“La Côte d’Ivoire est devenue un pays de tristesse, de mélancolie et de désespérance”

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Meeting de clôture de la Fête de la liberté à Bongouanou/ Pascal Affi N’guessan, président du FPI

Le rideau est tombé sur de la Fête de la liberté organisée par le Front populaire ivoirien pour marquer le retour au multipartisme en Côte d’Ivoire, obtenu le 30 avril 1990. Cette fête s’est déroulée, le 2 et 3 mai 2014 à Bongouanou, en l’absence des leaders historiques du FPI, à savoir Laurent Gbagbo et son épouse Simone Ehivet Gbagbo. Le président du FPI, Pascal Affi N’guessan a réitéré l’ambition des partisans de l’ex-président ivoirien: la libération de Laurent Gbagbo et son retour en Côte d’Ivoire. «Nous sommes dans la même lutte avec les mêmes armes. La lutte pour la liberté, c’est la lutte principalement pour la libération du président Laurent Gbagbo et pour son retour en Côte d’Ivoire et sur cette question, nous devons être fermes dans notre conviction et notre engagement, parce que c’est une lutte qui n’est pas négociable (…) Nous avons choisi de mener cette lutte avec les armes de la non violence, les armes politiques. Soyez sereins et déterminés, car toutes les banderoles qui ont été déployées à l’occasion de cette fête sont des cris de cœur en direction de ceux qui tiennent Laurent Gbagbo prisonnier, pour qu’ils comprennent que leur loi n’est pas notre loi, leur vérité n’est pas notre vérité. Notre vérité, c’est que Laurent Gbagbo ne mérite pas d’être là où il est à l’heure actuelle (…) Si le Conseil Constitutionnel peut dire une chose qui est acceptée par la communauté internationale, il faut que cette communauté internationale accepte l’autre chose qui a été dite par le même Conseil Constitutionnel (…) La lutte c’est aussi pour la sortie de prison de tous nos camarades, Simone Gbagbo, Blé Goudé Charles, Jean-Yves Dibopieu. Il faut qu’ils sortent au nom de la réconciliation et de l’unité nationale. Tant qu’ils ne seront pas dehors, la Côte d’Ivoire restera divisée, il y aura la Côte d’Ivoire de ceux qui ont gagné le 11 avril 2011 et la Côte d’Ivoire de ceux qui ont perdu le 11 avril 2011, c’est-àdire ceux qui été vaincus par les armes et non par les urnes. C’est pourquoi le pays ne marche pas parce qu’il y a deux Côte d’Ivoire, parce que ceux qui sont à la tête du pays ne veulent pas réconcilier. Donc la Côte d’Ivoire est devenu un pays de tristesse, plus rien ne fait vibrer les Ivoiriens qui vivent dans la torpeur, la mélancolie, la crainte, la désespérance. On ne peut continuer à gouverner longtemps un pays qui est dans la tristesse. Il faut laisser vivre le pays, lui donner des motifs de se réjouir, de rire, de danser. Les fêtes se succèdent mais elles ne se ressemblent pas, parce que chacun sait que ça ne va pas, le pays n’est plus le même, il souffre (…) Il faut mettre fin à la souffrance et la seule façon pour le faire c’est la réconciliation pour que chacun retrouve un peu de gaieté», a dit le président du FPI. Affi N’guessan dénonce l’absence de dialogue politique… Dans son analyse de la situation de la Côte d’Ivoire après le 11 avril 2011, Pascal Affi N’guessan dit avoir fait le constat qu’une «chape de plomb» s’est abattue sur l’opposition par le fait du régime actuel.

«C’est parce que nous voulons imposer la réconciliation que nous avons prôné le dialogue politique pour mettre fin à toutes les divisions et créer les conditions de la réconciliation. Si nous voulons nous réconcilier, il faut commencer par mettre fin à la confrontation, libérer les prisonniers, dégeler les comptes des pro-Gbagbo (…) Une fois que ce sera fait, qu’on s’asseye à travers les états généraux de la République pour faire la réconciliation sur les drames que la Côte d’Ivoire vit depuis 2002, sur les règles de la République, les règles électorales et sur tout ce qui peut faire en sorte que l’avenir de la Côte d’Ivoire soit mené dans la paix et la stabilité», a-t-il indiqué. … et salue le succès du boycott du Recensement général de la population et de l’habitat La question du RGPH 2014 a été évoquée par le président du FPI qui a donné les raisons du mot d’ordre de boycott de l’opération lancée par son parti.

«C’est à défaut d’avoir cela et parce qu’ils font comme si tout ce que nous disons n’émane que d’un parti minoritaire, ou d’hommes politiques désœuvrés et isolés, que nous vous avons appelé au boycott du recensement général de la population. Comme on le dit chez nous, quand tu danses avec un aveugle, il faut le piétiner de temps en temps pour qu’il sache qu’il n’est pas seul, que vous êtes deux et que vous devez vous respecter. Si rien ne va, c’est parce qu’on nous minimise, on considère qu’on n’est pas important, que la Côte d’Ivoire peut avancer sans nous et qu’on n’a pas besoin de régler les problèmes que nous posons pour que la Côte d’Ivoire avance. C’est pour démontrer que la Côte d’Ivoire ne peut pas avancer sans qu’on tienne compte de ce que dit le Front populaire ivoirien, que nous avons appelé à boycotter le RGPH. Il faut boycotter le RGPH pour montrer à ceux qui ont lancé ce processus que rien ne doit se faire sans le Front populaire ivoirien. S’ils veulent que les choses se passent efficacement et de façon efficiente, il faut tenir compte du point de vue du FPI qui représente une frange importante de l’opinion nationale (…) Nous allons gagner par la voie non violente et cette voie, c’est le RGPH et il faut que ça marche pour que Ouattara se sente seul, pour qu’il comprenne que la Côte d’Ivoire lui a tourné le dos et qu’elle refuse de le suivre. Il sera alors obligé de mettre fin aux violences, à la persécution (…) Face à la barbarie, c’est notre intelligence qui est interpellée et je suis convaincue que la victoire marche à nos côtés. Il faut maintenir le boycott jusqu’à ce qu’on s’asseye à de nouvelles tables de négociation dans de nouvelles conditions avec des avancées substantielles. Nous avons lancé le boycott pour qu’il y ait des avancées à la clé et le boycott du RGPH est un succès puisque le gouvernement vient de le proroger de 30 jours (…) Ici en Côte d’Ivoire, on veut nous faire croire que nous sommes les esclaves d’un régime ou du Président de la République. Des ministres apparaissent à la télévision et quand ils parlent, on dirait qu’ils sont Dieu, qu’ils ont créé la terre, ou qu’ils nous ont mis au monde et que nous sommes à leur disposition. Le boycott, c’est pour leur montrer que nous ne sommes pas à leur disposition, mais ce sont eux qui sont à notre disposition et que s’ils ne font pas notre volonté, nous ne nous associerons pas à leurs initiatives. Le Gouvernement est là pour faire notre volonté et c’est cela la liberté, la souveraineté. C’est le peuple qui décide et si le peuple de Côte d’Ivoire ne veut pas d’un recensement, il ne doit pas avoir lieu, parce que la question du développement c’est son affaire (…) Aujourd’hui ce que le peuple recherche, c’est la réconciliation nationale pour que, entre populations du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest, nous soyons un seul et même peuple et c’est en ce moment que nous serons forts, la Côte d’Ivoire sera en paix et que l’argent va venir pour nous aider à développer notre pays. On dit que l’argent ne circule pas. Pourquoi l’argent va-t-il circuler dans un pays divisé où la méchanceté est à tous les carrefours ? L’argent n’aime pas les pays où on déporte un ancien Président de la République (…) Nous étions à Attécoubé où un jeune, Joël Tiémoko a été tué comme un animal. Quand on vous raconte son histoire, vous vous rendez compte que la Côte d’Ivoire est dans une situation de malédiction (…) Voilà la République que Ouattara nous laisse, parce qu’il va partir bientôt», a expliqué Pascal Affi N’guessan. Qui a invité les militants du FPI à relever certains défis et ses parents à le soutenir davantage : «Le défi que nous avons à relever, c’est le défi de la libération de Laurent Gbagbo et de tous les prisonniers, le retour des exilés et celui de la reconquête du pouvoir en 2015. C’est un défi historique et Dieu a voulu, chers parents, que ce soit l’un de vos fils qui soit là où je suis à l’heure actuelle pour relever ce défi. Je compte sur vous pour être à la hauteur de ce défi parce que toute la Côte d’Ivoire compte sur moi, les parents des enfants emprisonnés comptent sur moi, les parents des exilés qui sont dans toutes les régions comptent sur moi, le président Laurent Gbagbo, là où il se trouve, compte sur le président du Front populaire ivoirien pour sortir de prison. Je souhaite que vous m’accordiez votre soutien comme vous l’avez toujours fait, pour que, bénéficiant de votre onction, adossé à votre prestige et aux traditions que vous incarnez, je sois en mesure de relever ce défi dans l’intérêt du Moronou, de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens».

Olivier Dion

L’Intelligent d’Abidjan
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