Côte-d’Ivoire “retraite par capitalisation”: Une vue utopique des théoriciens de Lider ?

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Lu pour vous

Je voudrais revenir sur la retraite par capitalisation proposée par le parti LIDER de Mamadou Koulibaly pour remplacer le système actuel des retraites, par répartition en Côte d’Ivoire.

Je précise d’emblée que cet exposé est technique. Je m’excuse déjà auprès de ceux qui le trouveront ennuyeux. Surtout, que l’on sache que je ne m’acharne pas sur LIDER. Je confronte juste des idées.

J’avais demandé à la conseillère exécutive de MK, Mme Nathalie Yamb qui m’avait répondu sur le sujet, de me citer au plus trois pays importants dans le monde dans lesquels la capitalisation comme système de base des retraites est une réussite. À ce jour, pas de réponse.

J’ai bien compris que c’est une question difficile pour elle d’autant plus que les avantages de la capitalisation comme système de base n’existent que dans les bouquins d’économie et autres tribunes d’économistes adeptes des théories.

Dans la pratique, on sait que, même dans des pays capitalistes comme les États-Unis, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, le système de base des retraites est le système par répartition [systeme dit hybride]. La capitalisation vient en deuxième ligne, c’est-à-dire comme retraite complémentaire. Je souhaite d’ailleurs que la capitalisation des retraites soit imposée comme retraite complémentaire en Côte d’Ivoire pour compenser la modicité des pensions publiques.
J’ai bien noté aussi le déphasage entre Mamadou Koulibaly et sa conseillère exécutive car l’un, en l’occurrence le président de LIDER, a annoncé que ce système sera obligatoire, et l’autre, la conseillère, clame haut et fort que la capitalisation sera au choix. La différence est de taille. Je pense qu’ils devraient harmoniser leurs idées avant de les proposer aux Ivoiriens.

L’autre argument de LIDER est que la capitalisation apportera des capitaux importants à l’économie ivoirienne. Cet avantage, vous le retrouverez aussi dans tous les livres qui traitent de la question des retraites. Décidément, LIDER n’aime que les théories. Il y aura des capitaux, certes. Mais, ce n’est pas parce qu’il y a des capitaux dans les banques que l’économie en profitera! D’ailleurs, la Côte d’Ivoire est théoriquement en croissance économique mais la population n’en profite pas. Faisons donc attention aux théories impossibles à mettre en pratique !!!!

Enfin, je suis bien curieux de savoir comment LIDER gérera la transition de la répartition à la capitalisation. Cette transition est d’autant plus importante que le pouvoir LIDER (si ce parti accède au pouvoir d’État) a pour ambition de mettre fin à la solidarité intergénérationnelle. Il faut rappeler que le système par répartition est un contrat social implicite permanent entre trois générations: la génération G+1 actuellement à la retraite a accumulé une créance sur la génération G qui travaille en ce moment. Cette génération G, par ses cotisations retraites va payer sa dette envers ses aînés (G+1) afin que ces derniers perçoivent leurs pensions de retraites. La génération G renonce ainsi à un pouvoir d’achat par l’acquittement des cotisations retraites et accumule à son tour une créance sur la génération G-1 (celle qui poursuit encore les études et qui travaillera demain).

Supposons que LIDER instaure la capitalisation en 2018, mettant fin à la solidarité intergénérationnelle. La question pratique de transition est la suivante. Sachant que les cotisations de la génération active n’alimenteront plus la solidarité intergénérationnelle mais seront placées dans des fonds de pensions, qui contribuera à payer les retraites de la génération déjà en retraite et celle qui le sera à partir de 2018 et qui a déjà accumulé une créance sur cette génération active ?

La question est aussi valable entre les générations G et G-1. Qu’on ne me dise pas que l’État s’en chargera. Car, LIDER, bien au contraire, veut désengager l’État des retraites, de la santé et de la propriété des terres.

J’espère que LIDER qui se dit prêt à défendre partout ses idées relèvera le défi d’apporter des réponses aux questions posées et éclairer les Ivoiriens.

Donatien Robé

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