Au fil des semaines, mois et années, la situation devient critique à Alépé, petite ville située à une cinquantaine de kilomètres d’Abidjan. Les habitants, excédés, dénoncent une pénurie d’eau qui perdure malgré les promesses des autorités locales. Dans les quartiers populaires, la corvée d’eau est redevenue un véritable parcours du combattant, réveillant des souvenirs que beaucoup espéraient révolus.
Des robinets à sec depuis des années
Depuis plusieurs mois, l’eau potable est une denrée rare dans la plupart des foyers d’Alépé et des villages alentours, Nianda, Grand-Alépé, Montézo, Memni, Monga etc. Partout, Les robinets sont carrément à sec, et lorsqu’ils daignent couler, c’est par de maigres filets, parfois chargés d’impuretés. « On peut rester trois à quatre semaines sans la moindre goutte d’eau au robinet », se plaint Madame Konan, commerçante au grand marché d’Alépé. « Nous sommes obligés d’aller jusqu’aux rivières, ou d’acheter l’eau à prix d’or auprès de vendeurs ambulants. »
Le coût de l’eau est ainsi devenu un fardeau financier supplémentaire pour de nombreuses familles modestes, qui doivent désormais choisir entre se nourrir et se laver dans des conditions dignes.
Une infrastructure vétuste et insuffisante
Selon plusieurs experts locaux, la pénurie serait en grande partie due à la vétusté du réseau de distribution et au manque d’investissements dans les infrastructures hydrauliques. La station de traitement qui dessert Alépé est obsolète et fonctionne à flux tendu, incapable de répondre à la demande croissante d’une population en expansion rapide.
De plus, les fuites d’eau non réparées et le piratage des canalisations aggravent les pertes sur le réseau, parfois estimées à plus de 40 % de la production totale.
« Les équipements datent d’une autre époque », explique un technicien sous couvert d’anonymat. « Sans un plan d’urgence pour la réhabilitation du système, Alépé risque de faire face à des crises d’eau de plus en plus fréquentes et graves. »
Colère et désillusion des habitants
Face à cette situation, la colère monte. Des groupes de jeunes ont organisé des manifestations spontanées ces dernières semaines pour réclamer l’intervention rapide des autorités. Mais pour l’heure, les réponses officielles restent timides et peu convaincantes.
« On ne peut pas parler de développement quand des populations passent leurs journées à chercher de l’eau », s’indigne Monsieur Diomandé, enseignant au lycée d’Alépé. « À quoi sert de construire des routes si les enfants tombent malades faute d’eau potable ? »
Les problèmes de santé publique se multiplient également : diarrhées, infections cutanées, et autres maladies hydriques affectent particulièrement les enfants et les personnes âgées.
Appel à un plan d’urgence
La crise actuelle démontre, s’il en était encore besoin, l’urgence d’une réforme en profondeur du secteur de l’eau dans les villes secondaires comme Alépé.
Les habitants demandent :
- La réhabilitation immédiate de la station de traitement existante.
- L’extension du réseau pour couvrir les nouveaux quartiers périphériques.
- La mise en place de bornes-fontaines publiques pour les zones non raccordées.
- Une politique tarifaire solidaire pour les populations les plus vulnérables.
La situation à Alépé n’est pas un cas isolé. Elle est le reflet d’une crise nationale silencieuse qui menace de s’aggraver si des mesures fortes ne sont pas prises rapidement.
Priver des citoyens d’eau potable, c’est les priver de vie.
Le temps des discours est passé ; celui de l’action est venu
Lisez demain notre 2e partie de reportage, avec les réactions des autorités locales, le député, le maire, etc. et des concepteurs de la Station d’eau de la Mé.
Station d’eau de La Mé : un géant qui oublie Alépé
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