Ce lundi 16 septembre 2013, descendu du lit très tard comme d’habitude, mon téléphone sonne et au bout du fil, le Ministre et Professeur Georges-Armand Ouegnin qui m’annonce sur un ton abattu la disparition tragique du grand MAHAN GAHE Basile, Secrétaire Général de la Centrale syndicale « Dignité ». Je ne peux m’empêcher d’écraser quelques larmes mais très vite, le devoir de continuer la lutte m’amène à me ressaisir.
Pour ceux qui ne le savent pas, j’ai été déporté en même temps que MAHAN GAHE et bien d’autres éminentes personnalités pro-Gbagbo, dans le nord de la Côte d’Ivoire début juillet 2011, précisément à la prison civile de Boundiali. Là-bas, nous étions répartis grosso modo dans 3 grandes cellules que nous avions baptisées Villages. Le 1er Village « Petit-Bassam » était composée des femmes et dirigée par la Ministre Christine ADJOBI. Le second Village « KPAPEKOU » était essentiellement composée des « Vieux-Pères » et avait pour Chef le Gouverneur Henri-Philippe DACOURI TABLEY. Le 3ème Village « ZANAKPO-KAHA » était composé des plus jeunes dont moi-même.
Un fait retient notre attention au moment de la répartition dans les Villages. Alors que de par son âge et sa notoriété, « KPAPEKOU » est mieux indiqué pour lui, Basile MAHAN GAHE décide contre toute attente de rester avec les jeunes. Nous en sommes tellement marqués qu’à l’unanimité, les membres de notre cellule le désignent Chef de « ZANAKPO-KAHA ». J’ai le privilège d’être son voisin immédiat. De cette proximité, nait une certaine complicité et une ouverture d’esprit qui me permet de mieux découvrir l’homme dans sa grandeur, son amour pour Laurent Gbagbo, son amour pour la Côte d’Ivoire et son sens de la responsabilité.
La grandeur de l’homme, je l’ai mesurée par son humilité à nulle autre pareille. Tiens, c’est en prison que j’apprends que Basile Mahan Gahe est titulaire d’une Maitrise en Droit obtenue en Belgique depuis des décennies. J’ai alors compris pourquoi depuis la centrale « Dignité » où je l’avais connu, son discours est toujours constant, clair et efficace dans la défense des intérêts des travailleurs en Côte d’Ivoire. C’était un intellectuel qui ne disait pas son nom, quelle humilité !
Basile MAHAN GAHE, était, à l’image du PR Laurent GBAGBO, d’une générosité sans commune mesure. En prison, il partageait tout, cotisait parfois pour les plus démunis. Il y a tout juste quelques jours au QG du FPI, lorsqu’il s’est agi de cotiser entre nous pour recevoir les dernières personnalités élargies, il contribua promptement plus que tous, là où on demandait seulement 15.000 Francs. La générosité était son autre prénom !
Quant à son amour pour le PR Laurent GBAGBO, il était à la limite de la vénération… Oui, pour emprunter les termes de l’artiste MEYOU, si on adorait GBAGBO, MAHAN GAHE l’aurait adoré ! Dans les quelques images exclusives de la prison que j’ai décidé de partager, l’on remarquera sur les murs, de nombreux portraits du PR GBAGBO ; c’était l’œuvre de MAHAN GAHE. Mieux, bravant la peur, il était le seul prisonnier qui portait fièrement et à visage découvert, les pagnes à l’effigie du Président GBAGBO. Au moment où beaucoup parmi nous, de par leurs hésitations, l’ambiguïté de leurs témoignages, leur ingratitude ou leur trahison envers Laurent GBAGBO font douter, je puis témoigner que MAHAN GAHE Basile aimait profondément Laurent GBAGBO et ne l’a jamais renié même dans la vallée de la mort.
En effet en prison, MAHAN GAHE souffrait beaucoup dans sa chair, après les innombrables coups reçus de la soldatesque FRCI pendant les 1ers mois de sa détention. En plus, il était cardiaque. Malheureusement, toutes les démarches menées pour son transfèrement à Abidjan pour une meilleure prise en charge sanitaire, se heurtèrent au refus des autorités. Il a fallu attendre décembre 2012, soit 16 mois après, pour qu’il hume l’air de la liberté… Une liberté au goût amer et irréversiblement tournée vers la mort. Comme si l’on l’eut voulue !
MAHAN GAHE croyait avec une foi inébranlable, en l’émergence d’une Côte d’Ivoire nouvelle. Il croyait en la libération de la Côte d’Ivoire. Il croyait en la libération de Laurent GBAGBO.
Il me confiait un jour qu’à l’avènement de la nouvelle Côte d’Ivoire, il souhaiterait que son ami Laurent GBAGBO le nomme Haute Autorité pour le Développement du Moyen-Cavally. Pour bâtir son village natal DIBOKE brûlé pendant la crise, pour penser les plaies et le développement de sa Région meurtrie. Mais alors, Tchiffy MAHAN GAHE, quand Laurent GBAGBO libéré et restauré t’appellera pour le poste en question, qui lui répondra ? Puisque tu t’en vas pour … toujours !!!
Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook