En Corée du Nord Kim Jong Il est mort, son fils Kim Jong Un lui succède

PYONGYANG (AP) — Le « Cher leader » n’est plus: la Corée du Nord a annoncé lundi la mort de son dirigeant Kim Jong Il, survenue samedi, et appelé le peuple à se rassembler derrière son successeur désigné, son plus jeune fils Kim Jong Un. Kim Jong Il avait hérité du pouvoir de son despote de père en 1994, sacrifiant comme lui au culte de la personnalité.

Les habitants de la capitale Pyongyang ont appris lundi que leur « Cher leader » était décédé d’une crise cardiaque et de complications samedi à l’âge de 69 ans, lors d’un déplacement officiel en train. Les funérailles sont prévues pour le 28 décembre.

« Il a succombé trop soudainement, à notre grand regret », selon un communiqué transmis par l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. D’après elle, il était traité depuis longtemps pour des maladies cardiaques et vasculaires cérébrales. « Le coeur de Kim Jong Il a cessé de battre mais son noble et auguste nom ainsi que son image éclairée resteront dans la mémoire de notre armée et notre peuple. »

Plusieurs milliers de Nord-Coréens, dont certains en pleurs, ont défilé dans la capitale lundi pour rendre hommage à leur dirigeant, tandis que la Corée du Sud plaçait son armée en état d’alerte.

Kim Jong Il, décrit comme un amateur de cigares, de cognac et de cuisine gastronomique, aurait déjà souffert d’une attaque cérébrale en 2008 mais il avait semblé en relative bonne forme sur les photos et vidéos prises à l’occasion de ses déplacements récents en Chine puis en Russie, ainsi qu’en Corée du Nord même.

En septembre 2010, il avait multiplié les signes désignant son plus jeune fils, Kim Jong Un, âgé d’environ 28 ans, comme son successeur. « Nous devons changer la tristesse en force et en courage, et surmonter les difficultés actuelles », ajoute l’agence KCNA, précisant que le peuple et l’armée « se sont engagés à soutenir la direction du camarade Kim Jong Un », qualifié de « grand successeur » de la philosophie révolutionnaire du Juché.

Kim Jong Il, fils aîné du premier dirigeant nord-coréen Kim Il Sung, serait né le 16 février 1942 dans un « camp militaire secret » sur le mont Paektu, près de la Chine, alors que son père combattait dans la guérilla anti-japonaise. Selon les archives soviétiques, il serait en réalité né en Sibérie en 1941.

Depuis la mort de son père à l’âge de 82 ans en juillet 1994, Kim Jong Il est devenu le premier héritier dynastique de l’histoire du communisme, même si son trône doit autant aux monarchies confucéennes du XIXe siècle qu’au stalinisme.

Et il faisait l’objet d’un culte de la personnalité comparable, bien que moins exubérant, à celui de son père défunt. Son portrait est accroché à côté de celui de son défunt père dans toutes les maisons et ses essais philosophiques, éloges de la grandeur paternelle et appels à la défense du socialisme, sont quotidiennement diffusés par la presse et la radio.

Kim Jong Il, diplômé de l’université de Pyongyang, avait 33 ans lorsque son père l’avait désigné comme son successeur. Avant même de prendre officiellement les rênes du pays, il avait démontré qu’il perpétuerait, voire surpasserait l’autoritarisme de son père.

Séoul lui reproche ainsi d’être le cerveau d’un attentat à la bombe à Rangoon en octobre 1983 qui tua 17 dignitaires sud-coréens, dont cinq ministres, qui accompagnaient le président Chun Doo-hwan. Il serait aussi derrière l’attentat contre le Boeing de la Korean Air Lines qui explosa au large de la Birmanie en décembre 1987 (115 morts). Kim aurait été lui-même victime d’une tentative d’assassinat après qu’une voiture l’eut renversé il y a quelques années. Il se déplaçait depuis avec lenteur.

Une fois arrivé au pouvoir, en 1994, il a comme son père privilégié l’armée, lui consacrant la majeure partie des maigres ressources du pays. Et ce, alors même que son peuple souffrait de la famine. Il a également cherché à développer un vaste arsenal nucléaire, conduisant la Corée du Nord à mener son premier essai nucléaire, une explosion sous-marine, en octobre 2006. Un autre test avait été effectué en 2009, entraînant des sanctions de l’ONU.

Cinq pays (Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, Russie et Japon) avaient négocié avec Pyongyang un accord signé en 2007 prévoyant le désarmement de la Corée du Nord contre une aide humanitaire. Mais les discussions sont depuis au point mort et la situation ne va probablement pas évoluer avec ce décès: le nouveau dirigeant aura en effet à coeur d’éviter d’afficher un quelconque signe de faiblesse.

Lundi, l’annonce du décès de Kim Jong Il a été accompagnée d’au moins un essai de missile à courte portée, selon une source officielle sud-coréenne. Mais, précise l’armée de Séoul, il s’agit d’un essai de routine qui était prévu, et non d’une provocation.

La mort de Kim Jong Il survient à une période sensible, alors que Pyongyang célèbre l’année prochaine le 100e anniversaire de la naissance de Kim Il Sung. AP

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