Ppa-Ci / Stéphane Kipré à ses détracteurs : « Président de parti, je l’ai été… Je suis au Ppa-Ci pour servir une cause et un chef »

. « Le PPA-CI n’est pas un bien privé qu’on cède »

Stéphane Kipré est le 1er Vice-Président Exécutif du PPA-CI en charge de l’implantation et de l’animation des fédérations et des coordinations, fonction qu’il cumule avec celle de membre du Conseil stratégique et politique (Csp). Depuis un temps, il est au centre d’intrigues ourdies par des cadres et militants du Ppa-Ci qui supportent mal la bonne entente entre lui et le président Gbagbo. Pour certains, tout concourt à le positionner au sommet du parti quand pour d’autres, il n’est pas l’homme idéal qui devrait être dans les bonnes grâces du président Gbagbo. L’ancien président fondateur de l’Union des nouvelles générations (Ung), formation politique dissoute à l’avènement du Ppa-Ci s’en défend. Stéphane Kipré avec le ton et la modération qu’on lui connaît réplique aux agissements de ses détracteurs dans cette guerre de positionnement sournoise au parti créé par l’ancien président Gbagbo. Interview

Il a fallu attendre plusieurs mois en dépit de nos relances pour obtenir cette interview. On remarque aussi que vous parlez rarement aux médias. Pourquoi Stéphane Kipré évite la presse ?

C’est un faux procès que vous me faites. Je suis régulièrement en tournée politique à l’intérieur du pays et la presse est associée à ces activités. Vous avez donc l’opportunité, dans le cadre de ses activités politiques, de m’entendre sur certains sujets importants d’intérêt national et d’en faire un large écho. Mais avouez que, souvent, vous préférez donner un écho aux sujets qui font le buzz plutôt qu’aux préoccupations réelles de nos populations. À titre d’illustration, la décision du gouvernement de procéder à une augmentation de 10% du coût de l’électricité, dès le 1er janvier 2024, alors qu’il nous avait promis une baisse grâce aux investissements à coups d’endettements réalisés dans le secteur passe inaperçue. Voici autant de problèmes qui préoccupent nos populations dont la presse devrait se faire le relais mais ce n’est pas souvent le cas.

Vous accusez la presse, mais que font les partis d’opposition comme le PPA-CI ?

Au PPA-CI, nous n’avons sans cesse de dénoncer la mauvaise gestion du pouvoir actuel d’une part et d’autre part, de proposer notre vision de la gestion du pays. Nous sommes une opposition républicaine. Nous utilisons les moyens légaux notamment les meetings pour dénoncer, critiquer, donc jouer notre rôle d’opposition responsable. Nous animons par exemple toutes les quinzaines ‘’la tribune du PPA-CI’’ par l’intermédiaire du ministre Koné Katinan au cours de laquelle les actes de gestion du pouvoir actuel sont passés au peigne fin. C’est donc la presse qui doit jouer son rôle de 4ème pouvoir et informer les ivoiriens sur ces questions. Et si elle ne le fait pas, les citoyens ne pourront pas être informés sur ces sujets. Pour que la démocratie fonctionne, chaque composante de la société doit accomplir sa mission.

Voilà maintenant quatre mois que le RHDP a eu raison de la coalition PDCI-RDA/PPA-CI à l’occasion des régionales dans le Haut Sassandra. Quelles leçons tirez-vous de cette défaite ? 

Ce fut une belle expérience.  Pendant deux années, avec les camarades, nous avons parcouru la région pour nous imprégner de ses réalités et partager notre projet pour son avenir. J’ai, par la suite, été désigné candidat avant que le parti, dans le cadre de notre alliance avec le PDCI-RDA, ne me demande de me retirer au profit du candidat du PDCI-RDA, le professeur Djédjé Mady.

Je vous assure que ce ne fut pas une décision facile à accepter et digérer. En dépit des énormes sacrifices consentis pendant ces deux années, je me suis soumis à la décision de mon parti et sans calculs j’ai soutenu ardemment mon ainé lors de ces élections. Et pourtant, j’aurai pu m’entêter et convaincre le parti de me laisser me présenter comme ce fut le cas dans d’autres régions où un accord n’est pas intervenu.  Mais, je considère que l’intérêt du parti est au-dessus de mes ambitions même lorsqu’elles sont légitimes. Et soyez certain d’une chose : qu’on perde ou qu’on gagne, j’apprends toujours. Et j’ai beaucoup appris et tiré les leçons utiles pour les échéances à venir. Ce fut un honneur pour moi d’avoir œuvré avec détermination et abnégation aux côtés du Professeur Djédjé Mady à l’occasion de cette élection régionale. C’est un homme de qualité exceptionnelle et un homme d’expérience.

Après la débâcle de votre parti aux élections municipales et sénatoriales, le président Gbagbo a procédé à un réaménagement du secrétariat général. En dépit de votre défaite dans le Haut-Sassandra, votre pouvoir dans le parti a été renforcé. Comment interpréter cela ?

Avant de vous répondre, j’aimerais de prime abord vous dire que je ne partage pas votre opinion concernant ce que vous appelez débâcle. Je ne vais cependant pas revenir sur les conditions de l’élection. Notre parti en a longuement parlé. Mais est-ce que vous-même, vous croyez vraiment que le RHDP représente vraiment 90% de l’électorat dans notre pays ?

Et que répondez-vous concernant votre pouvoir qui aurait été renforcé dans le parti ?

Dans ma perception des choses, il n’existe pas de pouvoir dans un parti politique mais des hommes et des femmes en mission ; partageant une vision et un projet. Me concernant, je suis toujours à la même position, c’est-à-dire membre du Conseil Stratégique et politique et 1er vice-président exécutif. Si vous faites référence au fait que le Président Laurent GBAGBO ait rajouté l’animation des coordinations et des fédérations à l’intitulé de mes fonctions, je pense que cela répond à un besoin de clarification de ma mission. Car en réalité, dans le cadre de ma mission d’implantation, les fédéraux et les coordinateurs ont toujours été mes interlocuteurs. Par contre, dans le cadre du réaménagement intervenu, certains camarades ont obtenu des promotions et je m’en réjouis dès lors que cela sert notre cause commune.

A vous entendre, Laurent Gbagbo ne vient donc pas de vous céder le parti comme cela se dit ?

Je vous rappelle à toutes fins utiles afin de vous rafraichir la mémoire que de 2007 à 2021, soit durant 14 ans, j’étais président d’un parti politique légalement constitué dans notre pays. Et mes camarades et moi l’avons dissous à un congrès à la fondation Felix Houphouët Boigny de Yamoussoukro – là ou tous les partis politiques importants du pays se réunissent – pour répondre favorablement à l’appel du président Laurent Gbagbo nous invitant à le rejoindre pour fonder un nouvel instrument politique qui sera plus tard dénommé Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire. Je suis donc venu servir une cause et un chef. Si mon combat principal se résumait à être président de parti politique, je ne serais pas venu au PPA-CI car je l’étais déjà.

Une fois que cela a été rappelé, sachez qu’un parti politique rassemble des hommes et des femmes qui se battent pour un idéal commun. Il n’est la propriété de personne au point de le céder comme un héritage à un héritier désigné par le prétendu propriétaire. Le PPA-CI n’est pas un bien privé qu’on cède. Cependant, je sais que certaines officines à l’intérieur comme à l’extérieur du parti sont à l’œuvre pour tenter de distraire nos militants avec ce genre de débats de sorte à justifier leur volonté à peine camouflée de se voir positionner pour les échéances à venir. Avoir des ambitions est légitime mais, il faut les inscrire dans la vérité et la justice.

Certains observateurs ont pourtant interprété votre montée en puissance comme une marque de confiance du président Gbagbo.

Je n’ai pas fait de montée en puissance. Je viens d’ailleurs de vous démontrer que je suis resté à mon même poste aussi bien au sein du Conseil Stratégique et Politique qu’au sein du Secrétariat Général. Toutefois, je me réjouis de bénéficier de la confiance de mon chef. On ne peut pas nommer une personne en qui on n’a pas confiance. Ce qui veut dire que tous les camarades nommés par le président du parti jouissent de sa confiance, moi y compris.

Qu’est-ce qui justifie donc toutes ces attaques dont vous faites l’objet à l’intérieur du PPA-CI dont nous avons écho ?

Vous savez notre parti est jeune et nous venons d’horizons divers ; avec des parcours et des expériences différentes. Je me réjouis qu’avec la majorité des camarades du parti, les rapports soient cordiaux et les relations fraternelles.

Il est vrai qu’il m’arrive de voir les réseaux sociaux, des individus se présentant comme des militants du PPA-CI, s’attaquer à moi et s’attaquer aussi à certains cadres du parti. Il est évident, à les écouter, que ces individus sont manipulés par des gens en interne, avançant de façon masquée et lâche. Je ne saurais donc ni les identifier encore moins justifier leurs attaques.

Pour ma part, cela ne m’émeut guère. Je reste focalisé sur ma mission qui est d’œuvrer à l’implantation du parti pour ainsi lui donner des chances d’assurer la gestion du pouvoir d’état afin d’offrir le meilleur à nos compatriotes. En toute humilité, j’aimerais dire à ces gens en interne qui alimentent ces réseaux sociaux de fausses informations juste pour que leurs préposés s’attaquent à d’autres cadres du parti, que de grands défis nous attendent. Il y a présidentielle de 2025 à préparer et à gagner. Il y a le combat pour la réhabilitation du président Laurent Gbagbo dans ses droits politiques, notamment son inscription sur la liste électorale. Il y a la question toujours pendante de la libération des détenus politiques. Sur toutes ces questions, il y a des combats à mener qui vont mobiliser toutes les énergies de notre parti. Il importe de sortir des débats inutiles qui risquent plus, de nous diviser qu’unir nos forces.

Justement, à propos de l’élection présidentielle de 2025, certains voient dans votre ascension la preuve que vous êtes le favori du président Gbagbo pour être le candidat du PPA-CI.

Je vous le dis tout net, de façon claire et sans ambiguïté. Je ne suis pas candidat à l’élection présidentielle de 2025 et ils le savent très bien. Je ne peux donc pas être le favori du président Laurent Gbagbo.  Mon candidat à l’élection présidentielle de 2025 est le président Laurent Gbagbo en attendant la convention qui le désignera officiellement, j’en suis sûr. Je suis au service d’un projet et d’une vision, qui vont au-delà de ma modeste personne.

Vous savez pourtant qu’il n’est pas éligible puisqu’il n’est pas sur la liste électorale. Pourquoi cet entêtement ? Quel est votre plan B ?

Pour le moment, il n’est pas sur la liste électorale mais il y sera.  Car l’absence du président Laurent Gbagbo de la liste électorale est une injustice. Ceux qui se sont faits les chantres de la lutte contre l’exclusion ne peuvent pas aujourd’hui exclure un adversaire parce qu’ils le redoutent. Le président Laurent Gbagbo a une histoire avec la Côte d’Ivoire. Il porte les espérances de millions de nos citoyens. Pourquoi veut-on l’empêcher de participer à une compétition électorale ? Pourquoi veut-on tenir le calendrier politique d’un leader à sa place et vouloir le contraindre à une retraite ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, ce sont justement ceux qui disent qu’il ne représente plus rien sur la scène politique nationale qui manœuvrent afin qu’il ne soit pas éligible. Nous ne pouvons pas accepter une telle forfaiture. S’ils sont convaincus que Laurent Gbagbo ne mobilise plus l’électorat ivoirien, qu’ils corrigent cette injustice et les ivoiriens leur prouveront le contraire. Notre plan A est le président Gbagbo et notre plan B reste la réparation de cette injustice comme nous l’avons fait à la CPI en gagnant le procès qui lui était intenté et en obtenant son retour en Côte d’Ivoire. Face aux injustices, la seule alternative reste la détermination.

Il n’y a donc personne d’autre dans votre parti capable de porter ses couleurs à la présidentielle de 2025 ?

Il ne s’agit pas seulement de choisir qui peut nous représenter. Il y a certainement beaucoup de militants qui peuvent être candidats. Le PPA-CI regorge de cadres ayant fait la preuve dans ce pays de leurs compétences et de leurs savoir-faire. Mais, il s’agit de qui peut nous faire gagner.  On choisit un candidat pour gagner et aujourd’hui notre candidat le mieux placé pour gagner, c’est le président Laurent Gbagbo.

Sinon, il y a certainement de nombreux cadres du parti qui peuvent prétendre représenter le parti.  S’ils font acte de candidature à la convention, les militants apprécieront. Je reste cependant persuadé que le meilleur candidat que nous ayons à ce jour est le président Laurent Gbagbo. C’est cette position que je défendrai à la convention et je pense qu’elle est partagée par la majorité des militants de notre parti.

Vous pensez que cette position est la meilleure alors que le PDCI RDA vient de se renouveler avec Tidiane Thiam et que le RHDP s’apprête à faire de même ?

Je félicite le ministre Tidiane Thiam pour son élection comme président du PDCI RDA et la volonté de la direction de leur parti d’en faire le candidat selon les résolutions de leur congrès.

Quant au RHDP, je ne sais pas qui est leur candidat. A l’écoute de certains de leurs cadres, le RHDP envisage de présenter le président de leur parti, l’actuel chef de l’état comme leur candidat.

En tout état de cause, la démocratie, c’est que chaque parti politique désigne son candidat et les électeurs désignent le président de la République. Il faut donc assainir le processus électoral pour permettre au peuple de faire son choix en toute transparence et en toute quiétude. Cela passe par le changement de la commission électorale actuelle qui a fait la preuve de sa partialité et la révision profonde de la liste électorale. Puisque chaque parti clame sa force, personne ne devrait s’y opposer en principe.

Faut-il s’attendre à un autre boycott de la présidentielle si vos revendications ne sont pas acceptées ?

Il faut œuvrer à ce que personne ne s’oppose à des élections justes, démocratiques, inclusives et transparentes dans notre pays. Il faut travailler à ce que les élections ne riment plus avec violence et contestations. Voici le véritable challenge qui attend toute la classe politique ivoirienne.

Pour changer de sujet, Stéphane Kipré serait devenu prophète. Qu’en est-il exactement ?

(rires) Peu importe le titre, je suis d’abord serviteur de Dieu et je le revendique ouvertement. Des hommes de Dieu m’invitent dans leurs églises pour partager un enseignement ou une expérience dans l’entreprenariat. Et j’y répond favorablement avec fierté.  Cela choque certains parce que c’est nouveau en Côte d’Ivoire mais dans de nombreux pays, des hommes politiques de premier rang ont des responsabilités spirituelles que ce soit chez les chrétiens ou chez les musulmans.

Je pense d’ailleurs qu’il faut continuer à offrir ces exemples parce que malheureusement, de nos jours, on tente de persuader notre jeunesse que pour réussir dans la vie, il faut se livrer à des pratiques occultes ou faire allégeance à des sectes. Si mon parcours peut inspirer des chrétiens et contribuer à affermir leur foi, alors j’en serai heureux. Comme j’ai l’habitude de le dire je suis 100% homme politique, 100% chrétien et 100% homme d’affaires.

Je prends plaisir à donner le meilleur de moi-même dans chaque domaine et cela me donne une ouverture d’esprit considérable. Il y a par exemple des personnes avec qui j’ai des opinions politiques divergentes mais qui sont des frères en Christ comme je suis en affaires aussi avec des hommes et des femmes de religions différentes. Cela contribue à m’enrichir et à cultiver le respect des différences et mon acceptation de tous. Vous auriez préféré que je n’ai pas d’emploi et que je vive uniquement de la politique comme certains ?

Est-ce que justement ces trois engagements n’ont pas d’inconvénients les uns sur les autres ?

C’est indéniable. Je vis cela au quotidien et je fais avec. J’ai pris la pleine mesure des avantages et des inconvénients de chaque choix que j’opère. Je m’efforce à donner le meilleur de moi-même dans chaque domaine.

Quel est votre mot de fin ?

Le monde est en mutation permanente. Ces mutations ont naturellement un impact sur notre continent car nous ne vivons pas en vase clos mais tournés vers l’extérieur et surtout tourné vers l’avenir. Notre pays doit s’inscrire dans la modernité en respectant les principes démocratiques élémentaires.

Au PPA-CI, nous nous inscrivons dans cette modernité tout en ayant les pieds dans ce qui fait notre particularité. Nous sommes rassemblés autour de notre leader, le président Laurent Gbagbo pour relever tous les défis à venir. Notre parti continue de grandir. Chaque jour, il y a de nouvelles adhésions et notre structuration se renforce pour répondre aux attentes de nos concitoyens. Il faudra compter avec nous pour être aux côtés des populations ivoiriennes afin de partager leurs souffrances et leurs peines.

Permettez-moi de saisir l’opportunité de cette interview pour souhaiter une bonne et heureuse année à tous les ivoiriens et à toutes les populations présentes dans notre beau pays.

J’invite les religieux à rester en prière pour la paix et la réconciliation dans notre pays. Il faut la paix et la réconciliation pour éviter les crises et favoriser l’amélioration du climat des affaires. C’est ainsi que chaque ivoirien pourra avoir un emploi et subvenir aux besoins des siens.

Source : L’Inter

NB : Les titres et chapeau sont de la rédaction

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1 réflexion au sujet de « Ppa-Ci / Stéphane Kipré à ses détracteurs : « Président de parti, je l’ai été… Je suis au Ppa-Ci pour servir une cause et un chef » »

  1. Pauvre type ce Kipré ! Voici quelqu’un qui ne doit son statut que parce qu’il était le gendre du gueulard nommé Koudou qui n’a même pas pu mettre un mètre de rue bitumée à Gagnoa ou Ouragahio. Lui comme ça là, il avait un parti. Pouaaahhhhh… Que valait ce parti ? Rires….

    En outre, il parle du ppaci comme un exemple…. Pouaaahhhhh…. Un parti qui n’a même pas organiser des élections transparentes pour les femmes avec juste deux à 3 centaines de congressistes. On a inventé et bourré les urnes des pour donner la victoire à la choisie du gourou. Et ce sont ceux-là qui donnent des leçons de démocratie dans notre pays ? Juste un observateur de passage….

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