France: Macron élu Président avec les plus hauts taux d’abstention et de votes blancs/nuls en 50 ans

Emmanuel Macron a réussi dimanche l’incroyable pari de devenir président de la République à seulement 39 ans…Mais ce seul résultat ne doit pas occulter une élection en demi teinte. Le candidat d’En marche ! a recueilli 65,1 % des suffrages, contre 34,9 % pour la candidate du Front national, Marine Le Pen, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France LCP/Public Sénat, RFI-France 24, Le Point et Le Monde. L’abstention au second tour est estimée à 25,3 %, un record depuis la présidentielle de 1969.

Taux d’abstention record

Plusieurs chiffres viennent contrarier la large victoire d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen.

Ainsi, l’abstention a atteint un niveau particulièrement élevé: entre 25 et 27% selon différents instituts contre 22,23% au premier tour. Il faut remonter à 1969, au duel Pompidou-Poher, pour trouver une abstention plus forte (31,15%). Comme en 1969, c’est la seule fois que l’abstention progresse entre le premier et le second tour.
En 2012, l’abstention était au second tour de 19,65%, contre 16,03% en 2007. Même en 2002, alors que le FN participait au second tour pour la première fois de son histoire, la participation était plus élevée (20,29%). Cette année, pas de sursaut de mobilisation pour aller sauver le soldat Macron du duel qui l’opposait à Marine Le Pen.
Il faut ensuite regarder le nombre de votes blancs et nuls. Selon plusieurs estimations, leur nombre marquerait un nouveau record sour la Ve République, autour de 10 à 11%. Le précédent record datait de… 1969: 6,42% des votants avaient glissé un bulletin blanc ou nul. Déjà en 2012, le record avait failli être dépassé avec 5,82% des votants, soit 2,154 millions de bulletins.

Contrairement à 1969 où la forte abstention et le nombre de votes blancs/nuls étaient la conséquence d’un manque d’enjeu à trancher le duel de deux candidats de centre-droit, les chiffres de 2017 illustrent une fracture bien plus profonde. Les tergiversations des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de François Fillon ont pesé, compliquant la formation d’un front républicain. Les quatre blocs qui sont apparus au premier tour (Macron-Le Pen-Fillon-Mélenchon) n’ont pas réussi à se rassembler. Une dispersion qui devrait réapparaître lors des prochaines élections législatives, compliquant encore un peu plus la tâche d’Emmanuel Macron et le privant d’ores-et-déjà d’un état de grâce.

Un contexte différent ?
Depuis 1974, la participation au second tour est plus importante qu’au premier, à l’exception de 2007 où elle fut stable. Mais le contexte, cette année, est nettement différent. D’une part, l’élimination au premier tour des candidats des deux principaux partis de gouvernement peut entraîner une désaffection de leur électorat. D’autre part, à l’inverse de l’élection présidentielle de 2002, qui avait opposé Jean-Marie Le Pen à Jacques Chirac au second tour, la qualification de la candidate de l’extrême droite n’a pas provoqué une mobilisation massive. En 2002, entre les deux tours, la participation avait bondi de huit points. Plus de 66 000 bureaux de vote en métropole sont restés ouverts jusqu’à 19 heures, soit une heure plus tard que lors des précédentes élections présidentielles, pour éviter les risques de divulgation des résultats. Dans certaines grandes villes, les bureaux sont restés ouverts jusqu’à 20 heures.

Avec Lemonde et le Figaro

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