La guerre n’est pas finie pour les réfugiés en Côte d’Ivoire

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Par Reuters

Des milliers de civils ont trouvé refuge ces derniers mois à la mission catholique de Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, pour échapper aux combats entre les partisans de Laurent Gbagbo et ceux d’Alassane Ouattara.
Ils pensaient échapper à la mort mais celle-ci les a rattrapés – des dizaines d’entre eux ont succombé aux maladies, au choléra notamment.

Le père Cyprien Ahura, qui dirige la mission, fait état de quarante décès par maladie depuis l’ouverture du camp, en raison du manque d’hygiène et de la faiblesse des réfugiés.

“Il y a des familles qui n’ont pas d’abri (…) Certaines ont des bâches en plastique, d’autres rien. Quand il pleut, tout le monde se rue vers l’église”, raconte Annie Bodmer-Roy, porte-parole de l’organisation Save The Children.

Chassées de chez elles par les affrontements, 27.000 personnes sont toujours dans ce camp sous la protection de l’Eglise catholique et de quelques casques bleus.

Un calme relatif est revenu après la capture le 11 avril à Abidjan de Laurent Gbagbo, qui refusait de céder la présidence à Alassane Ouattara malgré sa défaite à l’élection du 28 novembre dernier, avalisée par les Nations unies.

Mais la plupart des réfugiés de Duékoué ont toujours peur de rentrer chez eux – et beaucoup n’ont même plus de maison, de nombreux villages ayant été incendiés lors des combats.

“Pour nous la guerre n’est pas finie, il n’y a aucune sécurité”, explique Michel Tieoula, 51 ans, un planteur de cacao que la guerre a contraint à fuir le 24 décembre son village avec ses deux femmes et ses onze enfants. “Encore maintenant, je ne peux pas sortir d’ici.”

Ariale Glaiso, une fillette de treize ans, a fui son village en janvier. “On a entendu des tirs, les gens disaient que c’étaient des combats entre Guéré et Dioula”, se rappelle-t-elle. Pendant des heures, elle a dû se cacher dans la forêt avant de gagner la mission de Duékoué. “Tout ce que je demande, c’est la paix, je veux revenir dans mon village, je veux aller à l’école.”

La tâche du président Alassane Ouattara s’annonce difficile – réconcilier une nation divisée depuis de nombreuses années, sur fond de différends fonciers et de rivalités ethniques ravivés par le scrutin de novembre dernier, qui était pourtant censé sceller la réconciliation.

En quatre mois et demi, les combats ont fait au moins 3.000 morts, ont chassé de chez elles plus d’un million de personnes et ruiné l’économie.

La région de Duékoué, des collines couvertes de forêts, a été le théâtre des violents affrontements, aggravés par les rivalités entre l’ethnie Guéré et des immigrés venus d’autres régions, voire d’autres pays, notamment des membres de la tribu d’Alassane Ouattara.

Une mission des Nations unies enquête sur les allégations selon lesquelles 800 Guérés auraient été tués en avril par des partisans d’Alassane Ouattara qui menaient une offensive dans la région.

Le président ivoirien a demandé pour sa part à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye d’ouvrir une enquête sur les crimes commis pendant la crise post-électorale.

“Il apparaît que le système judiciaire ivoirien, pour l’instant, n’est pas le mieux placé pour se pencher les crimes les plus graves commis ces derniers mois et que toute tentative de traîner en justice les coupables pourrait se heurter à toutes sortes de difficultés”, écrit-il dans une lettre datée du 3 mai et adressée au procureur général de la CPI, Luis Moreno Ocampo.

Par Reuters

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