Déclaration du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » sur l’endettement de la Côte d’Ivoire

Le mardi 26 mars 2024, le ministre des Finances et du Budget est passé devant l’Assemblée nationale présenter un projet de loi relatif à la politique d’endettement et à la gestion de la dette publique. Ce projet de loi qui a été rejeté par les députés du PDCI-RDA a donné lieu à des débats houleux sur l’endettement de la Côte d’Ivoire. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » apporte sa contribution au débat, avec un regard plus technique, depuis le point d’achèvement de l’Initiative PPTE jusqu’à ce jour et dresse des perspectives pour une économie ivoirienne plus dynamique et moins portée vers l’épargne extérieure.

Quelle était la situation de l’endettement de la Côte d’Ivoire avant 2012 ?

Avant l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE en juin 2012, le stock de la dette publique de la Côte d’Ivoire se chiffrait à 8 645,0 milliards de FCFA, dont 2 271,1 milliards de FCFA au titre de la dette intérieure et 6 373,9 milliards de FCFA au titre de la dette extérieure. Au 31 décembre 2012, suite à la réduction de dette extérieure obtenue au point d’achèvement de l’Initiative PPTE, ce stock se chiffrait à 6 129,8 milliards de FCFA dont 3 839,8 milliards de FCFA de dette extérieure.

La dette publique qui représentait 73% du PIB avant le point d’achèvement de l’Initiative PPTE ne valait plus que 35% du PIB après l’atteinte du point d’achèvement. Le service de la dette, lui, est passé de 500 milliards par an à 230 milliards de FCFA. Le profil de la dette extérieure s’est donc nettement amélioré après le point d’achèvement PPTE en 2012, rendant ainsi possibles de nouveaux emprunts. C’est à ce niveau qu’est parvenu l’endettement de la Côte d’Ivoire et, cette belle réalisation est à mettre au bénéfice du régime du président Laurent Gbagbo.

S’il n’y avait pas eu l’atteinte du point d’achèvement PPTE qui a permis une réduction substantielle de la dette extérieure de la Côte d’Ivoire, il n’aurait pas été possible au Président Alassane Ouattara d’emprunter autant qu’il le fait pour financer sa politique de développement. Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », ce n’est pas parce qu’on fait de la politique qu’on doit nier les bonnes initiatives prises par l’autre.

Pourquoi y a-t-il eu l’Initiative PPTE sous le président Laurent Gbagbo ? Il y a eu le PPTE parce que la Côte d’Ivoire était, entre autres raisons, à un niveau jugé insoutenable après l’application des mécanismes d’endettement traditionnel de traitement de la dette en Club de Paris (« termes de Naples »).

Que s’est-il passé après 2012 ?

Depuis l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE, le régime Ouattara a recommencé avec les mauvaises habitudes. En fin juin 2023, la dette de la Côte d’Ivoire se chiffre à plus de 25 000 milliards de FCFA, soit 25739,2 milliards de franc CFA (chiffres du ministère des Finances et du Budget). A cette même date de fin 2023, le ratio d’endettement se situe à 58,1%. En 2022, il était de 56,7% et est projeté, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), à 57,3% en 2024.
Si l’on considère les 8000 milliards de franc CFA de stock d’endettement d’avant 2012, il apparaît que le stock a été multiplié par 3,125 pour se situer à environ 25000 milliards de FCFA. Pendant ce temps, le PIB est passé de 12000 milliards de FCFA, en 2010, à environ 48000 milliards de FCFA, en 2023, soit 4 fois le niveau de 2010. Mais, ces chiffres cachent un profond malaise. En effet, le service de la dette qui était de 230 milliards de FCFA en 2012 est passé à 3742,9 milliards de FCFA en 2023, soit 16,3 fois le niveau de 2012.

Il en découle que l’endettement de la Côte d’Ivoire entraine des sorties de capitaux pour rembourser les dettes, plus élevées que l’effet de la dette sur la création de richesses dans le pays. Pour la seule année de 2023, les ressources internes du pays s’élevaient à 5281,1 milliards de FCFA (impôts et taxes) alors que le service de la dette exigible s’élevait à 3742,9 milliards de FCFA. Conséquences : 70,87% des ressources internes sont utilisés pour rembourser les dettes contractées. C’est un poids énorme sur les ressources. Les 30% qui restent ne peuvent même pas couvrir la masse salariale qui représente 37 % de ces ressources internes. Où trouver les 7% restant ? Nécessairement dans l’emprunt ! Cela veut dire que, pour payer même les salaires des fonctionnaires, la Côte d’Ivoire est obligée de recourir à des emprunts.
Voilà la pression que l’endettement de la Côte d’Ivoire par le régime Ouattara après 2012 fait subir aux ivoiriens et aux finances publiques. La croissance est à crédit et les fonctionnaires sont payés à crédit. Même la dette est payée à crédit. En effet, c’est pour préserver la viabilité des finances publiques et de la dette que le Fonds monétaire international (FMI) a accordé, en 2023, à la Côte d’Ivoire, un prêt de 3,5 milliards de dollars, soit un peu plus de 2000 milliards de FCFA. La Côte d’Ivoire, pour utiliser la formule relâchée des ivoiriens, prend crédit pour rembourser crédit. Le fonctionnement de l’Etat de Côte d’Ivoire repose sur la dette. Voilà la triste réalité économique de notre pays.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » n’est pas contre les chantiers de développement initiés par le Président Alassane Ouattara. Bien au contraire, il a toujours salué ses réalisations. Il lui recommande, cependant, une politique d’endettement prudente parce qu’au rythme où il endette la Côte d’Ivoire, nous courons tout droit, les années à venir, vers un autre PPTE.

Il hypothèque ainsi l’avenir des prochaines générations et la gestion des pouvoirs à venir qui auront les mains liées par sa dette et seront soumis au dictat des créanciers. Il devrait se rappeler que c’est le dictat des créanciers de la finance internationale qui a poussé le Président Félix Houphouët-Boigny à faire appel à lui pour sauver la barque qui coulait. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » veut voir l’endettement suivre une trajectoire soutenable pour les finances publiques et ne pense pas que le recours excessif à la dette soit une bonne solution.

Pourquoi faut-il une politique d’endettement prudent ?

L’histoire nous donne des avertissements en la matière. Dans les années 70 et 80, le boom du prix des matières premières avait incité le pays à s’endetter fortement pour financer son développement. Le retournement de tendance du cours des matières premières qui a suivi le choc pétrolier et la récession générale de la fin des années 70 et du début des années 80 ont entraîné une crise de la dette dont les séquelles sont encore perceptibles aujourd’hui.
Aujourd’hui, le président Ouattara construit en Côte d’Ivoire la croissance à crédit. Ceux qui se réjouissent de cette croissance ne sont rien d’autres que les bailleurs de fonds, les véritables gagnants. En réalité, une croissance dopée par la dette est une croissance à crédit. Elle est stérile et hypothèque l’avenir des futures générations. De plus, cette croissance à crédit ne développe pas les capacités de production qui, non seulement, sont les capacités de remboursement de demain (puisqu’elles génèrent des recettes fiscales), mais aussi et surtout, sont ce qui favorise la transformation structurelle de l’économie et contribue à réduire la pauvreté.

Il est vrai que, pour le moment, la Côte d’Ivoire a encore la confiance des marchés financiers, des agences de notation et des bailleurs de fonds. Cela veut dire que le pays reste solvable et peut toujours se financer sur les marchés. Pour le moment donc, il n’y a pas de crise de la dette mais des risques de surendettement demeurent. La situation n’est pas alarmante mais reste préoccupante. Aussi modéré qu’il soit, le risque de surendettement est réel et n’est pas à négliger par le gouvernement ; le taux d’endettement projeté par le FMI à 57,3% du PIB en 2024 est élevé pour l’économie ivoirienne face à un déficit budgétaire qui se creuse d’année en année.

Pour éviter le risque de surendettement, la Côte d’Ivoire doit chercher à contenir sa dette en dessous de 60% et ramener son déficit budgétaire au plafond communautaire de déficit public (UEMOA) de 3% du PIB d’ici 2025. En 2022, le déficit budgétaire était de 6,8% du PIB. En 2023, il était de 5,2% et est projeté à 4,1% du PIB en 2024. Pour rappel, c’est un fort endettement et un fort déficit budgétaire (plus de 13% du PIB) qui ont plongé la Grèce dans la crise en 2008. La Côte d’Ivoire en est loin mais son taux d’endettement est préoccupant et la nécessité de changer de trajectoire s’impose.

Il faut adopter d’autres stratégies de développement

Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », le pays ne peut plus continuer sur cette voie de développement importé, avec l’épargne des autres. Le pays doit changer de cap pour jeter les bases d’un développement autocentré et réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs. Ses recettes sont vulnérables aux fluctuations des cours des matières premières et 40% de ces recettes proviennent des impôts sur le commerce extérieur. Le développement autocentré qu’appelle le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » repose sur les piliers suivants :

– Le gouvernement doit réduire son train de vie en supprimant les institutions et les postes budgétaires non essentiels au fonctionnement de l’Etat. Cette réduction peut avoir un impact positif sur la mobilisation des ressources locales afin d’éviter de s’endetter davantage.
– Le pays doit compter sur les nouvelles technologies d’informations et de communication (NTIC).
– Il faut améliorer l’environnement des affaires afin d’aider le secteur privé.
– Le pays doit aller à une modernisation du secteur agricole.
– Le pays doit mobiliser plus de ressources internes en réduisant la part du secteur informel pour élargir la base fiscale de l’économie et disposer des recettes nécessaires à son développement. Il est impérieux de revoir l’étroitesse de l’assiette de l’impôt.
– Il faut construire des pôles industriels dans d’autres villes. Abidjan concentre 80 % des activités économiques du pays. Les zones industrielles de la capitale, saturées, ne permettent plus la création d’emplois à grande échelle. La solution revient à se tourner vers les villes intermédiaires du pays, à l’image de Bouaké ou de Korhogo. Ainsi, on créera plus de richesses et d’emplois et on accéléra la transformation structurelle de l’économie du pays.

C’est à ce prix que, pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », le pays pourra disposer d’une économie solide et plus dynamique que ce que nous avons aujourd’hui et faire face aux défis du développement et de l’emploi.

Fait à Abidjan, le 15 avril 2024.

Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».

Le Président
Pr. Séraphin Prao

Commentaires Facebook

4 réflexions au sujet de “Déclaration du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » sur l’endettement de la Côte d’Ivoire”

  1. Encore un autre ignorant qu’on pourrait appeler « cabri » déguisé du PPA-CI qui tente tant bien que mal de vouloir dans son ignorance attribuer la paternité de l’initiative PPTE à son minablissime Koudou. D’abord, pour la gouverne de ce president de je ne sais quoi, il faut rappeler que l’initiative pour le PPTE avait débuté sous l’ère de Bédié (paix à son âme). C’était globalement un acquis pour notre pays qui était éligible. En clair, notre éligibilité à cette initiative n’est en rien due aux pilleurs et minables refondateurs avec à leur tête le minablissime Koudou qui ont passé leur temps pendant 10 ans à danser, piller, et prendre des maîtresses.

    En outre, l’implémentation d’un tel vaste programme qui a toute une panoplie de paramètres et d’organisations internationales et créditeurs impliquées prend du temps pour être effectivement mis en application. En plus, avec les coups d’états, fausses élections et troubles cela crée des décalages dans bien de « trigerring mechanisms. » En fait, Koudou était l’obstacle majeur.

    Par ailleurs, combien de fois faut-il rappeler aux cabris du vaurien Koudou que notre ratio dette PIB est à 58 pourcent. En plus, tous les autres ratios par rapport aux recettes internes et exportations indiquent de très loin des risques modérés et une solidité àremplirnos engagements sur des années.

    Encore et non des moindres, nous avons investi massivement pour transformer structurellement notre économie ce qui nous met sur une pente de croissance soutenue pour des années voire décennies à venir. Quand votre gourou minablissime Koudou et ses cabris allaient à Agboville pour votre retraite n’avez-vous pas vu la qualité des infrastructures routières qui y mènent alors que ce vaurien himself se plaignait du manque d’infrastructures dans cette region quand il était président et n’arien foutu ? Maintenant, c’est chose faite pour ces populations grâce à la très bonne dette investie. On espère que les sorcières et cabris qui « ne mangent pas ponts et routes » comprennent cela.

    En définitive, qu’est-ce que vous proposez aux Ivoiriens pour nous faire avancer plus.loin et faire mieux que l’actuel président ?

  2. Toi qui es-tu pour déverser chaque fois ta bile sur d’honnêtes citoyens qui tentent de faire entendre un autre son de cloche. Entre quelqu’un qui tient un raisonnement construit et toi qui fait un récital de ta case de voleurs qui est mouton ?
    N’importe quoi !
    Est-ce que tu connais M. Prao pour le traiter de la sorte ? Un peu de retenue dans tes moutonneries.

  3. Suis pas surpris d’une telle réaction venant de la galaxie des cabris du minablissime Koudou. Mon opinion est mienne. Si un cabri ou cochon de ton espèce s’en prend la gueule, c’est son problème. Seul un clochard de ton acabit peut demander si on « connait » un individu avant de réagir à son torchon. Les cabris que vous êtes du minablissime Koudou critiquez des autorités de la république tout le temps. Vous les connaissez ?

    Si un malhonnête intellectuel et cabri du minablissime Koudou comme cet individu publie des torchons, il se trouvera des Ivoiriens qui les apprécieront à leur piètre valeur. Juste un observateur de passage…

  4. Sous un autre angle, force est de constater qu’en fait nous avions eu raison de brocarder à 100% dès le départ ce plaisantin Prao comme un cacique minable de la galaxie des cabris du minablissime Koudou. Je m’explique en 3 petits points.

    Primo, ce pseudo intellectuel n’a jamais pris la peine ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle de fustiger la gouvernance scabreuse et désastreuse de son chef de culte le minablissime Koudou qui avec sa refondation a ramené notre pays 20 ans en arrière. Je ne sais pas si cet individu a fait quelques cours d’économie mais qu’il nous dise combien de pays développés l’ont fait sans investissement massifs et continus dans les infrastructures ou sans endettement. Pendant 10 ans, le régime des pilleurs LMP n’a fait quasiment aucun investissement. Je le répète quasiment AUCUN investissement structurant MÊME DANS LA PARTIE DITE UTILE. On nous dira c’était la guerre. Ah bon, et pendent ce temps CES MINABLES ET CABRIS de vaurien Koudou S’ENRICHISSAIENT et détournaient sans relâche. Et aujourd’hui, ces rigolos deviennent donneurs de leçons économiques. Il faut en rire…
    Voici le contexte, voici l’environnement dans lequel Ouattara a pris le pouvoir avec une économie exsangue et infrastructures en déconfiture et 20 ans en arrière.

    Tout vrai économiste pas corrompu moralement comme l’auteur de ce torchon comme je le disais tantôt devrait saluer la dextérité de Ouattara à refaire et ramener notre économie au 21ème siècle avec des investissement massifs comme l’a fait Eisenhower aux USA dans les années 40 ce qui a exponentiellement déchaîné le potentiel économique des USA qui dure depuis près de 80 ans. Donc, oui absolument OUI, en tant qu’observateur, il faut saluer au plus haut point la vision du PR Ouattara en matière de développement que des plaisantins ne peuvent reconnaître soit par pure mauvaise foi, soit par ignorance résultante de leur mauvaise éducation en la matière. Ou bien peut-être est-ce une combinaison des deux.

    Segundo, notre endettement a essentiellement, je répète essentiellement été utilisé pour bâtir des infrastructures. Ça, tout vrai économiste vous le dira c’est la meilleure dette qui soit spécialement dans un pays qui n’avait rien comme infrastructures viables en zones rurales et urbaines.

    Tertio, les chiffres de nos ministères indiquent clairement que notre risque d’endettement est modéré. Des organisations internationales comme la Bad, Moodys, le FMI, la Banque mondiale etc… le confirme. Nous sommes DEUXIÈME EX AEQUO EN AFRIQUE avec l’Afrique du Sud en notation. On n’a pas besoin d’être pro-Ouattara pour saluer cet exploit. On n’a pas non plus besoin d’être pro-Ouattara pour saluer la gestion rigoureuse de nos finances publiques constater par l’intelligentsia économique internationale. Quand alors un ignorant (sans références) cabri ex LMP derrière son petit ordinateur veut démontrer que l’apocalypse approche, il faut alors qu’un autre angle lui soit rappelé sans langue de bois.

    En conclusion, c’est un vrai faux débat suscité par des individus qui méritent de se rééduquer économiquement. Quand on voit un autre cabri pinhead comme un certain @sylvain debailly venir sans arguments et avec ses petites emotions pleurnicher c’est tout comprendre et on en rigole. Si cet individu a quelque chose dans son tonneau vide de cabri lèche-cul de Koudou qu’il vienne présenter ses arguments pour un débat avec nous.

    Encore le même observateur de passage….

Laisser un commentaire