Un corps découvert dans le parc national où ont disparu deux Français.
Un cadavre a été retrouvé dans le parc national de la Pendjari, au Bénin, où deux touristes français et leur guide sont portés disparus depuis mercredi, selon les autorités béninoises.
La nouvelle ne donne aucune «certitude» sur le sort des deux français portés disparus depuis mercredi avec leur guide dans le parc national de la Pendjari, au nord du Bénin, où ils passaient leurs vacances.
«Les responsables du parc national de la Pendjari ont annoncé la disparition, le mercredi 1er mai, de deux touristes français et de leur guide béninois», expliquait-on samedi soir au ministère de l’Intérieur béninois, dans un communiqué publié sur Twitter. «Un corps a été découvert aujourd’hui. Il n’a pas été identifié. On ne peut en tirer aucune conclusion sur le sort des trois personnes disparues», a-t-il poursuivi.
«A ce stade, le corps n’a pas été identifié. Il n’y a pas la moindre certitude que ce soit l’un d’entre eux», a réagi une source diplomatique française, contactée par l’AFP dans la nuit de samedi à dimanche. Selon la chaîne d’information France 24, qui cite des sources mauritaniennes et maliennes, «le chauffeur aurait été retrouvé mort, tué par balles» et «le véhicule qui les transportait est calciné».
Dans cette zone frontalière avec le Burkina Faso, la situation sécuritaire sur le sol béninois se dégrade de façon alarmante.
Au sein du ministère des affaires étrangères à Paris, une source a confirmé que «deux touristes français – ainsi que leur guide béninois – qui visitaient le parc de la Pendjari n’ont pas regagné leur hôtel où ils étaient attendus mercredi soir». Ils sont «recherchés activement avec le soutien des autorités béninoises», a précisé cette source. «Le Centre de crise et de soutien et notre ambassade sont mobilisés et en lien étroit avec les autorités locales.
Une source au sein d’African Park, l’ONG en charge de la gestion de la Pendjari, a également confirmé cette disparition inquiétante, affirmant qu’il était «trop tôt pour parler d’enlèvement». «Pour nous, ils sont perdus. On les a cherché partout et on continue les recherches», a expliqué cette source.
La Pendjari, d’une superficie de 4.700 km2, est l’un des trois parcs de l’ensemble WAP (parc du W, Arly et Pendjari) qui s’étend sur le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. Situé à plus de douze heures de route de la capitale économique Cotonou, c’est l’un des derniers sanctuaires de la vie sauvage en Afrique de l’Ouest, prisé par les touristes.
Une zone vulnérable face au terrorisme
Le Bénin est considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, une région mouvementée, où opèrent de nombreux groupes jihadistes. Mais le chaos qui règne depuis 2012 au Mali s’est propagé depuis environ trois ans au Burkina Faso, confronté à une multiplication alarmante des attaques djihadistes sur son sol.
Ces derniers mois, plusieurs experts et sources sécuritaires ont mis en garde contre le fait que le nord des pays côtiers de l’Atlantique comme le Togo et le Bénin soient vulnérables face à la stratégie d’expansion et de multiplication des fronts adoptés par les groupes armés. «Cet acharnement inouï semble indiquer que le Burkina est le dernier verrou que ces groupes veulent casser pour atteindre l’Afrique côtière», affirmait ainsi récemment à l’AFP Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, basé à Dakar. Le nord de ces pays pourrait ainsi devenir une «zone de repli» pour les djihadistes retranchés dans des poches forestières et rurales isolées, le long de frontières réputées poreuses, selon Bakary Sambe.
Le 15 février, l’assassinat au Burkina Faso de quatre douaniers burkinabè et d’un prêtre espagnol qui revenait d’une réunion à Lomé, au Togo, peu après avoir passé la frontière, avait renforcé les craintes. Le président togolais Faure Gnassingbé a annoncé fin avril le démantèlement de plusieurs cellules terroristes sur son territoire, affirmant que «le contexte sécuritaire régional est marqué par une dégradation notable, sur fond de regain des attaques terroristes». Burkina, Ghana, Bénin et Togo ont mené en mai et novembre 2018 une vaste opération de lutte contre la criminalité transfrontalière, conduisant à l’arrestation de plus de 200 individus – dont plusieurs soupçonnés d’activités jihadistes – dans les quatre pays. «La menace est réelle. Tout le monde est sur le qui-vive», assurait récemment à l’AFP un haut responsable sécuritaire togolais. «Les forces de sécurités togolaises et béninoises travaillent en étroite collaboration avec les Burkinabés», ajoutait-t-il. «Ces derniers temps, des patrouilles sont régulièrement organisées dans les villages frontaliers, surtout la nuit». Il y actuellement une otage française dans le monde, dans cette même région sahélienne: la médecin humanitaire Sophie Pétronin, 73 ans, enlevée à Gao (nord Mali) le 24 décembre 2016 par des hommes armés.
Par Journaliste Figaro avec AFP
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