Pour comprendre la campagne de dénigrement de l’Église catholique de Côte-d’Ivoire contre la Franc-maçonnerie

Frères Maçons de la loge Mont Nebo nr. 67 Obédience Prince Hall / Clergé catholique ivoirien

Première partie

L’Eglise ivoirienne contre la Franc-maçonnerie

Depuis quelque temps l’Eglise catholique de Côte d’Ivoire a initié une violente campagne de dénigrement contre la Franc-maçonnerie, sans que l’on n’en comprenne les raisons. Cela a commencé par une publication qui a circulé sur le net et a continué par des prêches mêlant mensonges et calomnies dans les églises.

« Qu’est-ce qui n’a pas marché ? », comme on dirait en Côte d’Ivoire. Pourquoi ces violentes diatribes de la part de l’Eglise ivoirienne, au moment même où au Vatican, des voix de plus en plus fortes prônent le dépassement des préjugés à l’encontre de la Franc-maçonnerie ?

Qu’est-ce qui sépare l’Église de la Franc-maçonnerie ?

D’abord, la Franc-maçonnerie n’est pas une religion.

Elle ne prétend pas détenir une quelconque vérité.

Au contraire, elle la cherche en permanence.

Est-ce cela qui irrite l’Église ivoirienne ?

La Franc-maçonnerie n’a jamais été opposée à aucune religion, elle n’en combat aucune. Elle affirme au contraire que ses membres sont libres d’avoir les conceptions métaphysiques qu’ils veulent. C’est ainsi qu’au sein de la Franc-maçonnerie l’on rencontre de fervents chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes, ou adeptes des religions traditionnelles africaines.

Est-ce cette tolérance qui dérange l’Eglise catholique ?

Dans le texte qui circule sur internet et qui a été lu dans certaines églises, il est reproché à la Franc-maçonnerie son relativisme. Il est ainsi écrit : « d’une manière générale, le relativisme constitue l’épine dorsale des principes de la Franc-maçonnerie. On comprend dès lors que cette tendance à vouloir tout relativiser constitue le nœud même de l’incompatibilité, en raison des conséquences sur le contenu de la foi, l’agir moral et l’appartenance à l’Eglise. Dans cette dynamique, la Vérité est relativisée et l’idée même d’une Révélation est refusée. »

Il y a un malentendu à ce niveau.

La Franc-maçonnerie, en tant qu’institution, n’affirme aucune vérité. Elle donne à ses membres les outils pour chercher cette vérité. Et ceux-ci sont libres de croire en ce qui leur paraît être la vérité. Ils sont totalement libres de croire en la divinité du Christ, en la Révélation ou en toute autre vérité. Les outils que la Franc-maçonnerie donne à ses membres permettent à certains de renforcer leurs fois. C’est pourquoi l’on trouve au sein de de cette organisation de fervents croyants.

Qu’est-ce qui peut donner lieu à des achoppements entre Christianisme et Franc-maçonnerie pour justifier la violence des attaques que nous subissons ?

La Franc-maçonnerie reconnait le droit aux autres de croire. Pourquoi l’Eglise de Côte d’Ivoire veut-elle empêcher les Francs-maçons de réfléchir ? Nous nous perdons en conjecture. Pourquoi ne s’en prend-elle pas aux religions qui refusent tout simplement de croire au caractère divin du Christ, à savoir le judaïsme ou l’islam entre autres ? Elle sait la réponse qui lui sera donnée. Est-ce la possibilité offerte par la Franc-maçonnerie à ses membres de réfléchir par eux-mêmes afin de faire leurs choix en toute liberté qui irrite l’Eglise catholique de Côte d’Ivoire ?

Il est vrai qu’en religion, ce qui est demandé aux ouailles est de croire sans chercher à comprendre quoi que ce soit. Cela s’appelle le mystère de la foi. La virginité de Marie, il faut simplement y croire. Le mystère de la Trinité sorti du chapeau à la suite du concile de Nicée en 325, il faut y croire, parce que, comme l’aurait dit un enfant sur une plage à Saint Augustin, il est plus facile de mettre tout l’océan dans un petit trou que de percer ce mystère. Les incohérences dans la Bible, il ne faut pas les discuter. C’est la parole de Dieu et Dieu est libre de se contredire. En religion, on ne discute pas. Et la religion vous prend dès votre naissance et ne vous lâche plus jamais, même après votre mort.

Rappelons tout de même à l’Eglise catholique que l’une de ses vérités était que la terre était plate, et que c’est au nom de sa vérité que l’on extermina les Indiens des Caraïbes et que l’on fit des Noirs d’Afrique des esclaves.

Les chrétiens ivoiriens devraient y réfléchir et relire le livre de Serge Bilé qui raconte comment les religieuses africaines sont méprisées et prostituées au Vatican.

Est-ce notre attachement viscéral à la laïcité qui insupporte l’Eglise catholique de Côte d’Ivoire ? Oui, nous proclamons que dans la république, la religion doit rester dans la sphère privée de chaque individu. Elle n’a pas à interférer dans la conduite des affaires de l’Etat.

L’un de nos crédos est le respect de soi-même et des autres. Aussi la Franc-maçonnerie respecte profondément l’Église catholique de Côte d’Ivoire. Ce que nous attendons d’elle, ce n’est pas son respect, mais qu’elle se fasse respecter. Pourquoi ces accusations de sorcellerie qu’elle lance contre la Franc-maçonnerie ? Est-ce parce qu’elle ne comprend pas nos symboles ?

Que dire alors d’une religion qui à chacune de ses célébrations affirme manger le corps de son dieu et boire son sang ?

Certains prêtres voudraient pour preuve de notre côté obscur, le fait qu’il n’y aurait pas de femmes dans la Franc-maçonnerie. Je suis désolé, pour ces prêtres mais ils font preuve d’une méconnaissance du sujet dont ils parlent. Il y a bien des femmes dans la Franc-maçonnerie et plusieurs d’entre elle dirigent des loges. L’Église catholique permet-elle aux femmes d’accéder à la prêtrise ? Non. Les déteste-t-elle ? Ou leur absence permet-elle aux prêtres et évêques de s’adonner en toute tranquillité aux actes de pédophilie qui sont révélées partout dans le monde ?

L’Église catholique de Côte d’Ivoire a-t-elle peur que les Francs-maçons révèlent toutes les turpitudes auxquelles elle se livre tous les jours dans ce pays ?

A-t-elle peur que nous parlions des fidèles cocufiés par les prêtres, les foyers brisés, les enfants non reconnus, les prêtres vivant en concubinage notoire, les fortunes honteusement amassées, les évêques usuriers, les prêtres qui consultent les marabouts ?

L’Église ivoirienne parle aussi de sacrifices humains que les Francs-maçons pratiqueraient. Nous attendions d’une institution aussi respectable que l’Église qu’elle élève un peu le débat. Peut-elle avancer un début de preuve de crime rituel qui aurait été commis par des francs-maçons agissant en tant que tel ?

Et si l’on parlait des souffrances infligées à des centaines de milliers d’enfants à travers le monde entier, par les actes de pédophilie de ceux qui étaient censés les guider, les scandales financiers qui éclaboussent régulièrement le Vatican, le soutien à des régimes corrompus et sanguinaires ? S’il y a bien un point fondamental de divergence entre la Franc-maçonnerie et l’Église catholique, c’est la question de la pédophilie.

Les prêtres et évêques de Côte d’Ivoire reprochent à la Franc-maçonnerie son caractère secret.

Oui, nous l’assumons. Nous ne sommes pas une religion, nous ne faisons pas de prosélytisme ; nous sommes une société initiatique et nous choisissons nos membres après un examen minutieux. Oui, ne devient pas franc-maçon qui veut. Parce que nous voulons former des maillons solides d’une chaîne d’hommes et de femmes capables de transformer positivement leur société. Si nous ne nous exposons pas, c’est parce que dans notre histoire, nous avons connu des périodes de persécutions, et c’est bien ce que l’Église catholique de Côte d’Ivoire veut rééditer. Cela dit, chacun de nos membres est libres de s’exposer. En Europe ou aux États-Unis où le temps de la persécution est passé, les francs-maçons ne se gênent plus pour s’afficher. Aux Etats Unis particulièrement, il est écrit sur la tombe de Georges Washington, le premier président du pays : «il fut franc-maçon.» Là-bas, les pères de l’indépendance et les rédacteurs de la Constitution furent majoritairement des francs-maçons, fiers de l’être et ils n’hésitaient pas à poser pour leurs portraits dans leurs tenues de francs-maçons. Ceux qui connaissent la ville de Washington savent que l’espace entre la Maison Blanche, le Capitole et la Cour suprême fut construit sur un plan clairement maçonnique. En France pendant l’été, un des sujets favoris des magazines est de parler des pouvoirs des francs-maçons et de lâcher des noms. Parce que ces magazines savent que c’est un sujet qui excite les sots et fait vendre lorsque l’actualité devient pauvre. Là-bas aussi les francs-maçons s’affichent sans aucun complexe.

En Côte-d’Ivoire, lorsque l’Eglise catholique appelle presqu’au lynchage des francs-maçons, nous nous devons d’être prudents. Lorsqu’elle deviendra moins hystérique, nous nous présenterons à nos concitoyens. Une loge avait invité un prêtre à un dialogue, mais il a refusé. L’on sait maintenant où se trouve l’intolérance.

Un Maître Franc-Maçon

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