Grogne sociale en Côte-d’Ivoire: La reculade de Ouattara après des échanges houleux avec les syndicats (1er Mai)

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Par Connectionivoirienne.net

Les effets des mesures très attendus

Instant de convivialité mais instant de vérités crues entre Alassane Ouattara et les centrales syndicales ce dimanche 1er mai 2016 au Palais présidentiel, à l’occasion de la fête du Travail. Toutes, chacune avec son ton et son tempérament, ont dénoncé les mesures impopulaires prises par le gouvernement ces derniers temps. Le principal point d’achoppement a été l’augmentation depuis janvier, des tarifs de l’électricité et de l’eau. Là-dessus, acculé par les syndicats et, depuis un moment, par les réseaux sociaux, Alassane Ouattara a dû freiner des quatre roues et fait un rétropédalage.

En politicien et jouant sur la fibre populiste, il a tenté de se dédouaner, rejetant sur ses ministres la responsabilité des réformes au goût amer.

Les syndicats qui dans un jeu de rôle ont exposé les maux dont souffrent les travailleurs ont donné l’occasion au président de la République de se vider lui aussi avec le ton qu’on lui connaît et son trait de caractère, surtout sur les sujets relatifs aux prisonniers politiques qu’il refuse de reconnaître comme tels. « Il n’y a plus de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire », selon Alassane Ouattara. Ceux qui sont encore détenus, estime-t-il, sont des déstabilisateurs qui seront jugés pour leurs fautes au nom de l’Etat de droit dont il s’est toujours servi comme manteau pour rester sourd à tous les appels invitant à leur libération.

Aujourd’hui encore, c’est la Centrale syndicale de feu Mahan Gahé, Cisl Dignité qui a porté haut et fort la question des prisonniers politiques. Selon Boga Dago, le patron de cette centrale, si état de droit il doit y avoir, il doit l’être pour les deux camps qui étaient opposés durant la crise postélectorale. Il a dénoncé le fait que ceux d’un camp jouissent d’une liberté alors que ceux du camp adverse (les pro-Gbagbo) croupissent en prison.

Dans son discours, Ouattara a aussi montré son aversion pour les grèves. Et quand celles-ci émanent des régies financières, il n’y a pas mieux pour susciter le courroux du chef de l’Etat. « J’en avais gros sur le cœur sur ce point. Ailleurs les grèves sont interdites aux agents des impôts et des douanes », fulmine le chef de l’Etat.

Cie et Sodeci : le secteur de l’électricité ouvert à la concurrence, fin du monopole de Bouygues !

En abordant ces problèmes, Alassane Ouattara a tenu les propos que les syndicats des travailleurs voulaient entendre. Il savait qu’il était très attendu sur ces sujets et à la satisfaction générale, il a pris un train de mesures.

« En ce qui concerne l’électricité, il est vrai que le Gouvernement a décidé, en juin 2015, d’un justement de 16% sur trois ans du tarif d’électricité. Cette décision visait à accroître la production, améliorer le transport et la distribution de l’électricité ainsi qu’à garantir aux populations un meilleur accès à l’électricité. La première phase de cet ajustement de 10%, effective depuis le 1er juillet 2015, n’a pas touché les abonnés au tarif social qui représentent 40% de l’ensemble des abonnés. La deuxième phase de 5%, applicable à compter de 1er janvier 2016 ne s’applique ni aux abonnés au tarif social ni aux petits consommateurs, qui représentent 70% des abonnés pour ces deux catégories. Je n’ai donc pas compris pourquoi nos factures avaient augmenté. Après enquête, nous avons découvert que la décision gouvernementale n’a pas été correctement appliquée et que certains abonnés ont connu une hausse plus élevée que celle initialement prévue, allant jusque 30 à 40% pour certains abonnés. Oui, il y a eu une injustice dans l’augmentation qui a été faite et cela est inadmissible. J’ai donc décidé de l’annulation pure et simple de l’augmentation de janvier 2016. Les factures seront corrigées et le trop perçu sera rendu à tous les abonnés. J’invite donc la CIE à réparer cette injustice », a pris position Alassane Ouattara. « Cette situation nous interpelle sur la nécessité d’ouvrir les secteurs de l’eau et de l’électricité à la concurrence, comme le prévoit le code de l’électricité. Oui, c’est la concurrence qui fera baisser le prix de l’électricité. Je lance donc un appel à tous ceux qui souhaitent investir dans ce secteur », a-t-il poursuivi sur le même sujet.

Gaoussou Touré froissé sur le permis de conduire

Le ministre des transports qui conduisait ces derniers temps une réforme du permis de conduire aura essuyé le désaveu public du chef de l’Etat. Alassane Ouattara qui n’a pas osé prononcer son nom s’en est plutôt remis à son Premier ministre Duncan. La réforme Gaoussou a été suspendue. Et Alassane Ouattara de déclarer : « J’ai aussi regardé de plus près l’opération de renouvellement des Permis de conduire initiée dans le cadre de la réforme du secteur des transports. Ma conviction est que le renouvellement des permis de conduire ne devrait pas viser tous les conducteurs. J’ai donc décidé de la suspension de l’opération en attendant que le gouvernement me fasse, dans les prochaines semaines, des propositions sur les conditions de poursuite de cette opération ». Le chef de l’Etat s’est même interrogé « pourquoi renouveler un permis qui n’a pas encore dix ans ? » comme pour récuser Gaoussou Touré qui justifiait que les permis en vigueur ne sont pas sécurisés.

Les populations ont grogné, Alassane Ouattara a réagi, se donnant l’image d’un chef qui est à l’écoute de son peuple. Soit, mais le plus difficile commence maintenant. Les syndicats et les populations attendent l’application effective de toutes ces mesures.

SD à Abidjan

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