Lois sur le salaire minimum: compassion ou cruauté déguisée?

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Par Eustace Davie publié en collaboration avec Libre Afrique

L’économiste de la COSATU (Fédération des syndicats sud-africains), Neil Coleman, avait déclaré qu’« un salaire minimum national (NMW) crée un plancher de salaire de base, au-dessous duquel personne ne peut descendre, indépendamment de la région ou du secteur ». Il a tort.

Comme l’a expliqué l’économiste Thomas Sowell, « Malheureusement, le salaire minimum effectif est toujours zéro, au mépris des lois, et c’est le salaire que de nombreux travailleurs reçoivent suite à la création ou l’augmentation d’un salaire minimum imposé par le gouvernement, parce qu’ils perdent leur emploi ou parce qu’ils ne parviennent pas à en trouver quand ils entrent sur le marché du travail. Rendre illégal de payer moins qu’une somme donnée ne rend pas la productivité d’un travailleur équivalente à ce montant et, si elle ne l’est pas, ce travailleur a peu de chance d’être employé ».

Les partisans d’un salaire minimum national ont-ils sincèrement l’intention de faire preuve de compassion ou sont-ils engagés dans une cruauté déguisée ? Ils ne mentionnent jamais les gens qui sont au chômage. Ils n’ont jamais précisé pour eux l’impact qu’auront, des mesures telles que le salaire minimum et de plus grands avantages obligatoires pour les salariés, sur leurs chances de ne jamais obtenir un emploi. Ils n’ont jamais aidé les chômeurs en mettant en avant des propositions qui permettront d’accroître la demande de travail. Ce qu’ils font est de présenter les entreprises offrant des emplois comme des méchants, alors qu’eux se présentent comme les gentils censés veiller sur les intérêts des chômeurs.

Si vous êtes vraiment compatissants, et vous avez une réelle préoccupation pour les demandeurs d’emploi, pensez à ce que le salaire minimum inflige aux gens les plus vulnérables dans le pays. Tenez compte de l’avertissement du grand économiste Thomas Sowell quand il dit que le vrai salaire minimum est toujours zéro.

La tragédie de la situation est que les bénéficiaires présumés (victimes) comprennent probablement pas l’aspect néfaste d’un salaire minimum. S’ils ne sont pas qualifiés, s’ils n’ont aucune expérience professionnelle, s’ils ont été au chômage pendant une longue période, s’ils sont jeunes, vieux ou vivant dans une zone rurale, le salaire minimum leur barrera à jamais la route menant vers l’emploi. Même si le salaire minimum devait être fixé à un niveau faible, disons, 1 000 rand par mois, il prive certaines personnes malheureuses, qui ont des capacités limitées, d’accéder à un emploi. À mesure que le niveau de salaire minimum augmente, pour l’instant aux 4 500R invoqués par la COSATU, il exclura une proportion croissante de la main-d’œuvre potentielle.

Dans sa présentation, Neil Coleman a souligné que « plus de la moitié des travailleurs sud-africains gagnent en dessous du niveau minimum de vie estimé à environ 4 500R », que « 50% de tous les travailleurs gagnaient moins de 3 033R » en 2013, que « 50% des travailleurs africains gagnaient moins de 2 600R en 2013 », et que « en 2013, 35% de tous les travailleurs … ont gagné moins de 2 020R ».

Coleman a utilisé le Brésil comme l’exemple d’un pays qui a réduit le chômage de moitié entre 2003 et 2011, en augmentant régulièrement le salaire minimum de 200 reals brésiliens en janvier 1992 à 678 en 2013. Au taux de change actuel d’environ 4,6R pour un Real brésilien, le salaire minimum brésilien en 2013 sera équivalent à 3 115R. Considérant que ce chiffre a été atteint suite à de petites augmentations sur une période de 21 années, il est clair que le gouvernement brésilien a suivi une politique soigneusement déterminée.

Coleman disait, « si l’augmentation des revenus au Brésil, n’a pas été combinée avec une augmentation de la capacité de production nationale, ce revenu n’aurait pas entraîné la création de l’emploi formel à grande échelle ». Cette déclaration reconnaît implicitement, peut-être involontairement, le fait que le salaire minimum au Brésil a été augmenté seulement après une production plus élevée et une demande de main-d’œuvre accrue qui a augmenté les taux de salaire au point où le salaire minimum entraînerait le moins de dommages à l’emploi. En d’autres termes, le gouvernement a pris soin de s’assurer qu’il a fixé le taux de salaire minimum à un niveau inférieur à celui qui aurait pu être versé aux salariés à faible qualification sur le marché du travail. Si le gouvernement sud-africain a l’intention d’introduire un salaire minimum national, malgré les inconvénients qu’il fera subir aux personnes à faible revenu, et souhaite suivre l’exemple du Brésil de ne pas causer de préjudice, même un salaire minimum qui est bien en dessous de 2 020R mettra en danger les emplois d’au moins 35% de tous les travailleurs.

Dans le débat actuel, nous avons un gouvernement, des syndicats, des travailleurs à salaires élevés qui parlent de l’importance d’un « salaire décent ». Dans toutes ces discussions, aucune mention n’est jamais faite quant à l’emploi s’appuyant sur des contrats volontaires convenus entre des parties consentantes. On suppose de manière injustifiée que les tiers ont le droit d’intervenir et d’utiliser la coercition pour imposer ou tenter d’imposer, les taux de salaire et les conditions de travail à un employeur qui n’y est pas consentant. Plus dangereux encore, on prive les demandeurs d’emploi de leur droit de décider eux-mêmes du niveau de salaire ou des conditions de travail qu’ils trouveraient acceptables.

Les demandeurs d’emplois, quand ils sont au nombre de 8,3 millions et constituent les personnes les plus démunies dans le pays, méritent que leurs droits soient traités avec le plus grand respect. Si le gouvernement insiste sur l’institution d’un salaire minimum national, soi-disant en faveur des personnes qui cherchent un emploi, la législation et la réglementation devraient prévoir une clause qui donne aux chômeurs le droit, après consultation, de se libérer du diktat de salaire minimum et de travailler pour un salaire inférieur s’ils le souhaitent.

Eustace Davie, analyste pour The Free Market Foundation
Article publié en collaboration avec Libre Afrique

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