Côte d’Ivoire grève – Les étudiants haussent le ton «Pourquoi le lycée Mermoz et pas nos résidences ? »

GREVE

Grève dans les universités / Les étudiants haussent le ton et lancent un ultimatum au gouvernement

Aristide Ozoukou (Coeeci): « Le lycée Mermoz a été réhabilité en une fraction de seconde mais pour nos résidences on attend depuis 4 ans ! »

Plus rien ne va dans les universités ivoiriennes depuis que les enseignants ont déposé la craie pour des revendications non satisfaites. Cet arrêt de cours fait planer le spectre d’une année blanche sur les campus. Et les étudiants ne veulent pas en entendre parler. Ce lundi matin, l’université Houphouët-Boigny était en ébullition. Plusieurs étudiants soutenus par la Liges et la Coeeci (deux syndicats) ont bruyamment manifesté pour dire non à l’année blanche qui se profile. Pour eux, l’immobilisme du gouvernement depuis que les enseignants ont lancé leur mouvement de grève, s’apparente à une volonté de conduire les universités vers une autre année blanche après celles de 2011 et 2012. ‘’Nous voulons aller à l’école, nous voulons que nos problèmes de résidence et d’amphithéâtres trouvent une solution urgente », clame l’un d’eux désemparé par cette situation.

Le secrétaire général de la Coeeci, Aristide Ozoukou qui nous a joint en début de soirée est sans concession. Il donne jusqu’à lundi au gouvernement pour débloquer la situation, faute de quoi, le mouvement va se durcir et aller jusqu’à la paralysie de la ville de la capitale économique, Abidjan.
« Comme les gens vont au travail et que les enfants de nos autorités poursuivent leurs cours en Europe, elles veulent nous sacrifier. Pour cela, elles refusent le dialogue avec les enseignants grévistes. Là est tout le problème. Les enseignants ne cessent de nous dire que tant qu’ils n’obtiennent pas satisfaction, ils ne reprendront pas le chemin des amphis. Il est temps que nous prenions nos responsabilités. Nous ne voulons pas être une génération sacrifiée. Donc si les cours ne reprennent pas jusqu’au lundi, le monde entier saura ce qui va se passer à Abidjan ! », se révolte le syndicaliste, fier de la mobilisation qui était totale ce matin sur le campus de Cocody.

« Le pont HKB a été construit rapidement et depuis quatre ans, on refuse de nous céder nos résidences universitaires. Le lycée Jean Mermoz a été réhabilité en une fraction de seconde mais pourquoi pour nos résidences universitaires, faut-il mettre quatre ou cinq ans ? Nous ne pouvons pas accepter cela ! », a relevé, exaspéré, Aristide Ozoukou.
Pendant que les étudiants battaient le pavé sur le campus, toujours à Cocody, des élèves du secondaire se révoltaient contre le boycott des épreuves physiques du Bepc par les professeurs d’EPS qui revendiquent aussi de meilleures conditions de vie et de travail. Cocody était donc une commune paralysée en partie ce matin.

Katiola : menacés par le RER (mouvement proche du Rdr), des enseignants grévistes trouvent refuge à la préfecture

Pendant que les étudiants faisaient monter le mercure à Abidjan, la grève des enseignants du secondaire prenait une autre tournure, notamment à Katiola. Dans cette ville du centre du pays, un enseignant a joint connectionivoirienne pour signaler des menaces de mort dont seraient victimes des grévistes. Ici, la politique s’est invitée dans un mouvement porteur de revendication sociale. Notre interlocuteur nous apprend que des professeurs membres du Rassemblement des enseignants républicains (RER) (proche du Rdr, parti présidentiel) auraient recruté des badauds pour s’en prendre à leurs collègues en grève. Pour eux, cette grève n’est rien d’autre qu’une manœuvre de déstabilisation du pouvoir en place. Craignant pour leur sécurité, les grévistes se seraient alors réfugiés à la préfecture avec leurs familles.

SD à Abidjan

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