Dimanche 14 mai des représentants des mutins et une délégation de l’état-major conduite par les anciens comzones Issiaka Ouattara (dit Wattao), Chérif Ousmane, Koné Zakaria, et Hervé Touré (alias Vetcho) − respectivement commandant de la garde républicaine, chefs du premier bataillon de commandos et de parachutistes (1er BCP) et de l’unité de commandement et de soutien (UCS) et commandant du 3e bataillon de d’infanterie de Bouaké − ont mené des discussions soldées par un échec.
Lundi, Bouaké était toujours aux mains des mutins. Des tirs ont résonné dans la nuit de dimanche à lundi, et dans la matinée. Abidjan, où le calme était revenu vendredi soir, est à nouveau touchée. Des tirs nourris ont été entendus dans la nuit au camp d’Akouédo, le plus grand du pays, tandis qu’à Bouaké, les soldats mutins effectuaient des tirs en l’air dans les rues de la ville. Le camp Gallieni, situé dans le quartier des affaires du Plateau où se trouve l’état-major des armées, et la base navale sont également concernés.
Ces nouveaux tirs ont éclaté quelques heures seulement après la mise en garde du chef d’état-major. Dans un communiqué, diffusé dimanche 14 mai, le général Sékou Touré a averti les mutins, dénonçant leurs « actes contraires à l’éthique militaire ». « Ces actes d’une extrême gravité sont contraires à la mission de protection assignée aux forces armées. En conséquence une opération militaire est en cours pour rétablir l’ordre », a-t-il fait savoir.
Les mutins ne décolèrent pas depuis l’annonce de leur « renoncement à toute revendication d’ordre financier » faite par le sergent Fofana, présenté comme l’un de leurs porte-paroles lors d’une cérémonie enregistrée au palais présidentiel et retransmise jeudi 11 mai à la télévision nationale. Loin de clore le mouvement d’humeur dans les casernes, cette déclaration a au contraire ravivé la colère des mutins.
9h30 : Des mutins ont érigé un barrage près du camp Gallieni. « Nous voulons que nos primes soient payées », affirme l’un d’entre eux. À ses côtés, un autre soldat en colère, cagoulé, ajoute à propos des mises en garde du chef d’état-major : » Ils ne négocient pas, ils disent que nous sommes des bandits et ils nous menacent d’intervention. Nous sommes prêts. »
La situation en direct (heure d’Abidjan) rapportée sur le site de Jeune-Afrique
11h30 : À Abidjan, quelques tirs sporadiques sont toujours entendus autour du nouveau camp militaire d’Akouédo. La plupart des petits magasins n’ont pas ouvert leurs portes. Des véhicules du Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO) étaient déployés à certains carrefours de cette zone. A Cocody, des véhicules du Groupement de Sécurité du Président de la République (GSPR) étaient également visibles. Autour des camps d’Akouédo et de Gallieni, la circulation est bien moins importante que d’habitude mais dans les autres quartiers d’Abidjan, l’activité est quasi normale. « Il n’y a pas de panique », confie un habitant, à part certaines agences bancaires, les magasins sont ouverts.
11h20 : À Man, dans l’ouest du pays, des tirs sporadiques sont entendus depuis quinze minutes, selon un habitant contacté à 11h15. « Ce matin, des soldats étaient visibles dans la ville, ils étaient lourdement armés. On ne les voit plus désormais, mais depuis quinze minutes, nous entendons des tirs en provenance du camp militaire. Les gens sont sur le qui-vive et le marché commence peu à peu à se vider », explique-t-il.
9h15 : Voici le récit d’un habitant d’Akouédo, dont la maison se trouve à quelques dizaines de mètres du camp : « On n’a pas pu fermer l’œil de la nuit. Vers 20 heures, on a commencé à entendre des coups de feu et à cette heure-ci, ça continue encore. Les femmes ont peur, tout le monde reste à la maison. »
9h00 : À Bouaké, un commerçant raconte : « On n’a pas pu dormir tant les tirs étaient nourris. Là, la ville est déserte, on ne peut même pas aller travailler. Tout est très calme. Un de mes voisins qui est chauffeur de bus est sorti de chez lui à l’aube pour prendre son service mais les militaires l’ont obligé à rentrer chez lui. Les soldats font des tours dans la ville et tirent en l’air. On est fatigué de cette situation. »
8h30 : À Abidjan, les tirs entendus dans la nuit se poursuivent ce matin. Les camps d’Akouédo, de Gallieni et la base navale sont touchés. Certains des axes alentours sont bloqués. L’ambassade de France a mis en garde ses ressortissants. « En raison de tirs au camp d’Akouedo et du blocage des carrefours alentours, les cours n’auront pas lieu aujourd’hui au Lycée Blaise Pascal et à l’école Jacques Prévert. Il est recommandé d’éviter tout déplacement dans ce secteur », dit le message.
Sur sa page Facebook, elle recommande également d’éviter les déplacements à Bouaké.
Par Jeune Afrique: La situation en direct (heure d’Abidjan)
Les commentaires sont fermés.