. Il épingle la gestion de Kafana, le maire sortant Rhdp
Ses fans l’appellent le »Diamant Noir ». Et il aime bien ce sobriquet qui le fait plastronner. Virevoltant et fort en thèmes, le candidat du Rhdp était mercredi devant des centaines de partisans dans une salle de la maison des enseignants de Yopougon Premier Pont, devenue vite exiguë pour présenter sa liste de conseillers et son projet communal. On note comme tête forte, Claude Sahi, chef de cabinet à la présidence de la république, son directeur de campagne, l’ancienne députée Diaby Nassalatou, le député Doumbia Yaya son homme de main et des proches d’Affi N’guessan comme le professeur Godé Dagbo et Gbogbo Kando.
Pour sûr, le candidat a montré ses qualités de grand orateur avec des déclamations qui font accrocher l’auditoire à ses lèvres. Il avait de grands rêves à exprimer pour la »transformation de Yopougon », une commune qu’il a découverte de fond en comble ces 8 derniers mois quand son mentor Alassane Ouattara l’a désigné pour briguer la mairie.
A la place d’un projet de type libéral, c’est plutôt un Bictogo socialiste qui s’est présenté à ses fans de Yopougon. L’homme a d’abord décrit une commune au bord du chaos où les femmes commerçantes exercent dans la boue sur des marchés insalubres, où le chômage frappe les jeunes, où il n’existe aucun loisir pour noyer les soucis du quotidien et où les attentes sont encore nombreuses de Koweit à Micao en passant par Sicogi et Sogefiha. Une manière de mettre en pièces la gestion de son camarade de parti, le maire sortant Koné Kafana qui boucle ses dix ans à la tête d’une commune réputée pro-Gbagbo. Bictogo n’a pas surfé sur les succès de la gestion du Rhdp. Il a préféré surfer sur les émotions, les échecs de la gouvernance pour attirer les faveurs de ceux qui attendraient beaucoup de lui, présenté comme l’homme de la situation, l’homme qui a les moyens de sa politique, en tant que l’une des premières fortunes du pays.
Aussi, a-t-il égrainé pêle-mêle des actions du grand mécène qu’il est, faisant des dons en numéraires à tel ou tel indigent, annonçant l’achat d’une villa pour tel autre père de famille visité par le bon Samaritain. Ce, sans être maire de Yopougon. Et s’il le devenait le 2 septembre alors ? Tout l’art du marketing politique auquel il s’est livré sans jamais placer un mot méchant à l’encontre de ses adversaires du moment. L’un de ses concurrents s’est même joint à lui, Kéi Gbohou Mélaine dit Kéi Côte d’Ivoire. Bictogo l’a personnellement félicité tout au long de son meeting.
Bictogo entend faire de Yopougon une commune à la pointe du social et du bien-vivre. Son projet se décline en 4 grands piliers avec en toile de fond ce qu’il a appelé »la dimension humaine ». Il veut donner des emplois aux jeunes. Ceci, a-t-il dit, passera par la formation à l’école de la deuxième chance comme pour épouser la vision du gouvernement. Dans ce cas, il a dit compter sur la Responsabilité sociétale des 400 entreprises qui opèrent à Yopougon. Il annonce un cadre tripartite dans lequel mairie, entreprise et état central prendront leur part afin de répondre aux nombreuses attentes en matière d’éducation et de santé. Il projette de faire construire dans ce cadre au moins un centre de santé dans chacun des 112 quartiers et sous-quartiers de Yopougon.
Il n’occulte pas la galère des quartiers difficiles qui n’ont pas encore accès à l’eau potable encore moins à l’électricité. Il entend conclure avec l’Onep, l’office national de l’eau potable une convention afin d’octroyer des milliers de compteurs prépayés à ceux qui en auront besoin. Aussi dira-t-il, »Energie, eau, voirie urbaine, considérez que c’est fait ! ». Il dit avoir la cartographie de la voirie urbaine. Et les routes à bitumer ainsi que le montant à y consacrer sont connus, selon lui.
Mais là, où il veut innover, c’est au niveau de l’attrait touristique de Yopougon. La commune étant un important vivier d’artistes et de sportifs, il a jugé anormal que pour se produire, les artistes et sportifs de Yopougon se tournent vers Treichville pour ses temples du sport et de la culture. »Yopougon aura son Palais des sports et Yopougon aura son palais de la culture », clame-t-il à la grande joie des artistes ivoiriens et anciens joueurs de football présents dans la salle.
L’autonomisation de la femme reste à ses yeux un chantier important. Ici, il dit avoir déjà concocté un plan avec une banque d’origine portugaise dont il n’a pas révélé le nom, pour octroyer des prêts aux femmes qui veulent entreprendre. Il se fera plus précis là-dessus quand il se soumet aux questions de l’auditoire à la fin de son exposé. En effet, Bictogo dit avoir opéré un coup inédit en matière de crédit. Un taux de remboursement de 1,25 % pour les prêts allant jusqu’à 50 mille FCFA.
L’homme a fait de grandes promesses de campagne pour Yopougon qui frisent une ambition présidentielle. Toutefois, il n’a pas annoncé de chiffres. Comment compte-t-il augmenter le budget annuel actuel de 10 milliards de FCFA pour soutenir son programme ? Il n’en a pas soufflé un mot se contentant de dire qu’il a déjà la confiance des banques. Et Bictogo de marteler du haut du podium : »Celui qui peut faire tout cela pour Yopougon, c’est moi ». Une dose d’assurance accueillie dans l’hilarité générale par un public acquis et scandant par intermittence sa bravoure. De quoi lui donner des airs de gagnant avant l’heure quand il déambule sur la tribune géante.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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