Au Sénégal le calme avant la tempête ou calme après la tempête ?

À la Une: le Sénégal entre deux eaux…

Certains journaux s’interrogent ce jeudi sur les derniers événements au Sénégal et sur la tournure que pourraient prendre les prochains jours ou les prochaines heures.

Le calme après la tempête ou bien le calme avant la tempête ?
« Une situation de ni chair ni poisson, constate le quotidien Aujourd’hui au Burkina Faso, un calme certes, dont certains se plaisent à ânonner les aspects (reprise de la circulation, pas de marches, ni actes violents, appels au calme…), mais tous savent que si la tension est retombée depuis dimanche dernier, le Sénégal reste en apnée, suspendu à plusieurs choses dont la moindre n’est pas que les deux camps adverses se parlent, s’accordent pour maintenir le Sénégal dans son rang de phare démocratique ! »

Il faut dire, poursuit Aujourd’hui, que la situation est inédite… « Un président-sortant contre un opposant condamné à 2 ans de prison, qui mettent le pays depuis quelques jours sur quasi-répondeur. En l’espèce, il ne s’agit plus de dire qui a raison ou qui a tort, comme certains analystes qui s’évertuent toujours à flétrir Sonko, qui foule au pied la justice, ou Macky Sall, qui veut un 3e mandat. Non ! L’équation à résoudre, à présent, est comment sortir de cet imbroglio politique dangereux pour tout le pays ? C’est pourquoi, pointe le quotidien ouagalais, il s’agit de trouver la bonne formule pour amorcer avec sérénité les huit mois nous qui séparent de la présidentielle. »

Vite, le dialogue !
Et il n’y a pas 36.000 solutions, s’exclame Aujourd’hui. « Il faut que, soit Macky Sall rompe le silence, en allant dans le sens de l’apaisement, et non dans le comminatoire, soit que Sonko et lui se rencontrent. Oui, certains éructeront, et diront qu’il n’est pas question qu’un président en exercice prenne langue avec un opposant, dont la place à présent est à la prison de Rebeuss. C’est oublier que si Macky Sall est bien le président du Sénégal, son opposant n°1, Ousmane Sonko, a aussi une partie des Sénégalais, les jeunes surtout, contre le pouvoir actuel. Ce n’est pas rien surtout vu la conjoncture et la géopolitique sous-régionale. Seuls Macky Sall et Ousmane Sonko peuvent concocter une paix des braves pour le bonheur du Sénégal. »

Alors hier, le président Macky Sall est sorti de son silence… « Enfin, Macky parle ! », lance WalfQuotidien. Mais le quotidien sénégalais n’est guère convaincu par cette prise de parole. « Le président de la République souffle le chaud et le froid à propos des émeutes de la semaine dernière. D’une part, il condamne fermement ces ‘agressions caractérisées visant à mettre le pays à l’arrêt’ et promet de poursuivre les auteurs. D’autre part, il promet son soutien et la présence de l’État aux côtés des familles des blessés et des morts. »

Rien sur le fond, rien sur des solutions pour une sortie de crise.

Une économie au ralenti…
Et en attendant, l’économie du pays paie les pots cassés… C’est ce que constate Le Monde Afrique. « Les violences des 1er et 2 juin sont un nouveau coup dur pour le tourisme, le commerce et le secteur informel, et écornent l’image d’un pays réputé accueillant et stable », affirme le journal. « ’Si la crise politique s’installe et perdure jusqu’à la présidentielle, la saison touristique 2024 pourrait être compromise’, craint Issa Barro, président de la Fédération des offices du tourisme et des syndicats d’initiative du Sénégal, interrogé par Le Monde Afrique. (…) A l’amertume s’ajoute une énorme lassitude. Cela fait en réalité plus de deux ans que les tensions politiques ralentissent l’activité économique des principales villes du pays. A chaque comparution de l’opposant Ousmane Sonko, l’important dispositif policier déployé paralyse la capitale et pousse certains commerçants à baisser leur rideau pour plusieurs heures pour éviter les pillages et les dégradations. »

Qui plus est, souligne encore Le Monde Afrique, « les autres victimes collatérales de ces tensions, ce sont les travailleurs du secteur informel. Pour la vendeuse du marché ou le chauffeur de taxi, le préjudice est considérable car ils vivent au jour le jour. Un jour sans travail, ce sont des familles entières fragilisées. (…) À l’approche de la Tabaski – la plus grande fête musulmane de l’année prévue fin juin –, une autre crainte s’installe. Celle de voir l’inflation remonter, alors qu’en avril elle avait atteint 9 %, son niveau le plus bas depuis un an, grâce aux subventions de l’État sur les prix des denrées alimentaires. »

RFI/Frédéric Couteau

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