Crimes de guerre: Un ex chef rebelle libérien devant un tribunal militaire en Suisse

Ouverture d’un procès historique pour crimes de guerre au Libéria en Suisse

Le procès d’un ancien commandant libérien accusé de viol, de pillage, d’assassinats et d’un acte de cannibalisme s’ouvre en Suisse cette semaine.

Le procès d’Alieu Kosiah, qui nie les accusations, est l’une des rares affaires portées devant les tribunaux internationaux en relation avec le conflit de 1989-2003 dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, qui a tué près d’un quart de million de personnes, souvent aux mains d’enfants soldats.

Il est accusé de crimes de guerre répertoriés comme «recrutement et utilisation d’un enfant soldat, transport forcé, pillage, traitement cruel de civils, tentative de meurtre, meurtre (directement ou sur ordre), profanation d’un cadavre et viol».

Il s’agit du premier procès pour crimes de guerre en Suisse à être entendu devant un tribunal militaire.

«C’est historique pour la Suisse et le Libéria», a déclaré Alain Werner, avocat suisse à l’ONG genevoise Civitas Maxima, qui a déposé plainte au nom des victimes.

L’ONG effectuait des recherches sur les crimes de guerre avec un partenaire libérien lorsqu’elle a découvert qu’un commandant rebelle vivait près du lac Léman. Kosiah a été arrêté en 2014 et la Suisse a déposé un acte d’accusation contre lui en 2019.

L’affaire concerne des dizaines de témoins, des milliers de pages de témoignages et a été compliquée, selon le bureau du procureur général suisse, par un manque de coopération officielle du Libéria. Le procès devrait s’ouvrir jeudi au Tribunal pénal fédéral de Bellinzone.

Kosiah, 45 ans, dit qu’il veut laver son honneur. Certaines des accusations sont attribuées aux troupes sous son commandement.

« L’un des gros problèmes de cette affaire est qu’il (Alieu Kosiah), n’était pas encore arrivé à Lofa (comté) au moment des crimes qui y auraient été commis », a affirmé son avocat Dimitri Gianoli à Reuters.

«Ce qui compte pour (lui), c’est de pouvoir rétablir officiellement son honneur en se faisant entendre ouvertement et clairement», a-t-il déclaré.

«VOIX AUX MORTS»

Contrairement à la Sierra Leone voisine qui a connu sa propre guerre civile dans les années 1990, les auteurs de crimes libériens n’ont jamais fait l’objet de poursuites chez eux malgré une recommandation de la Commission vérité et réconciliation de créer un tribunal pour les crimes de guerre.

L’ancien président du Libéria, Charles Taylor, a été condamné en 2012 à 50 ans pour crimes de guerre en Sierra Leone, mais n’a jamais été condamné pour des actes libériens.

Les anciens seigneurs guerre libériens conservent des positions de pouvoir au Libéria et les témoins hésitent à se manifester face aux menaces.

«Ce procès donne de l’espoir aux victimes, aux survivants et donne la parole aux morts», a déclaré Hassan Bility qui a recueilli des preuves pour l’affaire et a lui-même été torturé durant le conflit.

Avec Reuters

Commentaires Facebook