Immatriculation des véhicules en Côte-d’Ivoire: Encore une réforme futile avec des explications grossières

Résumons. Pour justifier une nouvelle immatriculation des véhicules en Côte d’Ivoire, le ministre des Transports, Amadou Koné, explique que la nouvelle plaque aura une base de données (la grosse plaisanterie), que les plaques seront plus lisibles (comme si celles qui sont là, ne le sont pas), que les doublons et la fraude seront évités.

Les doublons sont la faute de l’administration qui produit les plaques et la fraude ne peut être évitée sur aucune pièce (même aux Etats-Unis, il y a de la fraude sur les plaques, c’est la capacité de traquer les fraudeurs qui est importante).

Il explique que le délai d’attente sera réduit, comme par enchantement et que les nouvelles plaques résisteront mieux aux chocs. Il dit aussi que la nouvelle plaque sera homologuée et blablabla.

La question que je pose constamment aux cadres du ministère des Transports qui ont trouvé cette ingénieuse idée (je rappelle qu’Amadou Koné est ministre des Transports depuis six ans et c’est maintenant qu’il prétend que toutes ces plaques produites sous son administration n’avaient pas de base de données) est ceci : en quoi tout ce que vous décrivez-là vous autorise à changer de plaque d’immatriculation ?

Pourquoi voulez-vous forcément emmerder le citoyen ordinaire, surtout que le ministre déclare lui-même qu’il « ne s’agit pas pour ceux qui ont des plaques authentiques, lisibles, de changer », autrement dit, il suffira qu’un policier dise qu’il y a une égratignure sur ta plaque pour que l’on te contraigne à aller payer 17 500 FCFA pour son changement ? Mon opinion est simple : c’est pour justifier un blessage de jeton quelque part ? Quand vous voyez une personnalité faire compliqué ce qui est simple, c’est qu’elle a un agenda.

En effet, en quoi avoir une plaque d’immatriculation comme en France (même couleur et même présentation) donne une identité aux véhicules en Côte d’Ivoire ? En quoi notre couleur de fond bleue gêne tant Amadou Koné dans la sécurisation de la plaque d’immatriculation ? Est-on obligé de remettre tout à plat pour corriger toutes ces erreurs techniques et structurelles qui ne disparaitront pas, simplement parce qu’on a changé de couleur de plaque ?

L’on comprend aisément que le motif de ce changement de plaques, avec son corollaire de stress pour l’automobiliste qui va encore aller faire la queue ; est ailleurs, mais pas dans ceux avancés. Quand on veut masquer son incompétence à conduire de vraies réformes qui impactent durablement la vie de ses concitoyens, on crée des choses aussi futiles que puériles, et on embrouille le grand public avec des explications grossières, manifestement mal ficelées.

Au passage, cela plus de six mois que j’ai demandé une nouvelle plaque d’immatriculation pour ma Range Rover. Je ne l’ai jamais reçue. Et ce n’est pas en changeant de couleur de plaque, que l’administration chargée de la fabriquer, m’appellera pour que je vienne la chercher. Il faut arrêter de nous prendre pour des cons et travailler vraiment à des réformes sérieuses.

André Silver Konan

Ambassadeur de la sécurité routière

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