui. Quant à savoir pourquoi son petit frère s’était retrouvé au milieu des manifestants, la réponse n’a pas été claire. « Peut être que ça a coïncidé avec le départ des marcheurs », a expliqué le chauffeur de taxi devant la Chambre. Mais la défense de Laurent Gbagbo a rappelé au témoin sa déclaration faite aux enquêteurs du bureau de la procureure en 2015. « A mon avis, il s’est fait entraîner », expliquait-il alors.

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