Gabon-Côte-d’Ivoire: Bongo « s’étonne qu’on ne parle pas » du présumé hacker » et critique les observateurs de l’UE

Gabon hack

Par Serge Alain Koffi

Le président fraichement réélu mais contesté du Gabon, Ali Bongo, s’est « étonné » mercredi que la presse, la communauté internationale et ses détracteurs « ne parlent pas » suffisamment du présumé hacker ivoirien Sihifowa Yeo, « pris la main dans le sac » à Libreville où il est venu « organiser la fraude » pour son rival Jean Ping.

« C’est étonnant qu’on crie à la fraude pour le résultat dans le Haut-Ogoué et on entend pas crier à la fraude alors que nous venons de présenter un personnage dont la mission ici était d’organiser cette fraude. Je suis étonné qu’on en a parle pas », a dit Ali Bongo, interrogé par Radio France Internationale (RFI).

M. Bongo a précisé que l’Ivoirien a été « pris la main dans le sac » dans une tentative de fraude en faveur de Jean Ping.

Interpellé pour « atteinte à la sécurité et à la sûreté de l’Etat » gabonais, cet Ivoirien de 35 ans, a désigné Jean Marc Zoé, présenté comme un « chargé de mission » à la Présidence de Côte d’Ivoire, comme étant celui qui l’a mandaté au Gabon pour l’élection présidentielle, dans un élément vidéo diffusée dimanche sur une chaîne de télévision.

Il a ajouté s’être rendu à Libreville pour « mettre en place un système de collecte de données relatives aux élections présidentielles pour le compte du candidat Ping », par la création d’une application androïd dénommée « Regardez les élections au Gabon (REGAB) ».

Selon le gouvernement, il s’agit d’une « application pirate (…) reconnue pour pirater l’ensemble des données personnelles de ses utilisateurs », en plus de « l’échange de données incontrôlées ».

Sihifowa Yéo a assuré qu’au moment de la proclamation officielle des résultats, son système avait recueilli les résultats issus de « moins de 1.600 bureaux de vote dépouillés » sur « 2.579 » au total.

Plusieurs « téléphones satellitaires et des émetteurs-récepteurs » semblables à ceux « utilisés par les forces gabonaises » ont été saisis lors de son interpellation, selon les autorités.

Serge Alain KOFFI
Alerte info/Connectionivoirienne

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Ali Bongo accuse son opposant d’avoir fraudé et critique les observateurs de l’UE

Le Monde.fr avec AFP

Ali Bongo mène la charge tous azimuts pour défendre sa réélection controversée à la tête du Gabon. Invité sur RTL et Europe 1 mercredi 7 septembre, le président sortant a répondu à l’ONU, à l’Union européenne et au premier ministre français, Manuel Valls, qui appellent à un recomptage des voix, qu’il n’y en aurait un qu’en cas de saisine de la Cour constitutionnelle.

« Nous avons une loi qui a été votée en 1996 et qui régit tout le processus électoral, je ne peux pas, moi, violer la loi. En ce qui concerne le recomptage, cela est prévu dans le cadre de la loi et se fait au niveau de la Cour constitutionnelle. »
Les résultats officiels publiés mercredi ont donné une très courte victoire à M. Bongo, de quelque 5 000 voix, le reconduisant pour un nouveau mandat de sept ans.

Il a accusé son opposant Jean Ping, qui revendique également la victoire, d’avoir fraudé. « Je dis que M. Ping a fraudé, a-t-il dit sur Europe 1. Nous pensons qu’il y a eu des fraudes électorales dans son fief et dans d’autres régions de son territoire. Nous sommes devant un complot qui visait à truquer une élection et prendre le pouvoir par ce biais », a-t-il déclaré, accusant son rival d’avoir « mis en place un système avec des cybercriminels pour venir frauder ».

Ali Bongo critique les observateurs européens

Ali Bongo s’est est également pris aux observateurs de l’Union européenne, affirmant que leurs critiques du scrutin étaient biaisées.

La mission d’observation de l’Union européenne a déclaré que l’analyse des résultats définitifs révélait une « évidente anomalie dans la province du Haut-Ogooué », qui a officiellement enregistré un taux de participation de 99,93 % (contre moins de 60 % dans l’ensemble du pays), avec 95,46 % de votes en faveur du président sortant.

« Si on veut relever tous les cas d’anomalies, il faut être clair, équilibré et relever toutes les anomalies si on en a constaté », a répliqué Ali Bongo, selon qui, les critiques de l’Union européenne sont trop favorables à Jean Ping : « J’aurais aussi apprécié qu’on note quelques anomalies dans le fief de M. Ping, qui a fait les 100 % dans certains bureaux. En ce qui concerne le Haut-Ogooué, je dirais tout simplement que la campagne menée par M. Ping, qui est honteuse, a mené à une participation massive », a-t-il argumenté.

M. Bongo s’en est également pris aux « comportements » de certains observateurs européens. « On pourrait dire beaucoup de choses. Je trouve que certains ont outrepassé leur mission », a-t-il dit.

Emeutes meurtrières

Jean Ping, chef de file de l’opposition, a aussitôt répliqué sur Europe 1. « Il n’y a pas de doute. [Ali Bongo] lui-même, il sait que j’ai gagné les élections. C’est lui qui a les armes, tue, pille », a-t-il asséné. « Nous faisons appel à toute la communauté internationale pour que la vérité des urnes soit connue et reconnue », a-t-il dit.

De violentes émeutes ont éclaté dans le pays, faisant six morts, selon un bilan officiel. Jean Ping estime de son côté que cinquante à cent personnes ont trouvé la mort depuis la semaine dernière, un bilan qui n’a pour l’heure pas pu être vérifié de manière indépendante. La France est sans nouvelle d’une quinzaine de ressortissants français.

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