La fédération Fpi (pro-Gbagbo) de Yopougon était à sa 4e assemblée générale extraordinaire dimanche, au Mont Zatro. Outre les questions internes, le fédéral Kouassi Bertin et ses camarades avaient à cœur de réarmer moralement les militants et sympathisants de Gbagbo après le récent appel interjeté par la procureure de la Cpi, Fatou Bensouda dans l’affaire Gbagbo et Blé contre le procureur.
Pour ce faire, ils ont invité le vice-président chargé de la gouvernance interne et externe du parti, Jean Gervais Tchéidé. Celui-ci a souvent rendu visite à Gbagbo lors de sa détention préventive à La Haye et il était récemment à Bruxelles où il s’est entretenu 3 heures durant avec Laurent Gbagbo en tête-à-tête. Pour le fédéral, il n’y avait pas mieux que M. Tchéidé pour rendre compte de l’état d’esprit de leur champion et d’éclairer sur la ligne à suivre.
L’invité n’a pas été avare en propos. Il a d’abord livré une lecture juridique de la situation à la lumière des réponses à lui, données par les avocats de Laurent Gbagbo, en l’occurrence Me Habiba Touré. Là-dessus il soutient que la procureure dont le dossier a été qualifié ‘’d’exceptionnellement faible’’ par le juge Cuno Tarfusser, s’est attardée sur au moins deux détails de procédure pour justifier son appel. D’une part, elle évoque l’article 74 des statuts pour s’élever contre la décision orale rendue par la chambre de première instance. Ce jugement selon elle, aurait dû être accompagné des motivations écrites en même temps. Ne pas le faire est de l’avis de Bensouda une violation de la norme. D’autre part, Fatou Bensouda voudrait qu’on lui dise la norme par laquelle le juge indique que ses preuves ne sont pas suffisantes. Or là-dessus, selon les avocats de Gbagbo, cités par Gervais Tchéidé, le juge oppose l’article 21 des mêmes statuts qui évoquent une jurisprudence en la matière, à savoir qu’il faut toujours respecter les droits du détenu. Et pour le juge, Gbagbo qui a passé 8 ans en détention n’avait pas à y demeurer encore au regard de la faiblesse des arguments de l’accusation.
« Fatou Bensouda sait que son appel n’a pas la chance d’aboutir. C’est une tentative de nous démotiver, de casser notre moral et de retarder le retour de Gbagbo », en déduit l’orateur pour qui le Fpi a déjà traversé de pires situations que celle-ci et ne saurait se décourager au moment où le bout du tunnel n’est plus loin. Aussi a-t-il mis en garde contre une tentative de mise à l’écart de Gbagbo par ces subterfuges juridico-politiques. Selon lui, les puissances alliées au régime d’Abidjan ne peuvent réellement préserver leurs intérêts qu’avec Gbagbo dans le jeu politique.
« Les élections en Côte d’Ivoire sont faites pour les Ivoiriens et par les Ivoiriens. Il faut que les Ivoiriens arrêtent de se regarder en chien de faïence. Il faut que tous les acteurs soient là pour se parler. Quand les populations auront vu ça, alors les cœurs seront apaisés et un simple incident entre une moto et une voiture ne dégénérera plus en affrontement… Ceux qui pensent qu’ils vont faire les élections pour préserver leurs intérêts en écartant Gbagbo, ils se trompent. C’est à nous de le leur dire », a martelé Gervais Tchéidé.
Le vice-président analyse que les élections ne sont pas la panacée pour la Côte d’Ivoire dans le contexte actuel.
Le préalable, fait-il savoir, c’est la réconciliation pour éviter de retomber dans le chaos. « Ce qui est en jeu, c’est ce que Gbagbo va faire quand il sera en Côte d’Ivoire et cela vaut toute la patience », a-t-il dit en guise de conclusion invitant les militants de son parti à rester debout, seule posture qui fera changer d’avis au camp d’en face.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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