Grève générale au Nigeria – Les syndicats donnent une nouvelle chance Goodluck Jonathan !

Au Nigeria, la grève générale, au demeurant illimitée, est suspendue. C’est du reste ce que les syndicalistes ont annoncé hier lundi. Un peu de répit donc pour le président Goodluck Jonathan. Une issue relativement heureuse que l’on doit à la capacité manifeste du président nigérian à évaluer la situation, et à y apporter une solution où tout le monde semble gagnant. Mais une grève suspendue n’étant pas une grève levée, il va falloir que les autorités nigérianes se montrent tout aussi compétentes lors du processus de négociations qui va certainement s’ouvrir, à la faveur de cette accalmie. Par ailleurs, la capacité à anticiper ce genre de crise est toujours préférable à celle réactive. Une semaine d’une puissante mobilisation des Nigérians, aura convaincu le président Goodluck Jonathan des risques à faire courir au pays, en se murant dans la décision de suppression de la subvention aux produits pétroliers… 0:47 17-1-2012

Alors que ce lundi 16 janvier, les grévistes rentraient dans leur seconde semaine, le président nigérian a eu l’intelligence de faire une marche-arrière qui ne le déshonore pas tant que ça. En effet, il réduit de 30 % les nouveaux prix des produits pétroliers. Conséquence, les Nigérians vont toujours continuer à acheter l’essence à un prix qui est à plus de 70 %, celui auquel ils l’achetaient avant le 1er janvier dernier. Mais les syndicalistes ont estimé que c’était une concession qui justifie que le mot d’ordre de la grève soit suspendu.

En réalité, c’est comme si plus que la réduction du prix en soi, ce sont d’autres paramètres qui ont convaincu les grévistes à cesser le mouvement. Il s’agit notamment du spectre de débordements que les autorités avaient brandi, après que les négociations du week-end aient échoué. Les leaders syndicaux ont davantage eu peur de se voir éventuellement accusés d’être à la base d’un mouvement qui pourrait aboutir à des troubles généralisés, et de nature à menacer la stabilité du pays.

Il est vrai que le risque était d’autant plus grand que cette augmentation brusque des prix du carburant, n’était que la face émergée d’un malaise nigérian, à la fois plus profond et plus généralisé. L’autre facteur qui pourrait avoir conduit les syndicalistes à suspendre leur mouvement, c’est la décision des autorités de faire intervenir l’armée pour faire cesser les manifestations. Déjà, avant que ne soit annoncée la suspension, le succès de la mobilisation de ce lundi était suffisamment émoussé par l’impressionnant dispositif militaire, autour et sur la place où les grévistes se sont réunis, durant toute la semaine dernière. De facto, pour s’éviter une éventuelle humiliation qui résulterait du succès de l’armée à restaurer l’ordre, les syndicalistes décident alors de prendre les devants. Compréhensible.

Mais quelque soit la raison qui aura permis ce dénouement heureux, on peut dire que le principal bénéficiaire est Goodluck Jonathan, qui était dans de mauvais draps depuis un certain temps. Or, là il sort plutôt par la grande porte. Mais ses recettes de bon négociateur, il faudra que lui et l’ensemble des autorités de son pays qui ont à cœur de désamorcer cette crise, les aient durant tout le processus de négociation qui ne fait que commencer.

Loin de la tension de la rue et des clameurs médiatiques, les deux parties vont désormais se mettre autour d’une table où il sera question d’intérêts et de concessions. Car, négocier après tout, c’est l’art de savoir faire des concessions. Mais de tous ces talents, ceux que le président nigérian devrait le plus avoir, c’est la capacité de prévenir et d’anticiper des crises comme celle qui semble se refermer aujourd’hui. Car il vaut mieux pour un chef d’Etat que ce genre de problèmes ne survienne pas dans son pays. Les solutions étant quelque peu à la fois incertaines et aléatoires.

Pivi Bilivogui pour GuineeConakry.info

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