Côte-d’Ivoire: Hamed Bakayoko a la « chance d’avoir soutenu quelqu’un qui lui a renvoyé l’ascenseur » (KKB)

Manuella YAPI

L’ex-député ivoirien Kouadio Konan Bertin dit « KKB », cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, opposition), a affirmé mardi à Abidjan que le ministre de la Défense Hamed Bakayoko a la « chance » d’avoir soutenu Alassane Ouattara « qui lui a renvoyé l’ascenseur » après son accession à la magistrature suprême, en allusion à son leader Henri Konan Bédié dont il a critiqué le manque de reconnaissance.

« En 1993 quand Houphouët est mort, Hamed Bakayoko m’a dit: «laissons tomber Henri Konan Bédié, il ne nous apportera rien. Moi je vais chercher Alassane Ouattara». J’ai répondu : «et toi, et ton Ouattara vous ne serez rien, je ne vous suivrai pas. A l’arrivée j’observe que c’est lui qui a gagné. Depuis que Ouattara est président, il est l’unique ministre d’Etat. La chance que mon ami a, c’est d’avoir soutenu quelqu’un qui lui a renvoyé l’ascenseur », a dit KKB, face à la presse.

M. Kouadio s’est dit « fier (du) parcours » de M. Bakayoko qui « s’est battu pour avoir ce qu’il a » au sein du parti au pouvoir, ajoutant que par « honneur et dignité » il continuera de se « battre à la sueur de (son) front » pour atteindre le niveau politique du ministre.

« Nous travaillons dans l’ombre. On nous reconnait quelques mérites quand on veut se servir de nous. C’est hélas ce que j’observe », a déploré celui qui s’est défini comme un « soldat éclairé », après avoir cité de nombreux faits d’armes au sein du PDCI, depuis le coup d’Etat de 1999.

Il a rappelé avoir, cette année-là, « bravé » des cadres, dont le secrétaire exécutif Maurice Kacou Guikahué, lorsque la « direction du parti » avait décidé de démettre M. Konan Bédié de son titre de président du PDCI, au motif qu’il ne pouvait continuer à diriger le parti depuis la France où il était en exil.

« Quand Bédié est revenu d’exil, qui est-ce qu’il a choisi comme secrétaire exécutif, c’est moi ? Ce n’est pas Guikahué ? », a-t-il interrogé, estimant que s’il « n’avait pas indiqué cette voie à l’époque, (son parti) n’en serait pas là aujourd’hui ».

Candidat aux primaires du PDCI pour la présidentielle du 31 octobre, KKB a vu sa candidature invalidée jeudi.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

Accusé de faux – KKB réplique et accuse à son tour :

« Le coupable, c’est le système. Je veux radicalement le changer » (Propos liminaire intégral)

· ‘’Je déplore que le PDCI inaugure l’exclusion des candidats à une élection’’

· ‘’ Il aurait fallu, pour assurer sa neutralité que le comité électoral soit paritaire’’

L’ancien président des jeunes du Pdci, l’ex-conseiller du président Bédié était face à la presse ce matin dans le but de montrer patte blanche après le rejet de sa candidature par le comité électoral de son parti. L’on attendait de lui, des arguments plausibles pour sa défense. KKB a plutôt servi une attaque en règle contre l’establishment du vieux parti, sans ménagement pour Bédié et Kakou Guikahué, celui-là même qui essuie toutes les rengaines des militants en rupture de ban. Ci-après son propos liminaire intégral, ce mardi 7 juillet 2020, lors de sa conférence de presse à l’hôtel Palm Club de Cocody

Mesdames et messieurs

Chers amis de la presse nationale et internationale

Je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation pour partager avec vous l’actualité du moment. Plus précisément, les préparatifs en cours de la prochaine élection présidentielle dans notre cher pays.

Vous l’auriez compris. Mon intervention sera doublement articulée. Premièrement, vous informer des raisons de ma candidature au sein du PDCI en vue de l’élection présidentielle et, par la suite, les éléments de contestation.

1- A propos des raisons de ma candidature au sein du PDCI

Je veux d’abord vous dire que cette décision, je l’ai prise après avoir longtemps et mûrement réfléchi avec mon équipe, avec mes proches. Mais c’est avant tout, quand il s’agit de briguer la magistrature suprême, une décision personnelle.

Ce qui m’a fondamentalement conduit à cette décision, c’est d’abord et surtout l’état de notre pays. Des succès ont certes été remportés. Des avancées ont eu lieu. Loin de moi, en effet, l’idée de tomber dans le manichéisme et la critique trop facile. Mais, force est de constater que notre population souffre ; que d’immenses défis n’ont pas trouvé de réponse et que les fruits de la croissance sont dramatiquement et inégalement répartis.

Je pense, en particulier, à notre jeunesse. Cette jeunesse dont le mérite est bafoué par un système gangréné par le copinage, la corruption et le népotisme.

Ce ne sont pas les hommes ou les femmes qui sont en cause. Ce n’est pas tel ou tel dirigeant qui est en cause. Le coupable, c’est le système. Ce système je veux radicalement le changer.

Ceci est une interpellation urgente, d’autant plus que nous continuons de traverser une crise sanitaire inédite. Elle est, hélas, loin d’être terminée. Ses conséquences mondiales sont rudes et le resteront pour notre pays et notre peuple.

La situation mondiale, ses mutations profondes, présentent à la fois tant de menaces, de défis et d’opportunités. Nous devons en tenir compte sur tous les plans : économique, social mais aussi politique.

Je suis candidat parce que je crois que notre pays n’a nul besoin d’un pauvre remake des affrontements passés. Le même pauvre film avec le même scénario et les mêmes acteurs, les mêmes dialogues et les mêmes jeux de rôle.

Certains ont eu la sagesse de passer la main. J’aurais préféré qu’il en fût de même pour ma famille politique. Mais chacun est libre de ses choix. Notre pays a besoin, avant tout de paix, de bienveillance, d’unité et de renouveau. C’est la leçon du père de la Nation dont j’ai toujours voulu m’inspirer. J’y demeure fidèle : réunir plutôt que diviser.

Dans mon pays, j’ai des concurrents, des opposants jusque dans mon propre parti et des adversaires mais dans mon pays je n’ai pas d’ennemi. Mes seuls ennemis sont la pauvreté, l’exil de nos jeunes, la corruption, la négation du mérite, du chômage, la précarité.

Mesdames et messieurs,

Mon instrument politique est su de tous. Puisque mon militantisme vrai pour le PDCI n’est pas à démontrer surtout qu’il a fallu des courageux à une certaine époque de notre histoire. Je suis donc heureux d’avoir été pour que certains se permettent d’être. Mon projet politique est à maturité. En 2015, malgré moi, je l’ai porté sans mon parti, le PDCI pour des raisons sues de tous. Pour 2020, le PDCI a décidé de choisir son candidat au cours d’une convention. J’ai donc fait acte de candidature. J’ose espérer que la direction du parti saura manager ce débat et ce scrutin dans un esprit de transparence et d’équité.

J’entends, pour ma part, y veiller scrupuleusement nonobstant la décision d’invalidation brandie par le PDCI en ce qui me concerne. Sur le fond, j’avais à publier à la date de mon dépôt de dossier dans quelques jours mon projet. Mais je veux d’ores et déjà vous dire que j’entends, malgré tout, promouvoir l’exigence d’union nationale. Il faut qu’au terme de l’élection présidentielle et en fonction du rapport de forces voulu par notre peuple, se constitue un gouvernement de sauvegarde nationale, réunissant toutes les forces politiques du pays.

Venons-en à présent, parce que je ne saurais aussi longtemps retenir votre appétit, à ce qui fait l’actualité du moment.

2- Les causes de contestation de la décision d’invalidation de la candidature

Comme chacun le sait, dans tous les pays du monde et pour toutes les élections, qu’elles soient nationales, locales ou corporatistes, l’organe en charge de l’organisation desdites élections concentre toutes les attentions car, c’est lui qui assure la sincérité et la crédibilité du scrutin.

En Côte d’Ivoire, tous les ivoiriens se souviennent du combat mené par les partis politiques pour aboutir à l’institution de la Commission électorale indépendante. Cette indépendance a été obtenue à l’issue d’âpres combats politiques pour éviter toute suspicion de collusion entre l’administration préfectorale, alors en charge des élections en Côte d’Ivoire et les candidats issus du parti au pouvoir.

On est donc surpris que le PDCI qui se veut un parti démocratique, ne puisse pas retenir cette leçon élémentaire de démocratie. En effet, alors même qu’il y a deux candidats en compétition, tous les membres du comité électoral ont été nommés par l’un des candidats. Cela résulte de la décision N°0084- 2020/ PP/ CAB DU 07 JUIN 2020 PORTANT NOMINATION DES MEMBRES DU COMITE DES CANDIDATURES DU PDCI-RDA POUR L’ELECTION PRESIDENTIELLE D’OCTOBRE 2020.

Or, dès lors qu’il y a au moins deux candidats, il aurait fallu, pour assurer sa neutralité qu’il soit paritaire, chaque candidat choisissant son représentant pour siéger dans ce comité électoral. Le PDCI et tous les partis politiques ne l’exigent–ils pas pour la CEI ?

Dès lors que tous les membres ont été désignés par l’un des candidats, ils ne peuvent être ni indépendants, ni impartiaux à l’égard de ce candidat. Et c’est exactement ce qui s’est passé puisque, comme il fallait s’y attendre, aucun reproche n’a été fait au dossier de leur obligé alors que tous les maux, même les plus fantaisistes, ont été retenus contre le dossier de l’autre candidat, sans qu’il soit jamais possible d’apporter la contradiction au moment des délibérations à des membres non indépendants.

De surcroit, certains des membres de ce comité électoral ont fait partie de la délégation qui s’est rendue chez le Président BEDIE pour lui demander de se porter candidat, comme cela résulte de la déclaration de leur porte-parole.

En effet, voici ce qu’il a déclaré : « les membres du secrétariat exécutif, les vice-présidents, les délégués départementaux et communaux, les responsables des structures spécialisées UFPDCI/JPDCI vous demandent avec insistance de faire acte de candidature à la convention »

Il apparaît donc clairement que le comité électoral qui a rendu la décision d’invalidation de ma candidature pour n’avoir pas su faire preuve de neutralité est disqualifié et cette invalidation pour moi est sans effet.

La décision prise par ce comité aux ordres, est un attentat contre la démocratie. Elle est l’œuvre d’un escadron servile uniquement motivé par la préservation de ses propres intérêts. C’est un mauvais coup porté à l’image du parti et à la confiance des militants.

Notre peuple jugera sévèrement ce coup d’Etat odieux et ses auteurs. Toutefois, je m’abstiens de toute interférence judiciaire dans les affaires internes du PDCI. C’est pourquoi j’ai demandé à mes conseils de ne pas exercer de recours devant un organe qu’au demeurant, je conteste.

Je déplore cependant le fait qu’en 2020, ce soit le PDCI qui inaugure l’expérience de l’exclusion des candidats à une élection. Voilà l’essentiel du message à partager avec vous mesdames et messieurs.

Je suis prêt à répondre à toutes vos questions.

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4 réflexions au sujet de “Côte-d’Ivoire: Hamed Bakayoko a la « chance d’avoir soutenu quelqu’un qui lui a renvoyé l’ascenseur » (KKB)”

  1. L’INDUSTRIE DU BACCALAURÉAT
    Il y a quelques jours, un journaliste a révélé le business florissant autour des épreuves physiques du baccalauréat et du BEPC : les élèves sont rançonnés dans un système bien huilé depuis quelques années. Cotisation rassemblées par leurs établissements, et transmises à qui de droit le jour dit. Notes pour les élèves-payeurs au-dessus de celles qu’on attribuerait aux légendaires Bob Beamon au saut en longueur et à Usain Bolt au sprint.

    Prochaines étapes, les oraux et les écrits. Pour cela, les élèves et pour certains, leurs parents avec, sont à pied d’œuvre pour rassembler les moyens pour affronter ces épreuves. Pourquoi étudieraient-ils ? A quoi cela servira vu que le résultat sera à la hauteur de l’épaisseur du porte-monnaie ? Les examinateurs sont cash envers les gosses : « je ne suis pas venu surveiller quelqu’un. Celui qui a ce qu’il faut, pourra faire ce qu’il veut ». Il n’est donc pas rare que des mercenaires rôdent autour des centres d’examen ; que des élèves apportent tablettes connectées et cahiers de cours à l’exam ; voire même que l’examinateur traite directement de son auguste main et de sa belle écriture la copie de l’élève prodigue (très prodigue).

    Voici le genre de sujet qui m’intéresse, bien au-delà des pitreries d’un KKB qui est le prototype achevé de l’individu hier stigmatisé par Bilé Didier, au début des années 90 : des « Gboklo Koffi » fabriqués par notre société. Une société toute pourrie avec de vrais morceaux de merde dedans.

  2. @COIGNY….. Prends mon « Gho^h » de loin………….. « N’djamoh. N’djakloi »=Feliciatation + MERCI en Akan(baoulé)

  3. Toi ton problème, c’est la jalousie. Si tu trouve qu’il a eu la chance, vas-y aussi, tu aura la chance là-bas!

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