La réponse cinglante de Koné Katinan au journal néolibéral en ligne Financial Afrik

Dans un article publié dans le journal Financial Afrilk paru le jeudi 28 octobre 2021,
Monsieur Albert Savana a porté une critique sur l’interview que son
Excellence le Président Laurent GBAGBO, ancien Président de la
république de Côte d’Ivoire et Président du Parti des Peuples
Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), a accordée à la chaîne de télévision
France 24.

En effet, le moins que l’on puisse dire, au regard des énormes
contre-vérités contenues dans cet article, est que monsieur Savana, en
lui accordant le bénéfice de la bonne foi, ignore tout sur l’histoire de
la Côte d’Ivoire.

Ce droit de réponse s’alignera sur la trame de l’article en question.

Pour contester le panafricanisme du Président Laurent GBAGBO, l’auteur
de l’article lui attribue la conception et la promotion de l’ivoirité.

Cette affirmation est totalement fausse en ce que le concept de
l’ivoirité est apparu en Côte d’Ivoire dans les années 90, notamment en
1993 après le décès de feu le Président Félix Houphouët Bobigny alors
que le Président Laurent GBAGBO était dans l’opposition. Pour contester
ce concept, le FPI, l’ancien parti fondé par le Président Laurent
s’était même allié au RDR de l’actuel Chef de l’Etat qui était en
conflit ouvert avec le Chef de l’Etat d’alors, le Président Henri KONAN
Bédié. Il convient également de rappeler à monsieur Savana que
la charte du nord.
», le premier document qui
prétendait défendre la cause des ressortissants du Nord a été publié en
1991, du vivant du Président Houphouët-Boigny. C’est donc le bilan de la
politique de ce dernier qui était ainsi contesté. Par ailleurs, il n’est
pas inutile de rappeler qu’en Côte d’Ivoire, jamais les immigrés non
naturalisés n’ont participé officiellement à la moindre élection depuis
1960. Il est intellectuelle malhonnête de présenter la situation comme
relevant de la volonté du Président Laurent GBAGBO qui aurait retiré le
droit de vote aux immigrés.

Le second point sur lequel monsieur Savana s’appuie pour contester son
panafricanisme tient de ce que, selon lui, le Président Laurent GBAGBO
ne respecte pas « les institutions multilatérales dédiées à cette cause
». Pour étayer sa thèse, monsieur Savana lui attribue en partie l’échec
de l’arbitrage de la CEDEAO au début de la guerre civile de 2002. Sur ce
point, l’auteur de l’article avance encore une énorme contre-vérité.

Tous ceux qui ont la moindre connaissance de cette histoire savent très
bien que, alors que les négociations conduites par feu le Président
Gnassingbé Eyadema du Togo étaient sur le point d’aboutir, la CEDEAO a
été dessaisie de façon surprenante de ce dossier qui s’est retrouvé à
Linas Marcoussis, en France. La facilité avec laquelle le gouvernement
français de l’époque avait dépouillé la CEDEAO de son pouvoir
d’arbitrage dans ce dossier est la preuve de la faiblesse desdites
institutions. Ce n’est donc pas le Président Laurent GBAGBO qui n’avait
pas respecté la CEDEAO. C’est plutôt celle-ci qui ne s’était pas respectée.

Relativement à la position que le Président Laurent GBAGBO a affirmée
sur le CFA, l’auteur de l’article y voit une sorte de volteface
démagogique de sa part parce qu’il n’avait rien entrepris dans le sens
d’une sortie de son pays de ce système.

Sur ce point, nous invitions l’auteur de l’article à lire la décision
rendue par la CPI devant laquelle a comparu le Président Laurent GBAGBO.
Campant le contexte de la crise politico-militaire qu’a connue le pays,
les juges ont clairement dit, dans leur jugement d’acquittement, que les
faisceaux d’informations et de preuves qui leur ont été présentées par
l’accusation concourent à la thèse que tout a été mis en œuvre,
notamment par

par l’ancienne puissance coloniale pour
empêcher le Président Laurent GBAGBO de travailler dès sa prise de
pouvoir. Tout se trouve dans cette opinion des juges qui est revêtue de
la vérité que lui confère l’autorité de la chose jugée.

Pour contester la position de réconciliateur et d’homme de paix du
Président Laurent GBAGBO, monsieur Savana rend responsable celui-ci de
la guerre civile. Il l’accuse d’être arrivé au pouvoir par une élection frauduleuse
laquelle élection avait été organisée par Robert Guéi comme l’affirme bien monsieur Savana. Mais
comment peut-on paraître sérieux avec une telle affirmation ?

En effet, comment peut-on attribuer au Président Laurent GBAGBO le
caractère frauduleux d’une élection qui a été organisée et contrôlée de
bout en bout par son adversaire ? Hélas Monsieur Savana ne nous aide pas
à comprendre ce mystère puisque lui-même ne l’explique pas.

L’autre élément caractéristique de la méprise de monsieur Savana sur
l’histoire politique ivoirienne est relative à ce qu’il appelle les
reports illégaux par le Président Laurent GBAGBO des élections de 2005.
Il lui suffit de relire la Constitution ivoirienne du 1er Août 2000 pour
se rendre compte que cette Constitution interdisait l’organisation
d’élection lorsque l’intégrité territoriale du pays est menacée. Or,
monsieur Savana reconnaît lui-même dans son article que le pays était
divisé en deux. Donc le pays avait perdu son intégrité territoriale. En
reportant les élections sur décisions du Conseil Constitutionnel, le
Président Laurent GBAGBO était dans la parfaite légalité. Ce sont ceux
qui le poussaient à organiser ces élections qui étaient dans l’illégalité.

Là où il y a un sérieux doute sur la bonne foi de l’ignorance de
monsieur Savana est son affirmation très grave selon laquelle la
gendarmerie, proche du Président Laurent GBAGBO, avait commis des
massacres au Nord contre les populations civiles.

En effet, seule une mauvaise foi manifeste peut conduire monsieur Savana
à ignorer, ce qui est notoirement connu, que ce sont plutôt plusieurs
dizaines de gendarmes désarmés et leurs familles qui avaient été
massacrés par les forces militaires de la rébellion à Bouaké. Sa bonne
foi est également douteuse lorsqu’il ignore le massacre des centaines de
civils ivoiriennes non armés par l’armée française, tirant à bout
portant sur eux en 2004 devant l’hôtel ivoire. Dès lors, il est loisible
de comprendre l’omission volontaire par monsieur Savana de tous les
efforts qu’avait déployés le Président Laurent GBAGBO pour résoudre
pacifiquement la crise ; lesquels efforts l’avaient conduit à nommer
Monsieur Soro Guillaume, Chef visible de la rébellion comme Premier
ministre et l’actuel Président de la République candidat à titre
exceptionnel. Ce sont les faits historiques établis qui sont à la portée
des esprits honnêtes qui recherchent la vérité.

Au total, tout dans l’article de Monsieur Savana est faux et nécessite,
par conséquent, une correction.

C’est à cette fin que répond la présente mise au point que nous vous
prions de faire publier en guise de droit de réponse à l’article
ci-dessus rappelé.

Dans cette attente, veuillez agréer, monsieur le directeur de la
Publication, l’expression de ma considération.

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