Côte d’Ivoire caravane de la paix – La FIF veut livrer un match déjà perdu

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FIF Sory Diabaté

 

Le comité exécutif de la Fédération ivoirienne de football (FIF) a fait savoir au Chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, ce mardi 10 février, au palais présidentiel, son intention d’organiser une caravane nationale de réconciliation en sillonnant tout le pays avec la coupe d’Afrique remportée par les Éléphants footballeurs lors de la 30ème édition de cette compétition.
«Que cette victoire soit et reste le creuset de notre réconciliation nationale. A cet effet, pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour renforcer notre unité nationale en sillonnant la Côte d’Ivoire avec ce trophée, symbole fort de notre cohésion sociale?», a déclaré le vice-président de la FIF, Sory Diabaté, lors de la cérémonie de distinction des Éléphants devenus, depuis ce dimanche 8 février, les nouveaux champions du continent.
Cette belle initiative met la main sur la plaie béante de notre pays qui reste profondément divisée malgré l’immense joie procurée par le deuxième trophée continental. Mais ce combat, sans jouer les oiseaux de mauvais augure, est perdu d’avance; il n’accouchera que d’une souris. Car, non seulement il va éviter soigneusement les sujets qui fâchent et qui devraient être pris à bras-le-corps, au motif de ne pas se mêler de politique, mais pareille idée a déjà connu un échec retentissant.
En 2007, le pays, depuis le 19 septembre 2002, est divisé géographiquement entre d’une part, la zone gouvernementale au sud (capitale Yamoussoukro) et d’autre part, la zone aux mains des rebelles, baptisée CNO (centre, nord, ouest avec capitale Bouaké). Didier Drogba, capitaine des Éléphants, a proposé, au nom de ses coéquipiers, et obtenu que le match Côte d’Ivoire – Madagascar, comptant pour la quatrième journée des éliminatoires de la CAN 2008, se déroule au stade municipal de Bouaké, devenu le Stade de la Paix, pour marquer l’indivisibilité du pays et rapprocher les Ivoiriens.
Ce match s’est bel et bien déroulé, le 3 juin 2007, à Bouaké, et s’est soldé par la large victoire des Éléphants sur les Baréa ou Zébus (5-0). Mais il na nullement guéri le pays; la réconciliation nationale tant souhaitée est restée un vœu pieux et la Côte d’Ivoire est restée aux prises avec ses démons de la division dont le dernier épisode a été la grave et meurtrière crise post-électorale.
En 2015, le pays est réunifié mais politiquement écartelé entre le RHDP et l’ex-LMP qui se regardent désormais en chiens de faïence. Alors, quelle chance de succès pour cette caravane de la paix et de la réconciliation que concocte la FIF? En réalité, aucune sinon presqu’aucune en dehors de la volonté louable de n’être pas resté les bras croisés face aux périls. Car, Laurent Gbagbo est détenu, depuis novembre 2011, à La Haye et passe en jugement, devant la Cour pénale internationale (CPI), à compter de juillet 2015. Ses partisans ou sympathisants, appelés les pro-Gbagbo, restent les seuls souffre-douleurs de l’État et de la communauté internationale.
La balle d’une vraie réconciliation reste, il me semble, dans le camp du pouvoir; c’est lui et lui seul qui détient la clef de la cicatrisation des purulentes plaies et des chaleureuses retrouvailles entre Ivoiriens, riches de leurs différences.
FB

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