Un Néerlandais arrêté à Bissau pour rumeurs de putsch

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BISSAU (© 2013 AFP) – Le chef de l’armée bissau-guinéenne, le général Antonio Indjai, a annoncé jeudi avoir fait arrêter un homme d’affaires néerlandais, également consul honoraire de Grande-Bretagne à Bissau, pour avoir fait circuler « de fausses informations » à propos d’un putsch en préparation.

Ces derniers jours, « il y a des gens qui véhiculent de fausses informations à propos d’un coup d’Etat qui se prépare. L’un d’eux est Jan Van Maanen, (…) je l’ai fait arrêter », a déclaré le général Antonio Indjai, chef d’état-major des forces armées bissau-guinéennes, lors d’une conférence de presse, en l’accusant d’être un instigateur de conflit dans le pays.

Selon l’officier, le Néerlandais a été arrêté dans la soirée de mercredi à son domicile par des militaires. Il était détenu au siège de l’état-major, où un journaliste de l’AFP s’y étant rendu pour la conférence de presse l’a aperçu jeudi en fin d’après-midi assis sur une véranda, sous haute surveillance de militaires en armes. Il avait les traits tirés mais pas de blessures apparentes.

Jan Van Maanen « m’a téléphoné mercredi à plusieurs reprises pour m’annoncer la nouvelle d’un coup d’Etat (en préparation). Je lui ai demandé de qui il l’a appris, il m’a répondu: +Allez-vous renseigner auprès du service des renseignements généraux+. J’ai alors demandé sa détention », a ajouté le général Indjai.

Il a assuré que « tout ce qui se dit » sur un projet supposé de coup d’Etat « n’est que rumeurs » et a exhorté la population au calme: « Vaquez à vos activités, il n’y a rien ».

« Il y a des gens qui ne veulent pas la tranquillité dans ce pays. Je prends à témoin la communauté internationale, à commencer par le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU » en Guinée-Bissau, l’ex-président du Timor oriental et prix Nobel de la paix José Ramos-Horta, « il saura qui ne veut pas la paix et la tranquillité dans ce pays », a encore dit le patron de l’armée.

Depuis lundi, des rumeurs circulent en Guinée-Bissau sur l’imminence d’un projet de renversement du gouvernement de transition, sans plus de détails.

Interrogée par l’AFP sur ce sujet, une source militaire bissau-guinéenne a refusé de se prononcer, indiquant simplement l’armée était en état d’alerte. Toutefois, aucun dispositif sécuritaire particulier n’était visible à Bissau, aucune tension n’était perceptible non plus dans la ville où les commerces étaient ouverts et la circulation se déroulait comme à l’accoutumée.

Les autorités de transition en Guinée-Bissau ont été mises en place après un coup d’Etat militaire commis le 12 avril 2012, entre deux tours d’une élection présidentielle.

Le second tour devait opposer l’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, formation alors au pouvoir) et l’ex-président Kumba Yala, chef du Parti de la rénovation sociale (PRS, alors dans l’opposition).

Des discussions entre les putschistes du 12 avril 2012 et l’Afrique de l’Ouest ont conduit à la désignation en mai 2012 comme président de transition de Manuel Serifo Nhamadjo, et comme Premier ministre Rui Duarte Barros.

Ces dirigeants de transition ont notamment pour mission d’organiser des élections, initialement programmées pour mai 2013 mais repoussées à une date indéterminée.

La Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise, est en proie depuis son indépendance, en 1974, à une instabilité politique et militaire chronique dans laquelle l’armée joue un rôle prépondérant. Le pays est par ailleurs confronté à des activités de narco-trafiquants, qui en ont fait une zone de transit de drogue, notamment de cocaïne, entre l’Amérique latine et l’Europe.

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