Von der Leyen, Meloni et Rutte en Tunisie «l’ultime preuve de la faillite morale de l’Union Européenne»

Par Hervé Coulibaly

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte et la Première ministre italienne Giorgia Meloni , sont ce dimanche en Tunisie pour parler de la migration.

Cette rencontre de haut niveau porte sur “un large partenariat” entre l’Union européenne et la Tunisie sur la coopération économique, énergétique et migratoire.

La rencontre a lieu quelques semaines à peine après la flambée de violences contre les migrants subsahariens en Tunisie. Des violences qui ont fait plusieurs morts, des milliers de sans-abris, des dizaines de millier de rapatriées vers leurs pays d’origine Côte-d’Ivoire, Guinée, Ghana, Nigeria, Sénégalo Congo etc.

La présence des leaders européens en Tunisie est considérée par des nombreux observateurs comme l’ultime preuve de la faillite morale et éthique de l’Europe, construite sur « un pseudo discours » de respect des droits humains, mais à géométrie variable, selon les seuls intérêts des occidentaux.
«Les États-Unis et leurs États satellites en Europe ont perdu tout le crédit moral qu’ils avaient suite à la chute du bloc soviétique en 1990. Ce que nous voyons au Sénégalo et en Tunisie, leurs soutiens à des régimes répressifs pour leurs seuls intérêts sont les ultimes preuves de cette faillite morale et éthique. Toute chose que comprend une large partie de la population de la planète au jour d’aujourd’hui parce que les anciens colons n’ont plus le monopole de l’information», analyse un politicologue ivoirien interrogé à Zurich en Suisse.

Le pacte du diable ?

La Tunisie n’a pas d’autres choix. Aux prises depuis des années avec une économie très faible, le pays a besoin de l’Europe et de ses milliards d’euros, mais aussi de ses chantages politiques.
La pauvreté et les pénuries alimentaires affectent la population tunisienne. Les départs massifs des migrants ont affaibli l’économie du pays. Les entreprises font rapidement faillite. En raison des prix élevés et du chômage, le gouvernement craint un soulèvement populaire.
Le paradoxe de tout ceci, nous parlons du même pays à partir duquel le fameux printemps arabe a commencé à se répandre en 2011.

La Lybie, la Tunisie et la Syrie en sont ironiquement les plus grandes victimes. Le Maroc et l’Algérie qui n’ont pas connu de «printemps arabe», se portent relativement mieux.

Il semble donc important pour le président tunisien Saied qu’il reçoive 1,9 milliard de dollars du Fonds monétaire international. Cet argent a été gelé en raison d’un conflit entre son gouvernement et le Fonds monétaire international. Si cela n’est pas résolu, non seulement la crise mais aussi les troubles politiques dans le pays vont s’aggraver.

La visite de Rutte, Meloni et Von der Leyen peut offrir une solution. Meloni a exprimé l’espoir que la réunion conduira à une réouverture du dialogue entre Saied et le FMI afin que le gros prêt puisse encore être accepté. En outre, le président tunisien compte probablement sur quelques milliards d’euros de soutien européen en récompense d’un éventuel accord, après sa chasse aux subsahariens «candidats potentiels à l’immigration en Europe» au grand plaisir des dirigeants européens.

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