« L’affaire Bouba » interroge notre politique criminelle en Côte-d’Ivoire

Quelle est la réponse que le corps social, dans notre pays, apporte au phénomène d’enlèvement et de meurtre d’enfants ?

La récurrence des enlèvements et des meurtres d’enfants dans notre société étatique montre bien l’insuffisance des moyens et procédés de prévention et de répression de ce type d’infraction.

Selon la presse nationale, quarante (40) cas de disparition d’enfants ont été signalés en moins de deux mois. Que fait la société pour protéger ce que nous avons de plus précieux, de plus beau : nos enfants ?

Le droit positif ivoirien, précisément le code pénal, prévoit une peine d’emprisonnement de 5ans à 10ans pour les auteurs d’enlèvements d’enfants et la prison à vie si l’enlèvement entraine la mort de l’enfant. La sanction ne me paraît pas sévère, elle n’est pas proportionnée à la gravité de l’acte. Tuer un enfant, c’est tuer l’avenir, c’est assassiner l’espoir et le rêve.

Dans le cas du meurtre d’un enfant, comme dans l’espèce du petit Bouba, la peine de mort ne s’impose –t-elle pas comme le moyen le plus efficace pour rendre justice ? La peine capitale n’est-elle pas le seul instrument de dissuasion des candidats à la délinquance criminelle ?

L’exécution du criminel ne serait-elle pas la matérialisation de la sévérité de la société à l’encontre des crimes particulièrement graves ? Les personnes qui commettent les crimes les plus graves méritent-elles de vivre ? Selon la presse nationale, même la population carcérale de la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) est choquée par la mort de petit Bouba et veut en découdre avec son présumé auteur. Oui, les prisonniers, personnes en conflit avec la loi, savent la limite à ne pas franchir. La délinquance ne doit pas abîmer notre humanité. Sans la peine de mort, comment prévenir le retour des dangereux criminels dans la société et d’éventuelles récidives ? Dans une Côte d’ivoire où la surpopulation carcérale est devenue un véritable problème, la peine capitale est un moyen rationnel de libérer l’espace pénitentiaire.

La disposition constitutionnelle selon laquelle, « toute sanction tendant à la suppression de la vie humaine, est interdite » n’est-elle pas obsolète, inappropriée à notre société actuelle ? Surtout, relativement à l’enlèvement et au meurtre des enfants et des personnes incapables de se protéger en raison de leur état physique ou mental ? Tenter de la réviser serait, à mon sens, un acte courageux, politiquement correct. Dans tous les cas de figures, « l’affaire Bouba » oblige les intellectuels et les politiques à repenser notre politique criminelle, parce qu’on ne vit qu’une seule fois. Et une société étatique qui ne sait pas protéger ses enfants, a rendez-vous avec le déclin.

Geoffroy-Julien Kouao

Juriste et Ecrivain.

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2 réflexions au sujet de “« L’affaire Bouba » interroge notre politique criminelle en Côte-d’Ivoire”

  1. L’affaire Bouba est une affaire comme il en existe hélas dans tous les pays du monde où la prédation d’adultes détraqués permet d’être constamment confrontés à ce genre de drames. Jusqu’ici, rien de nouveau, sauf que dans nos pays, ces phénomènes sont neuf favorisés par, comme l’expliqua le Dr Dion, l’extrême laxisme des parents et la bonne foi donnée sans réserve aux voisins, ou aux étrangers (au cercle familial, pas au pays, entendons-nous bien). Donc, l’arsenal juridique pour viol ou meurtre existe bel et bien déjà, sauf à le corser par la peine de mort, permettant d’agir (de dissuader) à titre préventif. A titre curatif, la population se satisferait bien de lynchage public, de supplices du collier ou de « battrage » à la planche à clous, mais pour l’heure, la mesure est observée avec les autorités par communiqués, visites compassées, etc.

    Qu’un automobiliste roulant à 120 km/h écrase un élève devant un établissement scolaire, et dans les jours qui suivent, un panneau de limitation de vitesse apparaîtra sur le lieu même, avec construction de dos d’âne. Preuve que l’apparition d’un problème incite à une prise de mesure pour éviter sa répétition. Si l’on ne peut agir directement sur le bras séculier (les intentions restant le plus souvent cachées), ou sur le commanditaire (dans la même situation), on peut en revanche le faire sur le prescripteur. En l’occurrence ici, le marabout qui tient bien son nom de cet horrible oiseau. Ne pourrait-on pas réglementer la « profession » de marabout, guide spirituel pour certains et sombres canailles pour les autres ? Entendons-nous bien : ceci n’est en aucun cas un réquisitoire contre une confession religieuse, mais il importe que de l’ordre soi mis dans ce cercle, avec immatriculation, déclaration fiscale d’existence, autorisation d’exercer, traçabilité, etc.

  2. Le débat s’impose vu les réactions enregistrées ici et là. Le but est de trouver une solution globale et pertinente, au lieu de passer de cas en cas, de compassion en compassion, de récupération politique en récupération politique, accompagnées de quelques billets de banques et des larmes factices.

    Le lieu le mieux indiqué pour ouvrir de nouvelles portes et trouver des solutions est l’assemblée nationale !!

    Mais ici, on se doit de constater que cette assemblée semble ne pas du tout fonctionner. Elle est impassible, passive, amorphe.

    Quelques députés ont ici et là cracher leur colère et leur indignation (OUEGNIN), d’autres ont fait des actions dans le silence (SORO qui aurait apporté sa compassion à la famille de BOUBA en espèces et en sentiments par personne interposée longtemps avant la NOUVIAN), mais dans l’ensemble, l’assemblée nationale semble avoir peur d’agir, de réagir !!

    Elle n’est pas à sa place et son comportement semble être dicté par celui de OUATTARA, le maitre des lieux !! Elle a par exemple refusé de se prononcer sur l4ordonnace de OUATTARA récemment pour organiser ses sénatoriales !!

    Quand on commence à politiser une situation qui puise ses sources dans la société, on court le risque de se planter car on aura ignorer les aspirations profondes de la société, du peuple de Cote d’Ivoire.

    C’est un cri de douleur, c’est de l’indignation, c’est de la colère produite à l’endroit de criminels qui pensent pouvoir se forger une fortune en tuant de pauvres innocents.

    Ce sont des pratiques occultes auxquelles sont abonnés de nombreuses personnalités de ce pays, qui paradoxalement occupent de nombreux postes dans le gouvernement et dans l’hémicycle.

    Ne serions nous pas en train de prêcher dans le désert, @Coigny ???

    On ne saurait demander à l’autorité de réguler un domaine quand elle même elle est compromise ?!?!?!?!

    Pourtant, ce débat doit etre maintenant, avant que le peuple ne soit excédé et ne légifère tout seul (il le fait déjà) !!

    Pop !! (Comment peut-on attendre le soutien de mon cher ami @quoi, si lui-même est un client régulier chez le marabout du coin ?? Je dis ça, mais je ne dis rien oooo)

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