Finition du quatrième pont: L’entreprise chinoise CSCEC refuse de construire le tunnel et le dernier fly-over du projet

Photo a la Une: Le quatrième pont à l’image des troisième et cinquième pont, donne fière allure à la ville d’Abidjan. Mais sa construction reste parsemée d’obstacles

Le quatrième pont d’Abidjan est un ouvrage dont la construction est loin d’être un long fleuve tranquille, contrairement au troisième pont, le pont HKB, et au cinquième pont, le pont Alassane Ouattara. Aujourd’hui il y a visiblement un flou qui entoure l’ouvrage. On ne sait toujours pas s’il est  »totalement » achevé, ou si les travaux se poursuivent toujours.

Plusieurs articles ont été consacrés au sujet pour expliquer les blocages et la lenteur du projet. En fait, les Chinois ont posé un traquenard, le piège a fonctionné du fait de la cupidité de la partie ivoirienne. Dans le dernier article, publié le 10 Février 2025 et qu’on peut toujours consulté sur le site de connectionivoirienne.net, il a été établi que la finition de l’ouvrage faisait l’objet d’un nouveau bras de fer entre la partie ivoirienne et la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), l’entreprise chargée des travaux.

Finition du quatrième pont: Un nouveau bras de fer entre les Chinois de la CSCEC et la partie ivoirienne

En réponse à cet article, la CSCEC a publié un droit de réponse le 06 Mars, qu’on peut consulter sur plusieurs sites, dont celui de connectionivoirienne.net. La CSCEC avance une série d’explications techniques pour justifier les retards et les surcoûts du projet. Selon ses explications, la libération des emprises auraient entraîné un retard de « 50 mois », et la pandémie du covid un retard de « 03 années ». Pourtant on peut lui objecter que le pont de cocody fut construit lui aussi en plein covid et par une autre entreprise chinoise, la CRBC ( China Road and Bridge Corporation). Le pont a enregistré un retard de seulement 06 mois sur sa date de livraison prévue. Quant à libération des emprises du quatrième pont, des images attestent qu’en 2021 déjà, les principaux sites étaient en grande partie libérés. Le BRT ne peut avoir engendré des surcoûts pour le quatrième pont, parce qu’il fait l’objet d’un financement distinct.

Mais ce qui doit véritablement retenir l’attention dans la publication de la CSCEC, c’est lorsqu’elle affirme que : « Le 4ème pont d’Abidjan a été mis en service pour la première phase le 10 janvier 2024, et la mise en service complète de la deuxième phase a été achevée le 1er juillet 2024. » En d’autres termes, pour les Chinois de la CSCEC, le chantier du quatrième pont est terminé depuis le 10 Juillet 2024 !!

Pourtant selon la fiche technique des travaux, il reste à construire un tunnel en dessous du boulevard Nangui Abrogoua, et un Fly-over (un pont) de 02 x 02 voies sur l’avenue Reboul qui doit enjamber l’Avenue 13 et descendre devant la caserne des pompiers de l’Indénié. Ce sont ces deux composantes qui constituent la « deuxième phase » des travaux. C’est bien pour les réaliser qu’une partie d’Adjamé-village a été déguerpie. Rien n’a été entrepris sur le site depuis ce déguerpissement. Pourquoi la CSCEC affirme alors avoir terminé les travaux du quatrième pont ? Qu’ont-ils réalisé dans cette « deuxième phase » ?

Nous le répétons haut et fort. Le quatrième pont ne peut pas être considéré comme achevé à ce stade comme le prétend la CSCEC. C’est une arnaque, flagrante et grossière qu’il faut vivement dénoncer. Les travaux du quatrième pont doivent prendre fin à l’Indénié, conformément à la fiche technique des travaux qui a été publiée. Il reste bien à construire un tunnel et un dernier pont.

Depuis le début, les Chinois se sont inscrits dans le faux. Alors que 142 milliards étaient prévus pour la construction du pont, ils ont prétendu dans leur offre pouvoir le construire avec seulement 110 milliards de FCFA et en 26 mois. Bien que les études avaient montré qu’on ne pouvait pas construire l’ouvrage avec une telle somme, les officiels ivoiriens en charge du dossier ont quand même choisi cette offre parce derrière, il y avait 32 milliards « d’économies » qu’on pouvait réaliser, et donc qu’on pouvait se partager entre copains.

Mais la suite a montré que les Chinois avaient une idée derrière leur « charmante » offre. Alors que les choses étaient suffisamment avancées et qu’on ne pouvait plus revenir en arrière, ils mettent en avant de nouvelles exigences pour renégocier à la hausse leur offre initiale. Il s’ensuit un bras de fer avec la partie ivoirienne sur environ deux ans, qui paralyse les travaux. Finalement, les Chinois reçoivent 12 milliards supplémentaires sur la vingtaine qu’ils réclamaient. Le coût global du pont passe alors de 142 à 154 milliards, et leur offre passe de 110 milliards à 122 milliards. Ils font alors mains et pieds pour achever la « première phase » le 10 Janvier 2024, un jour avant l’ouverture de la CAN. Ce qui est un autre piège puisqu’il n’ a jamais été prévu de livrer l’infrastructure en « deux phases ». Le chantier fut lancé le 30 Juillet 2018, pour s’achever en Septembre 2020 dans son intégralité.

Pour la « seconde phase » les Chinois réclament encore une rallonge. Devant le refus de la partie ivoirienne, ils refusent tout simplement de réaliser les derniers travaux, à savoir le tunnel sous le boulevard Nangui Abrogoua et le pont sur l’avenue Reboul. Juste 06 mois après la première phase, ils déclarent avoir « terminé » la « seconde phase » et donc la construction de l’ouvrage !! Les officiels ivoiriens ne peuvent pas réagir parce qu’ils savent qu’on va leur réclamer des comptes sur les 32 milliards qui sont censés avoir été « économisés ». Ils ne sont pas en capacité de dénoncer les Chinois. Mais en tout état de cause le gouvernement devra produire un communiqué pour éclairer l’opinion.

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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