Can hospitalité/Noyade ivoirienne à Ebimpé – Les choix hasardeux et le football wouya wouya enfin sanctionnés

A moins d’un miracle, l’équipe des Eléphants de Côte d’Ivoire ne participera pas aux huitièmes de finale de la coupe d’Afrique organisée à domicile. Devant un public fortement mobilisé au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé qui a battu le record de plus de 50 mille spectateurs sans compter les millions d’ivoiriens qui suivaient ce match, Franck Yannick Kessié et ses compagnons d’un soir ont subi l’humiliation collective. Ils concèdent à l’arrivée 4 buts sans en marquer un seul. La Guinée Equatoriale amenée par un certain Emilio Nsué a largement profité des faiblesses d’une équipe ivoirienne qui a manqué d’inspiration. Menés 1 – 0 à la mi-temps, l’on croyait les Éléphants capables de révolte. Que non ! Ils étaient plutôt comme atteints d’éléphantiasis, cette maladie qui grossit et plombe les pieds. Aucune réussite 90 minutes durant, s’offrant seulement deux malheureux buts sur hors-jeu. Ce soir, il n’y a pas de mot pour décrire cette noyade collective, il n’y a pas de mots pour qualifier cette malchance et cette aventure manquée.

C’est clair, cette débâcle est la résultante des choix hasardeux depuis le début. Depuis le choix de l’entraîneur Jean Louis Gasset fortement décrié par les connaisseurs du football en passant par l’élection à la Fif qui a échappé à un candidat qui avait un plan bien ficelé pour relancer le football ivoirien après la gloire de 2015, Didier Drogba. En Côte d’Ivoire, nos décideurs tiennent moins compte des critiques et de l’avis des observateurs. Tout se fait selon les intérêts du moment, ceux qui servent la vision de l’autorité régnante. Le résultat de tous ces choix aussi hasardeux qu’approximatifs est là ce soir. La désillusion est totale.

Depuis le début on a construit des infrastructures de la Can pour le bon confort des visiteurs, on n’a pas bâti une équipe nationale, une équipe compétitive à même de rivaliser avec les nations montantes du football comme le Mali, la Guinée Equatoriale, le Sénégal et autre. On nous a produits du football wouya wouya, ce jeu décousu, sans engagement et sans véritable métronome hormis Seko Fofana et deux autres, des borgnes au pays des aveugles. Ce football approximatif ne peut pas vaincre, il ne peut pas nous projeter vers l’avenir. Le pays des Didier Drogba, Yaya Touré, Baki et toute cette génération dorée qui aura disputé deux coupes du monde n’a pas encore trouvé la relève.

Ce soir, les Ivoiriens qui adorent le football n’ont que leurs yeux pour pleurer, leurs voix pour crier leur ras-le-bol et se lamenter face à un autre recommencement qui se profile. Même si mathématiquement l’élimination n’est pas définitive, ils sont nombreux les Ivoiriens qui ne se rendraient pas fiers de la qualification d’une équipe qui n’en mérite pas.

SD à Abidjan

sdebailly@yahoo.fr

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5 réflexions au sujet de “Can hospitalité/Noyade ivoirienne à Ebimpé – Les choix hasardeux et le football wouya wouya enfin sanctionnés”

  1. Merci @SD. Je faisais écho wouya wouya-isme des mêmes choix ou décisions incompréhensibles et à la limite studpides. Appelons un chat un chat.

    Mathématiquement pas éliminés ? Mon frère, ne rêvons pas. Même si le miracle mathématique se produisait quand on regarde ces incompétents jouer avec leur coach « horrible » on ira où même comme on le dit au quartier ? Pour finir, il y a longtemps que le Sénégal n’est plus un pays montant. Ils sont détenteurs de bien de trophées sur le continent à plusieurs niveaux. C’est une puissance footballistique sur notre continent à part entière.

  2. ===== LE TEMPS DE L’HUMILITÉ =====

    « …C’est le football mon fils… C’est le football ! Il est parfois injuste et aveugle à certaines considérations. Un jour tu tombes de très haut et toimême tu es surpris d’être encore intact. Quand on fait ton contrôle..certains organes sont désintegrés… . ».

    A l’ancien qui me parlait hier, je donne raison. Avec moins de VAR et les deux « buts » accordés le match aurait basculé et le résultat aussi. On se présenterait aux 8èmes de finale comme un ogre affamé !

    Bravo à la Guinée équatoriale. Mais enfin !

    Avant son miraculeux boom pétrolier, qui ne date pas véritablement de plus de 30 ans, que valait la petite Guinée équatoriale ?

    Dans l’Afrique Centrale un petit état ignoré…

    Depuis que l’or noir coule de gigantesques transformations sont survenus dans tous les domaines. A commencer par les ressources humaines. Dans le domaine sportif le pays s’est permis d’organiser conjointement avec le Gabon une coupe d’Afrique des nations de football et plus tard tout seul comme un grand une seconde dans la foulée ! Comme un grand ! Et si le pays était devenu un grand ? Non pas vraiment. N’empêche les écailles nous tombent des yeux face à cette nation sportive qui monte…et qui monte au rythme des CAN…

    Le match référence qu’on attendait des Éléphants ils l’ont déjoué. Une lecture inversée pour nous offrir une historique déculottée à domicile qui fera date comme le 8 juillet 2014 au Brésil face l’Allemagne lors de la demi-finale de la 20e Coupe du monde de football.

    On pourrait dire comme on l’a souvent entendu ailleurs NOUS AVONS GAGNÉ LE PARI DE L’ORGANISATION… pour couvrir l’aveu d’échec sportif et se réfugier dans la qualité des investissements.

    De grosses écailles couvraient nos yeux et il nous était impossible de voir que nos athlètes d’aujourd’hui ne sont ni la génération très soudée de 1992-1995 encore moins celle très dorée de la décennie 2006-2015 qui aurait pu nous valoir 2 à 3 trophées…si le management avait suivi !

    Les coupes se gagnent avec la défense dit-on. La nôtre jeune est largement en construction. Tous les postes sont mutants. Aucun titulaire immuable pour un poste ne s’est affirmé sinon par défaut ! Pire les schémas de jeu eux-mêmes sont toujours en chantier.

    Il faut oser se l’avouer. Depuis la CAN 2015, une grande page a été tournée. La nouvelle tarde à s’écrire. La loi des cycles est passée par là…

    En nous lançant dans le challenge de l’organisation de la CAN 2021, décision prise il y a bien longtemps dix années de cela (La Confédération africaine de football a initialement annoncé les hôtes des éditions 2019, 2021 et 2023 de la coupe d’Afrique des nations après le vote final lors de la réunion de son comité exécutif du 20 septembre 2014, attribuant l’édition 2019 au Cameroun, l’édition 2021 à la Côte d’Ivoire et l’édition 2023 à Guinée) nous surfions encore sur la domination écrasante même sans trophée d’une génération exceptionnelle ! Personne ne pouvait présumer en 2014 que dix années plus tard, nous serions devenus nation quelconque au plan footballistique. Au demeurant un an après cette décision nous étions encore champions d’Afrique.

    Les Dieux sont partis les uns après les autres et avec cette baraka qui fait que tout réussit aux meilleurs !

    On ne saurait en vérité demander le miracle à ces sélectionneurs qui se sont relayés à la tête des Éléphants depuis lors. Surtout qu’ils découvraient pour certains pour la prémiere fois la gestion d’une équipe nationale et pire la réalité d’une Coupe d’Afrique. Additionné à d’autres incertitudes, le choix d’un coach à l’énergie éprouvée pour une compétition baptisée TOTAL..ÉNERGIES était manifestement un pari très risquée !

    Quoiqu’il arrive désormais (la compétition continue pour tous…) le futur devra s’écrire avec un autre paradigme. Si nous voulons capitaliser le meilleur pour nos générations futures en tirant profit des énormes et magnifiques investissements réalisés.

    En attendant enfonçons nous davantage dans le mysticisme. A Akradio le match aurait été vendu par des traites. Débusqués et mis en déroute le combat peut donc continuer ! Le miracle en magie noire est toujours possible ! On sera qualifié parmi les QUATRE meilleurs troisièmes et à partir de là TOUS LES COMPTEURS seront remis à zéro ! Les mémoires seront reformatées et comme l’inondation oubliée, la noyade du lundi noir sera oubliée

  3. C’est dans les années 70 que les boat people déferlèrent sur l’Occident. L’image éponyme de cette époque est celle de ces réfugiés accroupis en bordure de route, avec un bol de riz pour seul repas quotidien. Des années plus tard, ils contrôlent des pans entiers des économies de leurs pays d’accueil. Il est vrai aussi que pour l’Asiatique dont la culture n’est pas monothéiste, la foi en l’homme comme individu porteur en lui d’équilibre et de force cosmique, simple maillon de la chaine universelle du Cycle, le sacrifice et la conscience du temps long fait partie de la philosophie de vie : on défriche, on sème sans assurance de voir la récolte. Le 1er monarque de la dynastie Ming (ou d’avant) qui lança la construction de la Grande Muraille savait ce que cela serait à terme, avec l’assurance de ne voir la concrétisation de cette œuvre titanesque de son vivant (tout comme les rois d’Europe qui commandèrent ces imposantes cathédrales gothiques au Moyen-Age).

    Que veut-on tirer d’une population qui vit sans plan d’épargne ou sans assurance santé ou vieillesse ? Combien d’entre nous sommes disposés à faire un bilan de santé, ou un simple test de dépistage au VIH ? L’Epicure a le vent en poupe avec son horizon nourricier, l’argent en vitesse : « ici ! là ! maintenant ! » est la devise. Va expliquer à tout ce beau petit monde qu’une politique de football se réfléchit rationnellement, se met en œuvre de façon stratégique pour des résultats à moyen ou long terme. Et c’est la valse des entraîneurs, des équipes dirigeantes, des joueurs, etc, bref pour ne rien construire de durable : « Pérennité, sa mère ! ». Plutôt qu’une organisation rationnelle, on a des sorciers, marabouts, féticheurs, «prophètes », bonbon pasteurs et tutti quanti. Notre société fonctionne mal, avec des valeurs inversées sur une construction individuelle faussée. Y’a vraiment du boulot !

    Bien sûr que les gouvernants ont l’obligation de corriger ce grave biais cognitif, quand l’on sait que pour l’essentiel, notre population, il y a trois générations, courait très légèrement vêtue dans les savanes et forêts. Mais que nenni, on promeut le « poulet devient quelqu’un » pour bien montrer que le mérite et le temps long (donc la valeur de l’effort soutenu et du sacrifice) n’ont aucune espèce d’importance. A qui demander dans ces conditions, d’accepter que l’équipe nationale ressorte d’une CAN bredouille au motif qu’il y a un travail de reconstruction en cours ? Que les fondamentaux notamment un championnat crédible et attractif doivent être mis en place ? Que dorénavant pourvus en infrastructures sportives de haute qualité, le professionnalisme s’invite chez nous, détournant le regard des classico Réal/Barça ? Non… tout ça est trop compliqué, on veut la CAN ici, là, maintenant ! Déjà, Akradjo nous a bipé. Le rêve est gratuit 🙂

  4. Chapeau @Coigny

    « La conscience du temps long… »

    La meilleure réflexion que j’ai lu ici depuis la nuit des temps.

    Question :
    La conscience du temps long est-elle compatible avec les mandats courts et au nombre limité ?
    La conscience du temps long est-elle compatible avec un monde dominé par les technogies du supercalculateurs soumis à des calculs intensifs dans des temps hyper réduits ? Lesquelles technologies modifient toutes les perspectives de pensée des apprenants ?…

    Vaste question qui m’éloigne forcément de la CAN et d’AKRADIO où se jouerait notre sort !

    Vive le Maroc dont la victoire nous ramènera dans la course.

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