Par Manuella Yapi
Les 100 premiers jours du troisième gouvernement du Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan ont été incontestablement marqués par l’attaque terroriste qui a coûté la vie à 19 personnes dont trois éléments des forces spéciales le 13 mars dans la cité balnéaire de Grand-Bassam, à 43 km à l’Est d’Abidjan.
Pour cette première attaque du genre, dont la Côte d’Ivoire se savait menacée depuis juin 2015 par le groupe djihadiste Ansar Dine, la « promptitude » de la réaction des membres des forces spéciales ivoiriennes, arrivées moins de 2h après les premiers tirs, a été saluée par les autorités nationales.
De la promptitude, il en a aussi été question dans le déroulement de l’enquête. Un mois après que le système sécuritaire a été renforcé, les principaux suspects ont été identifiés dont plusieurs interpellés grâce à un téléphone portable retrouvé sur les lieux. Le présumé cerveau, Kunta Dallah, est toujours en fuite par contre.
Le gouvernement a par ailleurs annoncé mercredi le décaissement de 80 milliards de Fcfa pour le « renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité » afin d' »éviter la répétition de ce qui s’est passé à Grand-Bassam », selon le porte-parole Bruno Koné.
Si la réaction du gouvernement et l’avancée jugée « rapide » de cette enquête ont agréablement surpris plus d’un Ivoirien, le constat est bien moins optimiste pour ce qui est du dossier relatif aux conflits qui ont opposé des populations de ce pays; une « équation nationale » que le troisième gouvernement de M. Duncan aura maintes fois essayé de résoudre pendant ses 100 premiers jours d’exercice.
Depuis le 12 janvier, date de formation de ce gouvernement, les affrontements et troubles de divers ordres ont secoué l’Est (Assueffry), l’Ouest (Vavoua) et même le Sud (Jacqueville) de la Côte d’Ivoire, avec comme point culminant les affrontements intercommunautaires dans la ville de Bouna, au Nord-est du pays.
Pendant plusieurs jours, du 19 au 25 mars, des problèmes entre agriculteurs et éleveurs ont dégénéré en un conflit au cours duquel les communautés autochtones Lobi et Koulango se sont affrontées dans cette région, faisant plus d’une trentaine de morts officiellement et obligeant plus de 2.000 habitants à se réfugier au Burkina Faso voisin.
Les autorités attendront le 25 mars, soit au dernier jour des affrontements, pour adresser la première communication officielle sur cet affrontement.
« Bassam est devenu un lieu de pèlerinage dès la première semaine de l’attaque mais pratiquement personne ne va à Bouna », se plaint Emile Coulibaly, un natif de cette ville, en allusion à la visite du président ivoirien Alassane Ouattara qui est annoncée pour le 30 avril.
Au 99e jour d’action du gouvernement Duncan III, mercredi, un séminaire interministériel a été annoncé à Grand-Bassam sur « l’analyse et la prévention des conflits communautaires ».
« Ce séminaire aurait pu donner un signal plus fort s’il était prévu à Bouna. Les populations se sentent abandonnées, il y a quand même eu plus de 30 morts », ajoute M. Coulibaly.
En marge des conflits et menaces sécuritaires, demeure le problème le plus préoccupant et qui touche directement les Ivoiriens depuis plusieurs années: le phénomène des « microbes », ces jeunes délinquants connus pour leurs agressions à l’arme blanche dans les rues de la capitale.
MYA
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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