Cherté de la vie Banzio Dagobert passe la nuit au port de pêche

Le ministre découvre ce qui fait grimper le prix du poisson

Dagobert Banzio, ministre du Commerce entend faire respecter les mesures du gouvernement relativement à la lute contre la cherté de la vie. Avant d’éventuelles sanctions, il a passé la nuit du mardi 8 au mercredi 9 mai 2012 au port de pêche de Treichville. Objectif : découvrir soi-même les difficultés qui concourent à la montée du prix du poisson une fois sorti du port de pêche.

Pour sa deuxième visite au port de pêche en 8 jours après celle du 30 avril, où il s’était entretenu avec les différents acteurs portuaires, le ministre Dagobert Banzio a choisi de passer la nuit du mardi 8 mai 2012 au port de pêche d’Abidjan. Cette fois, il s’agissait selon lui, de constater le fonctionnement du marché, être bien imprégné avant de décider des mesures appropriées à prendre. Au cours de cette visite nocturne, qui a débuté à partir de 22h, le ministre du Commerce a pu voir le débarquement de bateaux. A cette occasion, Jean-Paul Adou, chef de débarquement d’une compagnie maritime, s’est confié à notre équipe de reportage. «Les bateaux peuvent passer 4 à 7 jours en mer selon les prises. Et le débarquement se fait généralement entre 21h et 4h du matin», confie-t-il. En ce qui concerne la prise du jour, ce ne sont que de petits poissons appelés fritures. Une situation qui inquiète Dagobert Banzio, malgré les assurances du chef de débarquement. Sur la question du respect des normes en matière de mailles utilisées pour la pêche, Jean-Paul Adou a avancé qu’avec la pêche à filet en eaux profondes, il est difficile de faire le tri en mer car cela reviendrait à rejeter les petits poissons morts à l’eau, ce qui à pour conséquence de chasser les gros poissons car ceux-ci se nourrissent de petits poissons et le déversement de ceux morts parmi eux en mer salit les côtes. Au niveau du service tri et la mise en caisse des poissons, le ministre a fait des observations. Il a déploré le mode de mise en caisses qui se fait de façon manuelle, sans aucune unité de mesure. Là encore, Dagobert Banzio a fustigé la mauvaise hygiène du fait que les ouvriers n’utilisent pas de gants. Pis, certains poissons débordent les caisses pour se retrouver à même le sol. Il a recommandé l’usage de balance pour garantir le même poids aux différentes caisses. Les marins y ont semblé réticents car cela désavantagerait les acheteurs. Un autre fait qui pourrait expliquer la spéculation sur le marché est la faveur faite aux grossistes. Ces personnes préfinancent le départ en mer des embarcations et par conséquent se voient allouer la godaille et le bon cru, c’est-à-dire les gros poissons et crustacés, sans concurrence aucune. Une pratique dénoncée par le ministre même si les représentants des bureaux de vente tentent de justifier ce fait par le besoin en liquidité des marins. Aux alentours de 6h du matin, le 9 mai, Dagobert Banzio est retourné au port de pêche pour assister à la vente aux enchères, c’est-à-dire, la vente au plus offrant des caisses de poissons empilées dans la nuit. Le ministre a pu se faire l’idée du parcours de combattant des personnes exerçant dans la filière. Mais tout n’a pas été que récrimination pour le ministre. Il a une fois de plus entendu les armateurs déplorer la flottille ivoirienne qui ne compterait que huit navires en activité dont deux appartiendraient aux Ivoiriens. Ils ont plaidé pour une ligne de crédit afin de faire face à la concurrence des asiatiques. Sans oublier l’épineux problème de l’accès au carburant dont ils ont dénoncé la hausse.

FO
L’Intelligent d’Abidjan

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