Environnement bancaire / Le Dga de Société générale explique les enjeux à des étudiants : Faible bancarisation, Fcfa, réglementation…

 L’Université populaire de Côte d’Ivoire (Upci), dirigée par Pr. Séraphin Prao, a invité le 28 septembre 2023, Olivier Nazareth, Directeur général adjoint de Société Générale Côte d’Ivoire,  ex- Sgbci. Cette université dans le cadre de ses relations extérieures, noue des partenariats au profit de ses étudiants sous forme de conventions ou de conférences sur des thématiques enseignées par cet établissement situé à Yopougon quartier millionnaire. Le Dga de Société générale Côte d’Ivoire a ainsi donné une conférence sur le thème : « Enjeux de l’environnement bancaire en Côte d’Ivoire’’. Un sujet qui lui a permis d’aborder la problématique de la faible bancarisation en Côte d’Ivoire et des sujets connexes. Entre autres, les taux d’intérêt élevés, les avantages et inconvénients du Fcfa, la forte réglementation… 

Olivier Nazareth, fin connaisseur de l’environnement socioéconomique de la Côte d’Ivoire n’a pas usé de la langue de bois pour disséquer un sujet qu’il vit au quotidien en tant que dirigeant de la première banque en Côte d’Ivoire en termes de clients, de dépôts et de crédits à l’économie.

De son exposé, l’on apprendra que la Côte d’Ivoire compte plusieurs banques établies mais présente paradoxalement un faible taux de bancarisation n’excédant pas 25 %. Ces différentes banques, fait-il savoir totalisent moins de mille agences sur l’ensemble du territoire avec comme difficulté majeure, une répartition géographique inégale qui fait que l’essentiel des agences reste concentré à Abidjan et ses alentours, c’est-à-dire  dans la partie du pays la plus viable pour elles. Une autre caractéristique qu’il  relève est que les taux d’intérêt restent très élevés, justifiant ce fait par des risques élevés pour le crédit . « Il y a encore des a priori sur la bancarisation. La banque c’est pour les riches », telle est selon M. Nazareth l’opinion dominante qui constitue l’un des freins à la bancarisation. Pourtant dit-il, la banque ne prête pas qu’aux riches mais à ceux qui ont la capacité de rembourser quel que soit leur niveau de revenu.

Le dirigeant de banque a expliqué à son auditoire les avantages et inconvénients du Fcfa, la monnaie en circulation dans la zone Uemoa. Comme avantage, il soutient que pour les investisseurs étrangers, avoir une monnaie stable, est un facteur de confiance. Il relativise toutefois ce postulat en expliquant que d’un point de vue de la notion de souveraineté monétaire, il comprend à son niveau que le FCFA soit un « cailloux », comme le dénoncent certains monétaristes africains.

Olivier Nazareth n’a pas occulté la question de la fermeture de banques non ivoiriennes sur le territoire national. Ceci, dit-il, est en partie, le résultat de la trop forte réglementation et de l’imposition de conformités à respecter surtout de la part de l’administration américaine protectrice du dollar, monnaie internationale. « Les banques ivoiriennes sont de plus en plus soumises à des conformités internationales et une réglementation stricte. Ce sont des normes internationales pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme », révèle-t-il, pointant une supervision bancaire de la part de la commission bancaire de l’Uemoa de plus en plus rigoureuse et qui n’hésite pas à sanctionner lourdement les contrevenants à la réglementation. Tout aussi contraignantes, les règles de l’administration américaine très regardante sur les flux financiers des clients à qui il est souvent demandé des informations difficilement supportables. Selon le conférencier, toutes ces contraintes dans un environnement interconnecté affaiblissent financièrement certaines banques.
« Il n’y a plus de banques universelles avec des capitaux non africains. SGCI est la dernière banque avec un actionnariat majoritairement non africain », fait-il remarquer pour expliquer la disparition de grandes banques de l’écosystème financier ivoirien. 
Le conférencier a dit croire en la jeunesse ivoirienne qui constitue selon lui, une force pour le pays qui doit créer de la valeur ajoutée en misant sur la transformation et non l’exportation de produits agricoles bruts.
Le recteur Pr. Prao Séraphin s’est félicité de la disponibilité d’Olivier Nazareth qui a accepté d’ajouter une plus-value à la formation de ses étudiants. « Olivier Nazareth nous a enseignés les valeurs sur lesquelles nous devons nous agripper pour la transformation de notre pays », a-t-il fait valoir. Pour lui ces conférences sont une manière de créer des passerelles entre le monde professionnel et celui de la formation. Un crédo pour l’Université populaire qu’il dirige.

SD à Abidjan

sdebailly@yahoo.fr


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