Les femmes africaines sont-elles prisonnières des logiques commerciales étrangères ?

Le budget réservé à l’entretien de la beauté chez la femme africaine dans les pays les plus occidentalisés du continent est sans doute supérieur à celui des autres femmes dans le reste du monde. Lorsqu’on arrive pour la première fois dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la RDC, le Congo ou le Cameroun par exemple, on est tout de suite intrigué par les différentes coiffes occidentales des femmes, quel que soit leur âge. Mieux encore, elles sont pratiquement toutes très claires de peau, à tel point qu’il est difficile de savoir qui l’est de manière naturelle. Cette réalité n’a pas échappé aux « prédateurs » étrangers et africains qui ont vite compris tout l’intérêt pour leurs commerces, face à ces femmes, devenues « prisonnières » de leur désir de plaire et d’être belle.

Cette notion de beauté devient de fait relative, selon les critères socioculturels qui permettent de l’apprécier et de comprendre la logique du mécanisme psychologique dans lequel évoluent ces états africains modernes. L’observation de ces jeunes états, toujours à la recherche d’une identité propre et confrontés au dualisme des repères africains et occidentaux dans lesquels se construisent les psychismes de leurs populations urbaines, peuvent peut-être donner des éléments d’explication à ce phénomène.
Il est toujours déstabilisant de voir une femme qu’on a connu avec un joli teint noir devenir en peu de temps aussi claire qu’une métisse, parfois même, presque blanche, avec des cheveux de femme occidentale sur la tête. Quand on est pas habitué ou avertit par ce phénomène de société, le choc peut être violent et brutal. Lorsqu’on demande à ces femmes pourquoi elles changent de couleur de peau, portent des perruques ou autres rajouts sur la tête, elles disent toutes que, « c’est parce que les hommes aiment ça ». Que comprendre dans ce « ça » ? Que ce sont les hommes qui les obligent à se dépigmenter la peau ? Ou, se sentent-elles obligées de le faire pour plaire aux hommes ? Ou alors, répondent-elles aux fantasmes des hommes africains, relatifs aux femmes blanches ? Alors, peut-être qu’à défaut d’avoir une femme blanche dans son lit, l’homme africain a-t-il décidé de se contenter d’une caricature de femme blanche pour satisfaire son fantasme? Sinon, comment comprendre cette autodestruction des femmes africaines ?

Depuis toujours, et cela selon les civilisations, les cultures et les époques, les hommes ont toujours dicté, orienté et conditionné les critères de beauté de la femme. D’ailleurs, la plupart des grands couturiers et créateurs de mode dans le monde sont des hommes qui imposent aux femmes et à la société, ce qu’ils décident de vendre. Hier, ces hommes avaient décrété que pour être belle, il fallait être ronde et généreuse. Alors, elles l’étaient toutes, parce que des hommes avaient décidé que c’était cela, le critère ultime de beauté de la femme. Ensuite, ils ont décidé qu’il fallait être mince, puis être très mince encore, être ceci ou cela, et elles se sont mises à suivre à la lettre le diktat de ces hommes qui les enferment dans des logiques commerciales où elles sont « prisonnières » en espérant être reconnues et aimées. Chaque année, dans les pays occidentaux, à l’approche du printemps, ces femmes sont prises en otage par toutes sortes de campagnes publicitaires qui ventent les vertus de divers régimes pour maigrir. Après l’été, ce sont encore des hommes qui vont à nouveau les conditionner pour bien manger afin de pouvoir les solliciter à nouveau pour maigrir au printemps prochain.

Dans ces pays africains, on assiste aux mêmes réalités. Pour être belles afin de plaire aux hommes, ces vendeurs de rêves, ont compris qu’ils pouvaient gagner beaucoup d’argent à vendre des illusions. Ainsi, des produits de très mauvaises qualités et dangereux pour la santé sont vendus avec la complicité indirecte des pouvoirs publics. Les dégâts sur les cheveux de ces femmes africaines sont ainsi considérables. Perte irréversible de cheveux et brûlure du cuir chevelu. En se frottant les mains, ces mêmes prédateurs leurs vendent à nouveau des perruques et autres artifices pour camoufler ces dégâts. C’est également la même logique commerciale pour la dépigmentation. Etre toujours claire de peau pour plaire et être belle. Elles utilisent des produits tous aussi nocifs et cancérigènes pour réparer les dégâts causés par les précédents produits. Au final, certaines femmes ont la peau tellement abîmée qu’elles deviennent effrayantes et font fuir les hommes à qui elles sont sensées plaire.
Malgré tous ces désastres, aucune d’entre elles ne porte plainte et l’État ferme les yeux sur ces drames qui rapportent gros au niveau des taxes et autres frais de douanes, sans oublier les cliniques qui applaudissent des deux mains.

Macaire Dagry

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