Songon le 27 avril, Agboville le 4 mai, Dabou le 11 mai, Katiola, Tiassalé et en attendant d’autres localités du pays, les cérémonies d’hommage au chef de l’état sont de saison. Les cadres, ministres, Dg, Pca, présidents d’institutions et tous ceux qui ont une portion de pouvoir, tout le monde se mobilise. Personne ne veut rater pour rien au monde l’occasion. Il faut justifier sa nomination, défendre son poste, accroître ses intérêts.
A coups de millions de Fcfa, les deniers publics pourront en souffrir. Mais la cause est noble. Rendre au président ce qui est au président. C’est lui, le bienfaiteur, l’homme providentiel, ailleurs le messie. Pourrait-il en être autrement ? C’est une tradition bien ivoirienne au compte de ce qu’un confrère appelait les ivoirogneries. Sous nos yeux se déroule une campagne présidentielle anticipée dont le but est d’ancrer dans l’opinion que le chef est à la barre et qu’il est toujours bon pour le service. Il est irremplaçable tant qu’il a le souffle peu importe le poids des âges. Tant pis pour ceux d’en face sans grands moyens qui voudront apporter la contradiction.
La télévision publique, le journal public. La radio nationale sont mis à contribution. Les autres peuvent attendre et regarder et lire et écouter ce qu’on dit des prouesses du chef. Il faut plier le match avant terme et aucune voix contraire ne devra être admise.
La présidentielle de 2025 est déjà sur toutes les lèvres. Elle sera cruciale au regard des enjeux. Et la propagande actuelle du parti au pouvoir vise une seule chose, conserver le pouvoir. Quoi de plus normal !
Mais ici, le discours se muscle. Il se raidit. Il donne à avoir peur du changement. Or notre histoire récente devrait nous appeler à plus de responsabilité à maintenir la paix sociale. La foire aux insultes, au dénigrement et autres termes dégradants qui n’ont rien à voir avec la critique, inquiète. Qu’en sera-t-il quand le ton de la campagne sera donné ? Opposition et pouvoir chacun doit s’inviter à une introspection. La Côte d’Ivoire doit absolument conjurer le sort des élections présidentielles meurtrières. C’est pourquoi il faut maintenant désarmer le verbe. Ce serait hommage à la Côte d’Ivoire qui nous a tant donné.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
Commentaires Facebook