Cotonou/Pourquoi Talon veut (re)normaliser les relations Niger-Bénin

L’appel du pied de Patrice Talon à Abdourahamane Tiani

Dans son discours annuel prononcé le 21 décembre devant l’Assemblée nationale de son pays, Patrice Talon a exprimé son souhait de normaliser ses relations avec son voisin du Niger, le général, Abdourahamane Tiani. Une déclaration qui contraste radicalement avec la position du dirigeant béninois au lendemain du putsch réussi par la junte de Niamey, qui avait éjecté Mohamed Bazoum du pouvoir. Depuis cet événement, les rapports entre le Niger et le Bénin se sont fortement détériorés, le second étant en faveur d’une intervention militaire envisagée par la CEDEAO contre le premier, laquelle sera finalement avortée au regard de son inévitable échec.

A cause de cet éloignement, déjà vieux de quelques mois, entre les deux nations, il y a lieu de se questionner sur les motivations du chef de l’Etat du Bénin de lancer un appel du pied à son homologue nigérien. La réalité est que Patrice Talon a 90 000 bonnes raisons de vouloir un rapprochement avec Abdourahamane Tiani, ce chiffre correspondant au nombre de barils de pétrole nigérien sur lequel il pourra quotidiennement exercer un droit de transit en vertu de l’acheminement du précieux liquide vers l’export via l’oléoduc Niger-Bénin dès janvier 2024.

D’un coût global de 6 milliards de dollars, ce projet pharaonique aurait pu échapper au Bénin à deux reprises au profit du Cameroun et du Tchad, d’une part, parce qu’il était trois fois moins cher en tenant compte de l’existence du pipeline Tchad-Cameroun, et d’autre part, à cause des tensions nées de la disposition de Cotonou à attaquer Niamey pour restaurer l’ancien président déchu, Bazoum. Le fait que la junte nigérienne n’ait pas cédé à la tentation de réorienter le transport de leur or noir prouve que sa propension aux querelles n’est pas aussi élevée que les médias occidentaux tentent de le montrer.
Le général-président, Abdourahamane Tiani, la force tranquille d’un Niger qui a décidé de prendre son destin en main.

Il convient également de souligner que, malgré la valse de sanctions infligées au Niger, les va-t-en-guerre de la CEDEAO se sont arrangés pour épargner l’oléoduc Niger-Bénin, certainement en raison des intérêts des uns et des autres dans ce projet à forte valeur ajoutée.

En définitive, le pragmatisme dont fait preuve Patrice Talon répond à une logique capitaliste qui rappelle, une fois encore, que les enjeux financiers finissent toujours par l’emporter.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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