Le grand ratissage a commencé à l’Ouest

Par RFI

Il y a dix jours, des attaques transfrontalières dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire avaient fait au moins dix-huit morts, et provoqué la fuite de plus de 12 000 personnes vers les villes de Taï et Para (selon le dernier chiffre du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, OCHA). Le déploiement de l’armée ivoirienne a été renforcé depuis ces attaques. Lors des patrouilles, on assiste parfois à des échanges de tirs avec des miliciens se trouvant de l’autre coté de la frontière, en territoire libérien.

« Là où nous allons, la route est très, très impraticable. » Les pick-up de l’armée ivoirienne s’embourbent sur des voies de campagne inondées par les pluies. Le commandant Losseni Fofana est chargé de la sécurisation de la zone ouest de la Côte d’Ivoire. Il veut s’enfoncer dans la forêt, lui et ses hommes doivent donc continuer à pied.

« A cause de l’état de la route, nous n’avons pas été prompts à répondre à l’attaque des mercenaires sur le campement de Saho, relate-t-il. Il faudrait que ce soit fait, pour que nos unités sur le terrain soient opérationnelles. »

De l’autre côté du fleuve

Les mercenaires se cachent au Liberia, à quelques dizaines de mètres de la Côte d’Ivoire (de l’autre côté du fleuve Cavally). La patrouille atteint la rive. En face, un campement. Les hommes du commandant Losseni cherchent à parler aux habitants.

La tentative est infructueuse, explique le commandant. « Nous avons demandé à échanger avec ces gens mais ils ont refusé de sortir et nous avons vu qu’il y avait des personnes armées. Ce qui veut dire qu’il existe bel et bien des gens en arme, des groupes armés, de l’autre côté du fleuve Cavally. »

Opération conjointe

Les soldats tirent un premier mortier. Des cris de guerre retentissent alors de l’autre côté, comme un ralliement. Suivent des échanges nourris entre les deux rives.

Pour le commandant Losseni, c’est la preuve que des efforts restent à faire. « Nous demandons que l’autre côté fasse un effort pour qu’il ait une opération conjointe entre la Côte d’Ivoire et le Liberia, pour que cela puisse être éradiqué une bonne fois pour toutes. »

Par LM. Cdt FOFANA Losseny au bord du Cavally à Bereblo( frontière Côte d'Ivoire-Libéria )

L’expression

La traque aux mercenaires libériens qui sévissent à l’Ouest a commencé depuis ce week-end grâce à une opération conjointe menée par les Frci, l’Onuci et la Minul.

Les manœuvres militaires ont commencé à l’Ouest en proie aux attaques meurtrières des mercenaires libériens qui sèment la mort dans les villages de cette région. Les Frci, les opérations de maintien de paix en Côte d’Ivoire et au Liberia (Onuci et Minul) ont décidé de prendre en tenaille ces rebelles qui tuent dans cette zone frontalière. Selon le général Soumaïla Bakayoko, le Chef d’état-major général des Frci, les deux pays et les forces onusiennes veulent en finir définitivement avec la violence dans le Sud-ouest forestier. « Nous avons renforcé toutes nos positions. Que ce soit à Taï, Grabo ou Tabou. Nous avons davantage développé notre collaboration entre les forces de la Minul au Liberia et l’Onuci en Côte d’Ivoire de sorte que nous puissions conjuguer et coordonner nos actions sur le terrain. Avec ces dispositions, nous pensons que nous allons mettre fin à tous ces agissements de ces bandits, miliciens et mercenaires qui sévissent depuis un certain temps dans cette région de notre pays », a-t-il affirmé. Puis d’ajouter : « Actuellement, nous avons déployé 400 personnes, quatre compagnies. Mais j’irai jusqu’à 600 personnes là bas. Il y aura au moins deux groupes, sinon une section pour protéger chaque village. Le déploiement est en cours. Il y a 150 hommes à Taï, 100 à Grabo et 100 autres à Tabou. Nous allons augmenter ces effectifs pour que dans tous les petits villages, l’armée soit présente pour protéger les populations ». Cette opération conjointe intervient après la mort, le 8 juin, de sept casques bleus nigériens et d’un soldat des Frci dans le village de Para alors qu’ils partaient sauver des populations attaquées par les mercenaires libériens. Au sommet de l’Union du fleuve mano (Ufm) vendredi à Conakry, le président Ouattara a mis ce dossier brûlant sur la table. Pour lui, tous les pays doivent jouer franc-jeu dans la lutte contre l’insécurité à leurs frontières communes. « Pour éviter que nos efforts soient réduits à néant en matière de sécurité, une coopération renforcée entre les Etats s’impose plus que jamais et doit s’étendre aux Etats membres de la Cedeao. La Côte d’Ivoire a plusieurs pays à ses frontières, mais malheureusement la situation n’est traitée de manière égale dans chacun des Etats », a déploré le chef de l’Etat ivoirien.

Nomel Essis

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