Blaise Compaoré dans la gueule du loup

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Le président burkinabé renversé le 31 octobre 2014, Blaise Compaoré, est dans l’œil du cyclone. Le bras de fer qu’il a voulu engager avec les autorités intérimaires burkinabè se révèle un coup de poker, qui fait boomerang.

Ce jeudi 16 juillet, les députés du parlement burkinabé ont voté à 95,23% la mise en accusation, devant la Haute Cour de justice, du Beau Blaise pour « haute trahison » et « attentat à la constitution ». Beyon Luc-Adolphe Tiao, son premier ministre, et tout son gouvernement de 30 membres (dans lequel Compaoré était ministre de la Défense) sont également mis en accusation devant la juridiction d’exception pour « coups et blessures volontaires, assassinats et complicités de coups et blessures et d’assassinats ».

Réponse du berger à la bergère

C’est, en réalité, la réponse musclée du berger à la bergère. Le lundi 13 juillet, la Cour de justice de la CEDEAO – dont les décisions sont insusceptibles de recours – a fait droit à la requête du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-parti au pouvoir) et des partis politiques alliés. Le 21 mai, ces derniers saisissaient la juridiction communautaire pour dénoncer le nouveau Code électoral qui, en violation de leurs droits, les excluait du processus électoral.
En effet, l’article135 de la loi n°005-2015 du 7 avril 2015 portant modification de la loi n°014-2001/AN du 3 juillet 2001 portant Code électoral frappe d’inéligibilité notamment « toutes les personnes ayant soutenu un changement anticonstitutionnel qui porte atteinte au principe de l’alternance démocratique, notamment au principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels ayant conduit à une insurrection ou à toute autre forme de soulèvement ».
L’organe de transition, conduit par Michel Kafando, s’est jusque-là gardé d’intenter des actions en justice contre les animateurs du régime déchu. En revanche, et pour ménager la susceptibilité du peuple burkinabé aux aguets, il a voulu baliser, à la satisfaction générale, le terrain électoral en mettant hors-jeu les partisans de l’ex-pouvoir.

Contournement de la Cour de justice

La Cour de justice de la CEDEAO lui a donné tort. Elle a abrogé la disposition querellée, enjoignant, à la suite d’Alassane Dramane Ouattara, à l’État de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que la présidentielle du 11 octobre soit inclusive et démocratique.

Soixante-douze heures plus tard, la réponse de l’État est tombée, comme un couperet: le temple de Thémis. En contournant cette décision, les autorités intérimaires burkinabè lancent la justice de leur pays aux trousses de tous les barons de l’ancien régime, les rendant du coup inéligibles. Et le tour est joué.
C’est Compaoré qui se trouve ainsi dans la gueule du loup. Car, les ennuis judiciaires de l’exilé d’Abidjan ne cessent de se multiplier. La justice burkinabé – qui s’y était refusée durant 27 ans de son pouvoir – a procédé le 26 mai, au cimetière de Dagnoën (à Ouagadougou), à l’exhumation du corps supposé du capitaine Thomas Sankara pour non seulement l’identifier formellement, mais éclaircir les circonstances de l’assassinat, le 15 octobre 1987, du chef de l’État et de douze de ses compagnons.
En ligne de mire de cette opération vérité, la responsabilité de Blaise Compaoré, bénéficiaire du putsch militaire, dans cet homicide orchestré par un commando, pour prendre le pouvoir. Le rouleau compresseur de la machine judiciaire, on le voit, est ainsi en branle, qui pourrait broyer des intouchables d’une page qui se tourne. Lentement mais sûrement.

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